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Zagreb, un « avent » et un après pour la capitale croate

Destination étranger | publié le : 01.06.2019 | Dernière Mise à jour : 07.06.2019

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  • Valérie Appert

À la frontière entre l’Europe centrale et l’Europe du sud-est, Zagreb la Croate a longtemps été oubliée par les touristes, happés par la côte dalmate. Pourtant, la ville aux multiples musées et aux milliers de cafés a tous les ingrédients nécessaires à l’organisation d’un city break. Une vraie douceur de vivre, des sites insolites, un fond de romantisme… Et un don certain pour célébrer le temps de l’Avent. À découvrir en décembre, pour ses festivités et son marché de Noël, « le plus beau d’Europe », selon certains.

Séjourner à Zagreb, c’est renoncer aux cabotages le long de la côte dalmate. La Croatie, dont le centre de gravité pèse au sud, a bien une capitale, au nord, une ville traversée de multiples influences, où l’on sent comme une réminiscence de Ljubljana la Slovène, un parfum de Prague et un (tout) petit quelque chose de Vienne. Sa photogénie naturelle, caractéristique de l’architecture d’Europe centrale, lui a valu de servir de décor à des films censés se dérouler à Berlin, en Suisse ou en Pologne. Alan Pakula y a ainsi tourné Le choix de Sophie et Volker Schlöndorff Le Tambour.

Au début du XIXe siècle, Zagreb ne comptait que quelques milliers d’habitants mais le tremblement de terre de 1880 lui a permis d’engager une véritable mutation urbanistique, sous la houlette d’Hermann Bollé, le baron Haussmann local. En un demi-siècle, cet architecte viennois a fait construire les bâtiments les plus prestigieux de la ville. Tombée dans l’escarcelle de la première Yougoslavie (le royaume des Slaves du sud), la Croatie a fait partie pendant cinquante ans de la Yougoslavie de Tito. Zagreb en est devenue la capitale quand le pays a récupéré son indépendance en 1991. Elle comprend aujourd’hui 800 000 habitants intra-muros, ce qui en fait une capitale à taille humaine où tout s’arpente à pied, même si elle est très bien desservie par un réseau dense de bus et de tramways.

Deux villes hautes et jumelles

« On programme encore assez peu Zagreb », nous confient quelques tour-opérateurs. « Si nous sommes convaincus par la qualité et l’intérêt de la ville, nous explique-t-on chez Amslav, Zagreb ne figure pas pour autant dans notre brochure comme Split ou Dubrovnik, mais nous pouvons la programmer à la carte. Notamment pendant la période de Noël. Nous avons fait partir des groupes sur les marchés de Noël cette année. »

Incontestablement, le temps de l’Avent va bien au teint de cette ville romantique qui chaque jour annonce midi par… un coup de canon, et fait encore appel à des allumeurs de réverbères, à pied d’œuvre deux fois par jour auprès de plus de 200 becs de gaz. Dans ce pays profondément catholique, l’Avent fait surgir pendant le mois de décembre, sur chaque place, à chaque coin de rue, une floraison de kiosques, de décorations et d’événements. Comme sur la place Ban-Jelačić, du nom du héros croate du XIXe siècle qui a aboli le servage. C’est ici, dans l’ombre de son épée pointée vers le sud, qu’ont lieu les plus grandes manifestations du pays.

De là, on s’élance vers la Ville-Haute (Gornji Grad) ou plutôt vers les deux quartiers jumeaux qui constituent le centre historique de Zagreb. À l’ouest Gradec, à l’est Kaptol, cousus par la longue rue Tkalčićeva, serpentine et piétonne, qui regorge de restaurants et de petites boutiques. Kaptol s’est construit autour de la cathédrale qu’Hermann Bollé a rénovée dans un style néo-gothique. À l’époque baroque, monastères, églises et palais luxueux ont remplacé les maisons en bois. En contrebas, c’est Dolac, ce marché quotidien digne d’une carte postale qui s’abrite, tel un parterre de fleurs épanouies, sous de grands parasols rouges à liséré jaune. Gradec est un rien plus patrimonial que Kaptol, tout est sauvegardé, on y vit peu. Le quartier s’organise autour d’une curiosité: l’église Saint-Marc. Un recul approprié permettra d’apprécier le décor de son superbe toit polychrome en tuiles vernissées qui reproduit à gauche le blason de la Croatie, à droite les armoiries de Zagreb.

