La simple évocation du Caucase fait surgir des images à la fois confuses et stéréotypées: une chaîne impressionnante de montagnes, des populations rebelles et des dictateurs implacables, des traditions orthodoxes et un riche patrimoine ottoman, le tout chahuté par d’incessantes querelles et sécessions de micro-territoires. L’ancien Caucase sous domination soviétique s’étend aujourd’hui sur trois États indépendants, qui constituent autant d’étapes pour un périple complet dans la région: la Géorgie, l’Arménie et l’Azerbaïdjan.
La plupart des programmes proposées aujourd’hui par les T-O combinent ces trois destinations. Elles offrent l’avantage de varier les paysages et les ambiances, des sommets frontaliers de la Russie ou de la Turquie, aux stations balnéaires de la Mer noire ou de la Mer caspienne, en passant par des capitales en pleine transformation.
La région du Caucase a fait souvent parler d’elle en raison des conflits internes dans le Haut Karabagh, en Ossetie, en Abkhazie, sans parler du génocide arménien non encore digéré… son avenir touristique pourrait sembler compromis, mais c’est sans compter sur l’appétit pour de nouvelles destinations d’un Orient proche et encore mystérieux par bien des côtés. Le mouvement qui pousse de plus en plus à arpenter les Routes de la Soie stimule aussi l’envie de traverser les États relativement peu explorés du Caucase à commencer par la Géorgie.
Jetons donc un regard curieux sur l’ancienne Colchide et Ibérie, ce territoire longtemps partagé entre deux cultures, grecque d’un côté et orientale de l’autre. Montagneuse, la Géorgie est occupée en grande partie par la chaîne du Grand Caucase, par opposition au Petit Caucase, qui occupe la partie Sud du pays. Les 3e et 4e plus hauts sommets du Caucase, le mont Chkhara (5 058 m) et le Kazbek (5 047 m), se trouvent en Géorgie.
Tout commence naturellement à Tbilissi, la capitale géorgienne occupe un site stratégique encaissé sur les rives de la rivière Koura. Son nom, qui peut se traduire par tiède ou chaud en géorgien, tire son origine des sources thermales qui coulent en plein centre-ville, alimentant des thermes toujours très fréquentés depuis des siècles. Elle aurait été fondée dès le Vème siècle par le roi Vakhtang Gorgassali, désireux de profiter des sources, et dont la statue équestre domine la ville sur la falaise, à deux pas de l’église de Metekhi du XIIIe. C’est le point culminant d’une vieille ville dont les ruelles serpentent au pied de la coline, avec ses maisons à pans de bois, ses petites églises orthodoxes et ses nombreux bars et restaurants.
L’une des rues de la vieille ville débouche tout à coup sur le Pont de la Paix, une passerelle futuriste qui enjambe la rivière Koura depuis 2010 et qui a suscité au moins autant de polémiques que la construction de Centre Pompidou ou l’opéra Bastille à Paris. La nouvelle perspective qu’elle offre depuis la rivière avec la forteresse en arrière-plan dérange les défenseurs d’une architecture plus traditionnelle.
Vestige de son caractère stratégique, la forteresse Narikala, construite peu de temps avant même la fondation de la ville, domine le fleuve au sommet de sa colline. Son nom persan signifie « forteresse Imprenable ». Aujourd’hui elle est accessible par un téléphérique et offre l’une des plus belles vues sur le vieux Tbilissi. Dans les quartiers plus récents, l’avenue Roustavéli aligne tous les bâtiments officiels du pouvoir, commerces modernes, édifices publics et religieux.
Le tour de ville est assez rapide, mais il ne doit pas empêcher de flâner au hasard des places ou des parcs, de se laisser capter à la sortie d’une cérémonie religieuse par les chants orthodoxes qui emplissent l’église et bien au-delà. Rien n’est vraiment urgent que de prendre son temps.
Pour avoir une idée plus complète de ce que le pays peut offrir, en route pour la frontière nord, celle des sommets du Haut Caucase, des stations de montagne qui se multiplient comme des petits pains, comme Kazbegi, considéré comme l’un des resorts les plus populaires du pays. Au tiers du chemin, sur la « route militaire » qui conduit à la station, la forteresse d’Ananuri, datant du XIIIe siècle constitue une étape incontournable. Classé au patrimoine mondial de l’Unesco depuis 2007, ce complexe architectural datant des XVIe et XVIIe siècles fut tour à tour un lieu de culte avec son église, un lieu de rassemblement national, et une place forte militaire. Il domine l’une des branches du lac Zhinvali, immense réservoir d’eau douce qui alimente la capitale.
