Dans le Sud-Ouest, la plupart des circuits touristiques passe par la Ville rose et ses quartiers historiques. Toulouse se positionne en porte d’entrée de l’Occitanie et accueille aussi une importante clientèle professionnelle. À l’aéroport de Toulouse-Blagnac, les chiffres montent en flèche. Cette année, Toulouse millénaire et capitale européenne de l’Espace fête les 100 ans de l’aéronautique. Première ville française à recevoir l’EuroSciences Open Forum, elle devient également capitale européenne de la Science.
Un accent chantant, des terrasses de café sur des places de briques rouges, des bords de Garonne très fréquentés, un foisonnement culturel, de bonnes tables… À 1 h 30 de route des Pyrénées et de la Méditerranée, « Toulouse a tout, il ne manque que vous ». Tel est le slogan de la campagne de communication diffusée au printemps dernier sur une dizaine de chaînes de télévision françaises. Un film de 10 secondes où défilent le canal du Midi, les musées du centre-ville, un match de rugby… Le tout sur un opéra de Mozart revisité de façon très cadencée. a Il existe une version business du clip, qui insiste sur les nouvelles technologies, les projets urbains, l’aéronautique et la cité de l’Espace. Désormais, la promotion de la ville, sous toutes ses facettes, est prise en charge par une agence d’attractivité de Toulouse Métropole, qui regroupe tout à la fois l’Office de tourisme, le bureau des Congrès et l’agence de développement économique Invest in Toulouse.
Pour le Comité régional du tourisme, Toulouse est la porte d’entrée de nombreux circuits en itinérance d’un ou plusieurs jours vers Albi, Roquefort, Carcassonne, la vallée de la Dordogne, les Pyrénées, le Gers (très prisé des Japonais en quête de destinations rurales)… La Ville rose est autant une étape, souvent une nuitée, dans la découverte régionale, qu’une base pour rayonner. Spécificité toulousaine: la clientèle professionnelle justifie un taux d’occupation et des prix plus élevés en semaine que le week-end. Même si la tendance diminue depuis deux ans. « Il arrive de plus en plus souvent aux entreprises de proposer des moments de découverte à leurs visiteurs et elles font appels à nous. Souvent en fin de journée, un créneau de 2 heures pour une visite de la ville et un apéro dégustation », explique la responsable du service réceptif de l’Office de tourisme de Toulouse, Meritxell Baldello. Autres formules, à la journée ou demi-journée.
Un passage à Toulouse ne serait pas complet sans un circuit à panacher entre les cinq « must see » de la ville.
À commencer par la Cité de l’Espace. Tester l’apesanteur, entrer dans un Soyouz, découvrir une mission spatiale ou présenter la météo et observer le ciel… Depuis 20 ans, la Cité de l’Espace diffuse la culture spatiale et astronomique auprès du grand public. Cinq millions de visiteurs ont vu ses expositions permanentes et temporaires, assisté aux spectacles et conférences. En octobre dernier, 18 000 personnes, dont l’astronaute Thomas Pesquet, ont été invitées à fêter cet anniversaire. En 2017, la barre des 400 000 entrées a été franchie, avec 2/3 d’individuels et de familles. 40 % sont des visiteurs de proximité (55 000 scolaires), 45 % viennent du reste de la France et 15 % de l’étranger.
Les Jacobins: situé dans le centre-ville historique, cet ancien couvent comptabilise 312 000 entrées par an. Il tire ses racines du Moyen-Âge (en plein catharisme) et est le berceau de l’ordre des Dominicains. Ici ont lieu de surprenantes expositions temporaires, des performances et des concerts. Mais la star incontestée est la « palmeraie » de l’église: ces colonnes destinées à voûter l’édifice, dont la dernière, plus large que les autres avec ses 22 nervures. D’ailleurs les portes ouvertes s’intitulent « Quoi de neuf sous le palmier des Jacobins? ».
Le muséum d’histoire naturelle: le nombre des visiteurs est stable, 274 000 sont venus l’an dernier voir les squelettes et animaux naturalisés, tester les activités du laboratoire, de l’espace enfants et se promener dans le jardin botanique attenant. En 2018, la part belle est faite aux oiseaux.