Un concentré de musées

Au fil de ses ruelles pavées, Gradec concentre un nombre considérable de musées. Étapes bienvenues au musée de la Ville de Zagreb, situé dans un ancien couvent de Clarisses aux fenêtres en trompe-l’œil, ou dans l’atelier-maison d’Ivan Meštrović encore occupé de ses meubles, lithographies et sculptures. Le plus grand sculpteur croate, particulièrement prolifique, fut aussi l’architecte d’un bâtiment remarquable, tout en rondeur et colonnes sobres, plus loin dans le Ville-Basse, le Foyer des plasticiens croates. À voir, pour le contenant et ses expos.

Le musée des Arts naïfs, lui, fut le premier du genre dans le monde! Petit, mais vibrant, habité par ces artistes autodidactes, dont Ivan Generalić, qui ont traité de sujets sociaux dans une veine aussi aboutie que libre et poétique.

L’Avent est l’époque idéale pour se plonger dans la contemplation de paysages enneigés, peints par des artistes paysans qui ont su retranscrire la rudesse de la vie aux champs. Et que dire du musée des Cœurs brisés? Ici, la valeur des objets exposés est purement sentimentale: une poupée de chiffon, un nain de jardin, une paire de boots…! Exception locale, ce musée s’est taillé une réputation mondiale avec un concept tout simple: inviter les amoureux transis du monde entier à expédier un objet témoin de leur relation d’amour rompue. Un Allemand a ainsi déposé un miroir où son épouse se contemplait longuement… avant de rejoindre son amant. Ce pull aux manches trop longues? Tricoté au fil des années pour un fiancé qui redoutait de s’engager. Quant à cette prothèse de jambe, elle témoigne d’une courte romance entre un Croate blessé en 1992 et une assistance sociale du ministère de la Défense. Ce musée plein de tendresse est situé depuis 2010 dans l’ancien palais baroque de la famille Kulmer.

Palais et verdure dans le fer à cheval

 

Depuis la promenade StrossMartre (petit clin d’œil à la butte parisienne, son charme champêtre et sa situation en hauteur), prenez le court funiculaire bleu. « Plus petit moyen de transport public du monde » avec ses 66 mètres de dénivelé parcourus en 64 secondes, il vous réoriente vers la Ville-Basse (Donji Grad). Avec une première étape dans l’un de ces multiples cafés qui font la fierté de la ville (4 500 cafés et restaurants, soit 1 pour 175 habitants!). On conseille deux adresses inattendues, le 10, rue Tesla avec ses alcôves minuscules reconstituant l’ambiance de l’Orient-Express et les fauteuils ultra-vintage du Kino Europa (davantage yougo).

La Ville-Basse de Zagreb, aérée et patricienne, portée par ses larges avenues, fut conçue au XIXe siècle par l’ingénieur croate Milan Lenuci. Ici s’exprime la quintessence de la planification urbanistique de Zagreb. Dans ce périmètre en forme de grand U se succèdent palais, pavillons, ministères, ambassades, aux façades historicistes ou Sécession. Et des parcs, aussi verdoyants l’été que festonnés de guirlandes en ce mois de décembre. C’est le Fer à cheval vert! L’avenue Strossmeyer, la branche la plus à l’est du U, porte l’Académie croate des arts et des sciences et le pavillon des arts (une structure métallique importée de Budapest en pièces détachées après l’exposition de 1896). À l’ouest du U, le Théâtre national, le Musée ethnographique, le musée de l’Archéologie et celui des Arts et Métiers, doté d’une superbe collection d’objets d’art, excusez du peu. Tout au bout, à proximité du parc zoologique, se dressent la gare et l’hôtel Esplanade, un bijou construit en 1925 dans une débauche Art déco de boiseries, de lustres et de miroirs, pour héberger les passagers de l’Orient-Express. On peut toujours y déguster l’Orient-Express Afternoon Tea, sa farandole de sandwiches et sa sélection de quinze thés.

