Y a-t-il des solutions, des innovations, pour redonner du « peps » aux classiques circuits 8 jours / 7 nuits? Et quels sont les types de voyages qui peuvent s’y substituer avec succès?
Avec l’évolution des habitudes de voyage, et de la clientèle du tourisme de groupe, la vedette des circuits en autocar, 8 jours / 7 nuits, semble perdre un peu plus de clients chaque année. Mais est-ce une fatalité irréversible? Les participants de Tour & Group se sont mis autour de la table pour en débattre. Rappelons donc ici que dans une étude datant de 2016, Atout France indiquait que les voyages en groupe avaient une durée moyenne supérieure à 7 nuits, mais elle nous informait aussi sur l’évolution du marché avec d’autres produits largement développés ces dernières années: des formules week-ends, notamment, dans les grandes capitales européennes, et, plus globalement, une réduction de la durée de séjour comme une tendance structurelle, ce qui impose, inévitablement, une adaptation de l’offre. ’
Premier constat, globalement partagé pour les participants autocaristes et agents de voyages présents, sur ce thème, il convient de bien distinguer les différents types de groupes. « Pour les GIR, désormais, nous n’avons plus qu’une seule date en 8 jours / 7 nuits, alors que nous en avions encore plusieurs il y a quelques années », constate Anne-Sophie Lecarpentier, directrice générale de Périer Voyages (76). « Au fil du temps, nous sommes finalement tomber de 8 à 7 jours, parce qu’il ne fallait pas passer la barre des 1 000 € par personne, puis à 6 jours. » Si le coût se révèle un élément clé, pour Olivier Bonvarlet, responsable service groupes chez Voyages Mariot (59), « autant la formule circuit fonctionne encore avec les CE, mais avec les groupes venus d’associations ou de clubs, on est en train de perdre. C’est de plus en dur, notre clientèle vieillie ». Et d’ajouter, que « désormais, la tendance est quand même à la réduction de la durée, pour partir plus souvent ».
Ce qui plaide pour le circuit en autocar, c’est souvent la convivialité, la sécurité d’un voyage en groupe. « Il y a toujours quelque chose de rassurant », commente Sylvie Royer, responsable commerciale et production groupes chez Club Alliance (91). « Dans ce cas-là, le circuit de 8 jours, ça fonctionne. Pour notre part, nous avons surtout plus de mal avec les CE. C’est le type de groupe qui part ensemble mais qui ne veut pas rester ensemble sur toute la durée du circuit. Le circuit en étoile fonctionne aussi toujours. Ensuite, c’est vrai, c’est aussi une question de budget. »
Mais comme le souligne Philippe Tourdot, directeur général de Voyages Inglard (62), il y a d’autres obstacles à la production de circuits 8 jours / 7 nuits: « Il est plus rentable et plus facile, en termes de législation, de faire du 3 jours que du 8 jours. Au final, ne faut-il pas mieux produire deux circuits de 3 jours à la place d’un 8 jours? Dans tous les cas, il faut proposer un produit spécifique, qui sort de l’ordinaire, notamment sur de la basse saison. »
Autre analyse pour Valère Valentini, responsable production chez Léonard Travel International (société basée en Belgique). « Le circuit 8 jours / 7 nuits se justifie encore en termes de durée. Il y a certes le coût vérité, mais si nous proposons quelque chose qui n’existe pas ailleurs, dans aucune brochure, cela fonctionne vraiment. Je crois donc plus que c’est une question de contenu, et d’adaptation à l’intérieur des programmes. Pour ma part, j’ai plus intérêt à produire un voyage de 8 jours qu’un autre de 3 ou 4 jours. Je trouve que sur la durée, il y a une valeur ajoutée pour le voyagiste comme pour le client à qui nous pouvons proposer des choses qu’il ne fera pas de lui-même en individuel. »
De son côté, Stéphanie Capeille, gérante d’Evaz-Jo Roussillon Voyages (66), précise que « le circuit 8 jours marche toujours avec certains clubs. Il faut l’avoir, c’est encore le voyage annuel. Pour les GIR, néanmoins, il est vrai que ça évolue un peu plus, avec une tendance à la baisse ».
Si, comme le fait remarquer l’autocariste belge Valère Valentini, « la clientèle autocar ne se fie pas forcément à l’aspect tendance ou médiatique d’une destination », les voyages vers l’Europe du sud restent des valeurs sûres pour tout le monde. Ainsi, le trio Espagne, Portugal et Italie arrive en tête des circuits. En alternative, certaines thématiques semblent être devenues des incontournables. On pense aux activités sportives de type randonnée pédestre ou cycliste. « Il y a de plus en plus de clubs pour des circuits de ce genre » affirme encore Philippe Tourdot. La thématique événementielle est également intéressante, mais les informations officielles et précises arrivent souvent bien trop tardivement chez les producteurs de voyages pour l’inscrire dans une brochure annuelle.
Enfin, toujours sur la problématique du circuit 8 jours / 7 nuits, l’aspect matériel et nouveau confort de route entre en ligne de compte. Le développement des cars Macron a eu son effet. « Cela nous pousse sur la question de l’équipement des véhicules. On nous demande désormais le wifi à bord, alors que ça coûte une fortune », rappelle Olivier Bonvarlet. Un niveau de prestations supérieur, qu’il est logique de répercuter, lui aussi, dans le prix du voyage.