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« Seb evasion » quand le travail rime avec passion

Entreprise | publié le : 01.12.2018 | Dernière Mise à jour : 06.12.2018

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  • Bruno Courtin

Parcours original que celui de Sébastien Brémaud, passionné de voyages depuis sa tendre enfance et de conduite de poids lourd du fait de l’entreprise familiale. La conjonction des deux a fini par se retrouver dans la création de l’agence Seb Evasion

Elle fait son petit bonhomme de chemin, aux confins de Loudun et de la Vallée de la Loire.

C’est en 1987, dans la Vienne, que Jean-Pierre Brémaud crée sa SARL de négoce de fourrage et céréales, des marchandises qu’il faut transporter en camions et semi-remorques chez les clients éleveurs du département et bien plus loin encore, jusqu’en Bretagne ou dans le Massif Central. Dès 16 ans, le jeune Sébastien donne un coup de main à son père pendant les vacances et se décide à passer tous ses permis à 18 ans pour monter au volant de ces géants des routes dès qu’il en a l’occasion. À moins de 21 ans, il a déjà 30 000 km de conduite accompagnée dans les bras.

Mais quand il faut entrer dans la vie active, pas question de travailler dans l’entreprise familiale. Il passe son BTS Transport qui lui ouvre toutes sortes de voies possibles: « À l’époque, le diplôme permettait de travailler dans n’importe quelle entreprise, aussi bien transport de marchandises que transport de voyageurs. » Désormais, il y a des spécialités. Sébastien veut conduire autre chose que des camions et des semi-remorques. « Je me suis fait engager chez Demellier Tourisme, près de Poitiers, comme chauffeur grand tourisme et j’ai appris le métier pendant cinq ans. » Il se souvient encore de ses deux premiers voyages, en formation avec un chauffeur vétéran, une semaine au Tyrol, suivie immédiatement par une autre semaine en Andalousie. « À peine de retour au garage, on a nettoyé les véhicules, changer de costumes et on était prêt à repartir. J’ai su que j’étais fait pour ce métier. Je n’ai jamais regretté de ne pas devenir pompier, comme rêvent les adolescents. »

Quand la galère ressert

À force de sillonner les routes de France et d’Europe, il apprend à la fois les ficelles du métier et prend conscience de l’importance du chauffeur pour le succès d’un voyage, surtout quand des incidents surviennent à l’improviste. « J’ai encore le souvenir d’un déplacement à Lyon qui ne s’est pas passé du tout comme prévu », raconte le jeune chef d’entreprise. « Les prestataires n’étaient pas à la hauteur et il a fallu en permanence rectifier le tir et trouver des options avec le responsable du groupe. Au final, tout le monde garde un très bon souvenir de ce voyage, qui était parti pour être une vraie galère et qui s’est transformé en aventure humaine et joyeuse. Le responsable du groupe de l’époque est l’un de mes bons clients aujourd’hui, preuve qu’un chauffeur fait la différence quand il sait faire jouer son carnet d’adresses et s’implique totalement pour rendre service. »

Au bout de cinq ans, la différence générationnelle se fait sentir. Sébastien Brémaud se sent un peu à l’étroit dans l’entreprise qui l’a formé mais qui a du mal à évoluer. « Nous nous sommes séparés en très bons termes car Monsieur Demellier a compris que je voulais vivre ma propre aventure. » Elle sera familiale avec une association avec son père Jean-Pierre, qui veut bien faire confiance à l’énergie du fils. Avec son soutien, dès juillet 2013, il peut créer une nouvelle activité dans la SARL Brémaud, dont il devient co-actionnaire, et acheter le premier autocar Volvo « un 9500 flambant neuf, doublé d’un mulet moins fringant, mais j’ai appris avec l’expérience qu’il ne fallait jamais commencer une activité avec un seul véhicule sans alternative possible en cas de panne ».

Les premières années, la SARL Brémaud n’est que « transporteur », louant ses services à des organisateurs de groupes sans pouvoir mettre en œuvre les idées que le jeune Sébastien rêve d’appliquer à l’activité de voyages. Il ronge son frein et continue d’apprendre en parcourant la France au volant de ses autocars. En 2015, le Volvo 9500 est vendu pour le remplacer par deux Volvo 9900 d’occasion et les voyages à la demande se poursuivent jusqu’à cette année 2016 où, à force de travail et de formalités bien remplies, il peut passer au vrai projet entrepreneurial. En décembre, c’est enfin la création d’une agence de voyages avec toutes les habilitations et garanties nécessaires, accordées par l’APST. Seb Evasion est née et s’installe dans ses propres bureaux à Loudun.