Au-delà de la Sava

Il faut ensuite prendre son courage à deux mains et un tramway en partance pour Novi Zagreb, autant dire nulle part, de l’autre côté de la rivière Sava. À dix minutes du centre historique, cette banlieue toute en barres d’habitation a été construite dès les années 1950 pour héberger les masses laborieuses. Les touristes s’y aventurent peu. Ils ont tort! Non seulement, le quartier de Sopot offre un exemple instructif d’architecture de l’époque de Tito, mais il héberge de plus le MSU, un remarquable musée d’Art contemporain. La conservatrice, touchée de notre visite loin des sentiers battus, nous accueille avec les honneurs dus au preux chevalier qui aurait bravé la forêt ensorcelée et nous présente ses trésors: 600 œuvres d’artistes croates des années 1950 à nos jours, exposées dans un bâtiment moderne tout en verre. La partie centrale accueille une terrasse, animée aux beaux jours par des concerts et des performances. Dans les collections permanentes, des pièces de Marina Ibrahimovic, d’Andrija Maurivic, auteur de BD, et de Saja Nekovic, seule artiste croate exposée au MOMA. Pas de cafétéria, les fonds sont en berne, mais le musée peut octroyer aux groupes des espaces pour organiser un repas et proposer des visites VIP. Si le temps s’y prête, rejoindre impérativement le gigantesque toboggan de Carsten Höller qui permet aux visiteurs de passer du deuxième étage au premier en une longue glissade.

Zagreb Pratique…

Vols directs Paris-Zagreb deux fois par jour. Croatia Airlines et Air France desservent la capitale croate en code share. Office national croate: info@croatie-tourisme.fr et www.croatia.hr Tél. 01 45 00 99 55 www.adventzagreb.hr

En “Avent” les festivités!

En 2018, pour la troisième année consécutive, le marché de Noël de Zagreb a été désigné par les internautes sondés par l’organisme European Best Destinations comme le plus beau d’Europe, en concurrence avec vingt autres villes. Une vraie bénédiction pour Zagreb qui entre dès la fin de novembre dans une intense période de festivités occupant la Ville-Haute comme la Ville-Basse. Pas un coin de rue qui ne se mette au diapason des célébrations, à grand renfort de décorations ou de lumières. Même les tunnels construits pendant la Seconde Guerre mondiale, rouverts depuis 2016, prennent des allures de château de conte de fées avec leurs décors en dentelle de papier. Reconstitutions de boutiques à l’ancienne rue Tkalciceva, stands d’artisanat sur les places Ban-Jelačić ou de l’Europe, crèche vivante et chorales devant la cathédrale, festival de produits gastronomiques sur la Strossmeyer (des hamburgers signés par des top chefs jusqu’au gratin de pommes de terre aux truffes servi dans sa barquette en carton et, bien sûr, patinoire et concerts live sur la place du Roi Tomislav. Dans les institutions culturelles, la programmation est tout aussi riche et se renouvelle chaque année.

Deux musées inédits à ne pas rater

Installés dans d’anciens appartements, résolument interactifs, ce ne sont pas de grands musées mais leur concept est inédit. Prévoir de les visiter en petits groupes, ils ne sont situés qu’à quelques centaines de mètres l’un de l’autre.

→ Le musée des Illusions. Voir sa propre tête servie sur un plateau, rétrécir ses petits camarades ou les observer marcher au plafond font partie des réjouissances de ce musée tapissé de miroirs jusqu’au vertige. Dans une succession d’alcôves, le visiteur expérimente toutes les illusions d’optique possibles (hollow face, magic box, stéréogramme, hologramme…) que des cartels (en anglais!) expliquent avec pédagogie.

→ Le musée des Années 1980. Bienvenue dans l’appartement plus vrai que nature d’une famille de Zagreb, figé dans son jus ex-yougoslave. Il s’agit en fait d’une pure reconstitution avec force couleurs pop, objets vintage et kitsch à gogo. Ici, le visiteur est invité à toucher, essayer, feuilleter: le gros téléphone vert à cadran de la fameuse marque yougoslave Iskra ETA, les albums photos, la vaisselle de la cuisine, toute plaquée de formica orange. Le bureau est un petit sanctuaire dédié aux Universiades d’été de Zagreb et la chambre de l’adolescent un repaire de jeux électroniques antédiluviens, mis à la disposition des amateurs de Pac-Man et consorts.