Let’s visit Airbus: gérées par le groupe Manatour, les visites d’Airbus et du musée Aéroscopia ont attiré 260 000 visiteurs l’an dernier. Le tour classique inclut une observation de la chaîne de production de l’A380, un passage par la salle de télémesure et le musée. Sans oublier l’A350, visible depuis juillet dernier. À compter de février 2018, il sera possible d’entrer dans l’avion militaire A400M. Depuis l’été 2017, l’ouverture sur la zone du restaurant Sky-Totter permet un package musée, Airbus et repas (43 €). Enfin, en mars 2018, un simulateur Concorde sera présenté au musée. Une association le restaure, pour y accueillir, à terme, du public en situation de pilotage.
La basilique Saint-Sernin: c’est l’un des plus grands édifices romans d’Occident. Étape du chemin de Compostelle, elle est inscrite au Patrimoine de l’Unesco et reçoit 235 000 personnes par an. Élevée en l’honneur du premier évêque de Toulouse, sa construction s’est étalée du XIe au XIIIe siècle.
Environ 1 300 groupes se sont adressés à l’office de tourisme l’an dernier. Majoritairement venus via des tour-opérateurs et des agences de voyages, mais aussi des associations et des groupes d’amis. Les comités d’entreprise en revanche ne sont pas nombreux. « Les croisières sur la Garonne ou le canal du Midi restent la première activité demandée », rappelle Meritxell Baldello. « On nous sollicite aussi souvent pour proposer le volet gastronomique. » En plus des repas traditionnels, l’office propose une balade gourmande, qui passe par deux très beaux marchés de l’hyper-centre toulousain, aux Carmes et à Victor-Hugo.
Autre balade atypique, celle baptisée Toulouse secrète, qui évoque les histoires gravées dans la pierre, celles des hôtels particuliers, du catharisme… « Nous avons aussi pas mal de demandes pour le graff tour, on y va en bus. » Car le graffiti, rebaptisé Street Art s’est beaucoup développé à Toulouse dans les années 80.
Les individuels viennent plutôt en été, tandis que les groupes du 3e âge et d’entreprises privilégient le printemps et l’automne. « Mais la saisonnalité s’allonge grâce au City break et aux lignes low-cost », souligne Adrien Harmel, directeur adjoint de l’Office de tourisme. « Auparavant, notre saison était très estivale, de juin à septembre, désormais elle commence en mars, avec les vacances de la semaine sainte en Espagne. On fonctionne à l’heure espagnole! »
Comme d’autres villes, Toulouse devient une destination City break, « les gens partent plus souvent mais font de petits déplacements ». Les trois compagnies low-cost Easy Jet, Ryanair et Volotea, ainsi que la navette Air France Toulouse-Paris ne sont pas étrangères au phénomène.
Voici une idée pour sortir des sentiers battus: s’immerger dans le quartier de Saint-Cyprien, longtemps à l’écart du centre-ville tant qu’il fut inondable. Après le musée d’art moderne et contemporain Les Abattoirs (et son restaurant), sortir par le parc Raymond-VI au bord de la Garonne, voisin du dôme de l’ancien hôpital de la Grave. Pour rejoindre le cœur de ville, deux options. Par le pont Saint-Pierre, en tombant sur les bars du quartier étudiant. Il ne reste qu’à longer les bords de Garonne pour rejoindre le quai de la Daurade superbement rénové. À moins de préférer le pont Neuf. À sa gauche, l’Hôtel-Dieu. L’éclairage y a été refait, ce qui vaut bien une balade nocturne sur les quais. À sa droite, le Château d’eau, qui abrite une surprenante galerie photos.
Le pont Neuf offre une des plus belles vues sur la ville rose. Avec les Pyrénées au loin. C’est là que va le nouveau GR la Via Garona, un ancien chemin de Compostelle, qui passe en contrebas. Une fois sur l’autre rive, une halte s’impose à la fondation Bemberg dans le superbe hôtel particulier d’Assézat, pour la collection de peintures de Georges Bemberg. Avec une salle entière consacrée à Bonnard.