Se faire un prénom

Pourquoi Seb Evasion et pas Brémaud Voyages? « J’ai constaté que la plupart des entreprises du secteur dans la région sont baptisées du nom du fondateur. J’ai voulu faire une sorte de rupture, arrêter le nom de famille pour prendre le prénom. Seb, c’est comme cela qu’on m’appelle depuis que je suis gamin. Et puis, SEB, c’est bien », dit-il dans un grand éclat de rire par référence au célèbre slogan d’une grande marque d’électroménager. Le voilà à la tête de son entreprise, avec un père présent en soutien mais déjà bien occupé avec ses activités de transporteur. Il faut passer du stade d’employé même modèle et expérimenté à celui de manager avisé et organisé.

« Autant j’avais accumulé l’expérience du terrain, comme chauffeur et accompagnateur de groupes, autant je ne connaissais pas bien la mécanique de la production de voyages », reconnaît le jeune patron de Seb Evasion. Qu’à cela ne tienne, il engage Véronique, experte depuis plus de 20 ans de la logistique touristique. À eux deux, ils se mettent à combiner la conception de circuits et de programmes à la journée, mêlant technicité et connaissance du parcours clients. Les deux Volvo 9900 sont revendus en avril 2018 pour élargir la flotte avec l’arrivée de quatre véhicules neufs, un nouveau mulet au cas où, et quatre navettes de neuf places, car une activité de liaison régulière avec l’aéroport a bien démarré.

Aujourd’hui, il faut faire tourner la jeune entreprise qui alterne les programmes à la journée vers les châteaux de la Loire ou le Puy du Fou, et les voyages plus lointains comme ce premier déplacement en groupes avec 32 personnes au Vietnam. « De mon expérience de chauffeur, j’ai appris que la relation humaine était fondamentale dans le succès des voyages. Je le répète en permanence aux quatre chauffeurs qui travaillent pour Seb Evasion: ils sont à la fois les ambassadeurs et les premiers commerciaux de l’entreprise. »

La venue d’un jeune confrère sur un secteur où les autocaristes chevronnés sont déjà bien en place a-t-elle été bien accueillie? « Tant que je n’avais que deux véhicules, mes confrères me regardaient plutôt avec sympathie et bienveillance. C’est moins vrai depuis que j’ai quatre autocars, des navettes et des chauffeurs qui ont gagné une bonne réputation. Il faut sans doute que j’adapte ma stratégie commerciale pour faire face à cette confrontation. Dès le départ, nous avons opté pour des formules tout compris, qui laissent peu de surprise sur place aux organisateurs, mais qui semblent plus élevées au moment de choisir un prestataire. Nous sommes en train de travailler sur la brochure qui va sortir en novembre 2019 et j’y mettrai davantage d’options pour ne pas charger le tarif initial », explique un Sébastien Brémaud, plus combatif que jamais.

Développer les voyages à thème

Mais plus qu’une bataille sur les prix, Seb Evasion veut gagner celle de la qualité. « Dans un rayon de 300 km, je ne connais pas de véhicules aussi bien équipés que les miens. J’insiste énormément sur la qualité du service, la disponibilité pour tous les participants et l’écoute permanente du responsable. Le voyage se fait ensemble et on doit être capable de l’adapter quand c’est le souhait du responsable. » Dans sa stratégie commerciale, il veut aussi privilégier le local. « Il y a énormément de choses à voir et à faire dans un rayon de 100 à 150 km autour de nous. C’est l’occasion de multiplier les sorties à la journée pour aller vers des lieux insolites que même les habitants de la région ne connaissent pas bien. » Il gardera jalousement ses adresses secrètes, même s’il veut bien révéler sa passion pour un restaurant troglodytique proche de Saumur.

L’autre axe de développement porte sur les voyages à thème: « Nous sommes issus du milieu agricole et je pense qu’on peut apporter de l’originalité en développant une série de propositions sur ce thème: céréales, viticulture, élevage… à destination des professionnels qui veulent mélanger la découverte touristique avec des visites professionnelles. »

Sébastien Brémaud a aussi lancé sur son site des « Journées à compléter », une forme astucieuse de GIR. « Dès que nous avons un mini-groupe d’une dizaine ou d’une quinzaine de participants qui a choisi une activité, avec son accord, nous la mettons sur le site pour compléter le car avec des individuels qui veulent se joindre au groupe et profiter de la prestation à prix intéressant. C’est une façon de sécuriser le voyage et de mieux amortir les coûts. »

Après un démarrage sur les chapeaux de roues et de lourds investissements, l’heure est plutôt à la stabilisation et à la validation des idées mises en place. Tout en reconnaissant un déficit de notoriété encore réel, le jeune entrepreneur compte bien le combler rapidement pour atteindre la taille critique où tout devient plus facile. « Le bouche-à-oreille fonctionne assez bien et je compte sur les retours positifs de chacun de nos voyages pour développer rapidement cette visibilité que j’ai du mal à assurer avec quatre véhicules. »

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