Quelques heures plus tard, c’est l’arrivée à Kazbegi et ses paysages grandioses. Il faudrait l’appeler désormais Stepantsminda, car c’est le nouveau nom de la ville, mais personne ne l’a jamais vraiment adopté. Kazbegi est le point de départ de nombreuses randonnées possibles dans les montagnes environnantes, à commencer par la montée à pied – c’est recommandé – vers l’église de la Sainte Trinité (Tsminda Sameba). Une église/ermitage perchée sur une montagne avec comme décor, l’un des plus beaux panoramas de Géorgie! En arrière-plan, le Mont Kazbeg se laisse deviner souvent dans la brume, à moins qu’il décide tout d’un coup de se laisser admirer en plein soleil. Profitez-en, l’événement est rare!
La descente de la montagne vers la prochaine étape se fait par des routes sinueuses, en passant justement par le « Panorama Point » juste après la station de ski de Gudauri. On y trouve une immense fresque en plein-air dédiée à l’amitié entre la Géorgie et la Russie.
Avant de revenir vers la capitale actuelle, un arrêt s’impose à la petite ville de Mtskheta, l’ancienne capitale de la Géorgie est située au confluent de deux rivières: Mtkhvari et Aragvi. Sa vieille ville typique est désormais exploitée comme une attraction touristique façon village Disney, mais c’est sans doute le prix à payer pour entretenir les murs d’enceintes et les édifices religieux.
Berceau du christianisme en Géorgie, la ville est dominée par le monastère de Djvari (VIe siècle). Son emplacement qui date du IVe siècle, est célèbre pour être l’endroit où la missionnaire Sainte Nino a érigé la croix (“jvari” en géorgien) pour marquer l’arrivée du Christianisme. Deux siècles après, le prince Stepanoz a construit cette église sur le même endroit.
Au cœur de la ville, la cathédrale de Svétitskhovéli, classée par l’Unesco, a été pendant des siècles le centre religieux de la Géorgie chrétienne. Il faut se souvenir que le pays a été l’un des tout premiers au monde a adopté cette religion. Une ferveur religieuse populaire anime encore les Géorgiens qui n’imagineraient célébrer ailleurs leur mariage. Chaque week-end, les cérémonies de mariage se succèdent à un rythme qui n’a rien à envier au stakhanovisme de Las Vegas. A cette différence que le cérémonial est plus spectaculaire, coloré et bercé des envolées de chants orthodoxes.
C’est sans doute l’un des personnages historiques les plus détestés de l’ancien empire soviétique. Sous sa poigne de fer, Joseph Vissarionovitch Djougachvili, dit Joseph Staline, est responsable de millions, voire de dizaines de millions de morts. Staline est né à Gori en 1878, à 3 heures de route à l’ouest de Tbilissi. Partagé entre la fierté d’avoir vu naître un tel personnage et l’embarras de son bilan humain, la ville de Gori lui a quand même érigé un étonnant musée, dans un véritable palais du peuple au milieu d’un vaste jardin. Sa maison natale, préservée précieusement, n’est qu’à deux pas du musée, tout comme son train blindé qui servait à ses déplacements.
Le musée est une succession de pièces relatant sa jeunesse, ses combats, ses réalisations, passant quelque peu sous silence ses exactions pour ne garder en mémoire que la transformation de l’Union soviétique en puissance industrielle de premier plan. L’enfant du pays reste un héros populaire pour les Géorgiens, qui n’en ont pas eu beaucoup.
A quelques kilomètres de Gori, le site d’Uplistsikhé offre une plongée dans un passé beaucoup plus lointain. Cité troglodyte, sur les berges de la rivière Mtkvari, la ville dont le nom signifie « forteresse du Seigneur » est classée au patrimoine mondial comme l’un des plus anciens établissements humains du Caucase. Les premiers vestiges remontent au 1er millénaire avant Jésus-Christ. Étape de la route des caravanes de la soie, elle a connu son apogée jusqu’à la conversion du pays au christianisme au IVe siècle. De ce passé millénaire, qui abritait jusqu’à 700 grottes à flanc de falaise, il n’en subsiste qu’environ 150, dont un ancien théâtre au plafond octogonal, dite la « salle de la reine Tamar », probablement son palais royal, et l’église d’Ouplistouli.