• Les 100 ans de l’aéronautique: en 1918, alors que la Première Guerre mondiale fait rage, Pierre-Georges Latécoère implante les premières usines d’avions à Toulouse, au plus loin de la ligne de front. Ses pilotes, tels Mermoz ou Saint-Exupéry, acheminent des courriers au-delà de la Méditerranée et de l’Atlantique. Le centenaire se fêtera cette année avec un Espace Mémoire Aéro, autour de l’ancienne piste, inscrite aux Monuments historiques depuis 1997. Avec la Piste des géants, qui sera inaugurée en décembre prochain, les Jardins de la ligne aéropostale et la Halle de la machine, qui sera l’antre des créatures géantes de François Delarozière.
• Cité européenne de la Science: Cette année Toulouse sera également la capitale européenne de la science, car elle est la première ville française à accueillir, en juillet prochain, l’EuroScience Open Forum, la plus grande rencontre interdisciplinaire sur la science et l’innovation en Europe, pour sa 8e édition. Avec une large programmation dans toute la ville, telle Science in the city au quai des Savoirs.
Les 20 ans de la classification Unesco de la basilique Saint-Sernin et de l’Hôtel-Dieu Saint-Jacques au titre des chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle. Alors même que Toulouse prépare un projet de candidature pour le centre historique.
Toulouse Métropole
6, rue René-Leduc – BP 35821
31505 Toulouse Cedex 5
Tél.: 05 81 91 72 00
Ouvert de 8 à 18 heures
CDT Haute-Garonne
Tél.: 05 61 99 44 00
> 5,25 millions de visiteurs ont fait appel à l’Office de tourisme de Toulouse en 2016. La moitié de la clientèle du réceptif vient de France, l’autre d’Europe, avec essentiellement des Espagnols, suivis des Anglais, Allemands, Belges et Italiens.
> 2 et 3 jours, la durée moyenne de séjour, avec un taux d’occupation de 80 % en semaine, contre 51 % le week-end.
> 9 millions de visiteurs sont passés par l’aéroport de Toulouse Blagnac en 2017.
> 33 % du trafic local sont assurés par les low-cost.
> 4 h 20 le temps qui sépare la ville de Paris grâce à la ligne TGV qui dessert Bordeaux. Les élus locaux continuent à se battre pour voir un jour la grande vitesse desservir la ville rose.
La Fédération européenne des supporters a classé Toulouse n° 1 des villes pour l’accueil des supporters.
Qu’est ce qui fait la spécificité de Toulouse?
Toulouse a beaucoup de points forts et une résistance admirable à l’uniformité. C’est lié à son histoire libertaire, mais aussi à la communauté étudiante qui donne de la vitalité à la ville. Il y a un charme particulier dans l’architecture, les rues pavées. Ce n’est pas toujours très ordonné et il y a un côté décalé. Mais le tourisme urbain des city break recherche cette personnalité.
Comment la destination évolue-t-elle?
Toulouse s’est réveillée avec un peu de retard. Mais il y a une volonté d’embellissement, de grands chantiers ont été lancés: en centre-ville avec les allées Jean-Jaurès (NDLR avec une allée piétonne comme les ramblas de Barcelone), les bords de Garonne et l’Occitanie Tower (NDRL à côté de la gare). Le projet de la candidature Unesco nous pousse à accélérer la mise en tourisme du centre historique. Il y a aussi le projet du quartier Montaudran en pleine mutation et celui de l’hôpital Grave, qui va être restauré pour accueillir un espace culturel sous la chapelle avec également un complexe hôtelier prévu pour 2019-2020.
De quelle image jouit la ville?
Elle bénéficie d’un capital sympathie mais sans identification précise. Selon une étude, tout le monde connaît, mais ne peut pas citer un monument emblématique et ne pense pas y venir. Nous avons donc lancé une campagne de communication dans un contexte national favorable de redistribution du tourisme vers les grandes métropoles régionales. Beaucoup de gens partent moins loin et redécouvrent leur territoire. Ryanair nous a beaucoup aidé en développant ses lignes. Nous devons gérer une dualité partagée entre 2 000 d’histoire et les technologies spatiales de pointe.