Cette année, l’Agence des chemins de Compostelle, aussi appelée Agence de coopération interrégionale et réseau des Chemins de Saint-Jacques (ACI), fête ses 30 ans. En 1990, plusieurs régions du sud-ouest de la France initiaient sa création pour remettre le camino au goût du jour. L’association, basée à Toulouse, compte aujourd’hui 150 adhérents, dont plus d’une centaine de collectivités, des offices de tourisme, des associations (comme la Fédération française de la randonnée pédestre) et des hébergeurs.
Ses missions sont doubles: « Mettre en valeur et organiser les chemins, en observant les publics, les flux, détaille son directeur, Nils Brunet. Mais également protéger le patrimoine ». Car depuis 1998, le bien culturel Chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle en France est inscrit à l’Unesco. Il est constitué de 71 édifices et 7 sections de sentiers. « On a l’habitude de dire que c’est l’une des plus belles collections patrimoniales en France. »
Les pèlerins font route vers Saint-Jacques-de-Compostelle en Espagne, où serait le tombeau de l’apôtre Jacques, par cinq itinéraires. La via Podiensis, qui part du Puy-en-Velay et passe par Figeac et Cahors, concentre 20 000 marcheurs par an. Les autres attirent de 1 000 à 2 500 personnes: le chemin d’Arles, dite via Tolosa car elle traverse la ville rose, le chemin des Piémonts pyrénéens (par Carcassonne et Lourdes). Et, plus au Nord, le chemin du Vézelay, ainsi que celui de Paris et de Tours. Sans oublier les itinéraires de liaison.
Ce déséquilibre de fréquentation entraînant une diversité d’équipements en points d’eau, commerces et hébergements, l’Acir a développé une charte d’accueil. Déployée l’an dernier en Gironde, Aveyron et dans l’Hérault, elle gagne cette année le Lot et les Hautes-Pyrénées. Un impératif car les chemins représentent un revenu important pour les territoires. Selon une étude menée par l’Agence départementale du tourisme lotoise, 70 % des randonneurs dépensent plus de 36€ par jour.
En tout, plus de 61 000 cheminants sont arrivés à Saint-Jean-Pied de Port en 2019, contre 58 000 en 2018. A Compostelle, le bureau d’accueil des pèlerins en a enregistrés 327 378 en 2018. Ils seraient près de 340 000 l’an dernier. 20 % sont dans une démarche de foi, 34 % dans une recherche de sens, 26 % sont des randonneurs touristiques et 20 % des randonneurs sportifs. « On observe une plus grande diversité des publics, analyse Nils brunet. Ce qui a été une démarche spirituelle, religieuse, trouve aujourd’hui un écho plus large. On rejoint les préoccupations de lenteur, de reconnexion, de bien-être, de santé. Tout en gardant un certain esprit, une profondeur historique et spirituelle ».