Un autre site troglodyte fait aussi partie des attraits majeurs du pays. Il faut pousser encore plus loin au sud du pays pour atteindre Vardzia. C’est une véritable forteresse du XIIe siècle adossée à la montagne Erusheti, à la fois ensemble monastique creusé dans la roche et protection fortifiée contre les attaques mongoles venues du Sud. Les grottes et cavités sont étagées sur une vingtaine de niveaux dans un paysage minéral étonnant.
Vardzia est située dans la vallée d’Erusheti, dont l’entrée est protégée par la forteresse de Khertvisi, qui mérite aussi un détour. Elle est située au sommet d’une haute falaise rocheuse, à l’entrée d’un étroit canyon, au confluent de la Mitkvari et des rivières Paravani.
Avant de retourner à Tbilissi par la route du sud, à proximité de Vardzia, la ville d’Akhaltsikhé, capitale régionale de Samtskhé-Djavakhétie, témoigne du mélange de culture chrétienne, juive et orientale. La ville, fondée il y a au moins 800 ans, a été un important centre régional pour les Ottomans à partir du XVIe siècle jusqu’à la guerre russo-turque. La ville sert de base pour explorer les environs. Outre la forteresse de Khertvisi, le monastère de Sapara mérite en soi le détour. Il date du Xe siècle, mais l’église principale, Saint-Sabas, a été construite au courant du XIIIe siècle. Si les Ottomans l’ont protégé des dégradations, on ne peut pas en dire autant de l’ère soviétique qui s’était mis en tête d’éradiquer les établissements orthodoxes géorgiens.
La Géorgie s’ouvre progressivement. La motivation des visiteurs reste essentiellement culturelle et historique. Les stations balnéaires de la mer Noire n’ont pas encore atteint un degré suffisant de notoriété et d’attractivité pour inciter à des séjours plus détendus.
> 69 700 km2
> 4 millions d’habitants, dont 1,1 million dans la capitale Tbilissi
> 6 langues usuelles: géorgien, russe, abkhaz, arménien et ossète
> 4,8 millions de visiteurs étrangers, principalement Russes, mais aussi 20 000 Français
> 2 compagnies en vol direct: Air France en saison estivale et Georgian Airways
> 4 h 30 de vol direct depuis Roissy CDG
> 3 h 00 de décalage horaire
Salaün Holidays, via son TO spécialisé Pouchkine Tours, est le premier opérateur sur la Russie et ses anciens satellites de l’Est, avec plus de 215 000 pax annuellement. La destination Géorgie est au programme depuis six ans déjà et commence à décoller. Le pays est proposé seul dans un circuit qui reprend les essentiels en 8 jours, en deux versions standard ou supérieur, avec plusieurs occasions de rencontre avec la population. Plusieurs sites Unesco sont au programme comme Uplistsikhé, ancienne ville troglodytique surnommée « La cité de dieu » avec son ancien théâtre antique, les caves à vins, l’ancienne pharmacie … ou encore l’étonnante ville troglodytique de Vardzia du XIIe siècle, qui à l’origine comptait 3 000 grottes à flanc de falaises.
https://gnta.ge/ https://georgia.travel/
Passeport en cours de validité 6 mois minimum
→ Hôtel Ambassadori à Tbilissi (121 chambres en 4*) ouvert en 2004 et agrandi en 2013 sur les bords de la rivière Mtkvari en plein centre-ville. Vue sur la vieille ville et à proximité des principales attractions. L’hôtel est une destination en soi avec spa et casino.
www.ambassadori.com/tbilisi/hotel
→ Restaurant The Chamber of Wine à Mtskheta. C’est à la fois un restaurant avec une salle panoramique au dernier étage, qui ouvre sur la perspective de cette ancienne capitale, et un magasin spécialisé dans les vins géorgiens. La cave est particulièrement riche et se prête aussi à un arrêt dégustation avec un groupe.