Questions à…

Martina Bienenfeld, directrice de l’Office de tourisme de Zagreb

Quels sont les atouts majeurs de la destination Zagreb?

La capitale croate associe l’urbanisme de l’Europe centrale avec un mode de vie méditerranéen. C’est une métropole qui offre une grande variété d’attractions, une architecture intéressante, un nombre incroyable d’espaces verts, de nombreux musées, des restaurants et un large éventail d’hébergements. En 2020, Zagreb sera en quelque sorte la capitale de l’Europe, puisque la Croatie présidera l’Union européenne pendant les six premiers mois.

Les touristes français ont-ils des attentes spécifiques?

Ils figurent parmi les 15 nationalités les plus nombreuses avec environ 30 000 arrivées et 60 000 nuitées par an (une progression annuelle de 6 % en moyenne). Ils apprécient en particulier le centre-ville et le centre historique, ainsi que les excursions d’une journée dans les environs de Zagreb ou sur la côte croate. L’accessibilité de Zagreb par les liaisons aériennes et sa proximité avec les pays voisins sont deux atouts supplémentaires pour les agences touristiques françaises.

Zagreb devient-elle la destination Noël par excellence?

Elle est la seule ville d’Europe à avoir été élue meilleure destination de Noël pour la troisième année d’affilée. L’Avent à Zagreb a stimulé ses activités économiques, culturelles et de divertissement. Ces quatre dernières années, nous avons fait évoluer l’événement en ouvrant aux visiteurs de plus en plus d’espaces publics, en coopérant avec des institutions culturelles, en organisant des concerts de musique classique dans les églises, des expositions temporaires dans les musées et galeries. Nous sommes particulièrement heureux de notre partenariat avec le bureau du Président de la République de Croatie: en 2018, le public a pu s’y familiariser avec les coutumes de Noël de la région de Zagorie.

Chiffres clés

Touristes français en 2018 (de janvier en octobre) à Zagreb: 27 466, pour 53 042 nuitées. En 2017, 28 106 visiteurs français pour 55 032 nuitées;

Pour la période de l’Avent, tous touristes confondus: 94 573 arrivées et 169 095 nuitées en décembre 2016 contre 70 551 et 123 734 en 2015;

Dépense moyenne par personne, hébergement compris: 120 € par jour.

Testés pour vous

→ Le Palace Hôtel 4 étoiles. Construit en 1907, il est agréablement situé dans le Fer à cheval vert, en bordure du parc Zrinjevac, à 10 minutes à pied de la Ville-Haute. Sa façade moderniste et ses 116 chambres rénovées dans un style rétro chic en font un port d’attache cossu, idéal pour les groupes qui apprécieront aussi ses salles de conférences et son charmant café Art nouveau.

→ Le Canopy Hôtel. Un vrai coup de cœur pour l’identité visuelle de cet établissement récent, situé dans ce qui fut la première manufacture de chocolat de l’Europe du sud-est! Les anciennes usines du quartier ont inspiré la déco très industrielle du lobby, du restaurant et des 151 chambres. Le café-bar, lui, rend hommage avec ses instruments scientifiques et modèles réduits à deux inventeurs croates de la fin du XIXe (dont Nicolas Tesla). Sans compter deux salles de réunion. Trois arrêts de tramway à peine pour rejoindre le centre.

→ Apetit City Bar. C’est le restaurant de Zagreb qui monte, à repérer au fond d’un passage qui ne paie pas de mine, à deux pas de la rue principale. Cadre chaleureux et plats orientés vers la cuisine d’Europe centrale et de la Méditerranée.

→ Vinodol. Sous ses voûtes en pierre apparente, un immense restaurant haut de gamme où l’on aménage de grandes tablées pour les groupes: jusqu’à 180 couverts à l’intérieur et 100 dans le patio-terrasse. Tout y est croate et raffiné, les produits (charcuterie, fromages, vins…) comme les plats traditionnels.

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