Stratégie Dans la Manche, la demande des groupes a longtemps précédé l’offre. Le CDT a désormais une démarche proactive, notamment pour développer la randonnée et les produits tournés vers la mer.
LE PROCESSUS semble avoir vraiment commencé il y a une dizaine d’années. “Certains prestataires ont alors demandé au CDT d’être plus visibles sur le créneau du groupe”, raconte Benjamin Tétart, responsable du pôle développement des marchés du Comité départemental du tourisme. Depuis, ce dernier communique donc sur ce type d’offre, mais ne vend qu’aux intermédiaires groupistes, agents de voyages et autocaristes: “Nous comptons sur leur expertise, insiste Benjamin Tétart et, pour nous, ils représentent autant d’efficaces ambassadeurs du département!”
La brochure groupes, le premier canal de promotion utilisé, s’est étoffée au fil des éditions. Ses produits, au départ très orientés groupes de seniors, se veulent depuis trois ou quatre ans attractifs aussi pour les CE et, depuis un an, pour les décideurs du tourisme d’affaires. “Cette brochure constitue en fait un creuset d’idées, précise Benjamin Tétart, à partir desquelles nous concevons ensuite du sur mesure.” Éditée à 600 exemplaires, distribués dans le nord de la France, en Bretagne, en Pays de Loire, en Normandie, et un peu dans l’est et le centre, cette brochure est complétée par des prospectus régulièrement diffusés.
Autre outil de promotion, le site internet, qui fonctionne déjà bien notamment pour les clients autocaristes. “Bientôt, les professionnels auront leur propre site, annonce Benjamin Tétart, qui nous aidera à augmenter notre notoriété.” Même objectif pour la newsletter spécifique aux groupes et mailée, depuis deux ans déjà, tous les deux mois. On estime aujourd’hui à 400 le nombre de ses lecteurs réguliers. “Nous avons donc une démarche off et on line”, conclut Benjamin Tétart.
Aujourd’hui, ils sont six à travailler pour le service groupe du CDT: quatre forfaitistes, une commerciale et une personne chargée des prestataires. Trois à cinq éductours sont organisés chaque année pour faire découvrir la Manche concrètement, au-delà du Mont-Saint-Michel et des plages du débarquement. “Certes, le Mont reste une incontournable porte d’entrée dans le département, reconnaît Benjamin Tétart, mais il ne doit pas occulter l’arrière-pays également à valoriser, notamment pour que les groupes aient des raisons de revenir”.
Côté produits, la demande semble se tourner vers des propositions plus actives, qui procurent, selon Benjamin Tétart, “une autre dimension au voyage”. La randonnée, par exemple, toujours valorisée pour les individuels, l’est aujourd’hui aussi chez les groupes qui peuvent ainsi sillonner La Manche grâce à ses nombreux chemins et GR. Par ailleurs, avec la baisse du nombre de participants dans les groupes, d’une cinquantaine à une trentaine, des offres inédites sont devenues accessibles: les tours en 2CV, la navigation sur des voiliers avec hébergement à bord… “Avec nos 350 km de côte, nous devons valoriser la mer qui attire les touristes”, poursuit Benjamin Tétart. Recherché aussi, l’aspect durable du tourisme, auquel le CDT croit. Au Mont-Saint-Michel, par exemple, actuellement engagé dans une démarche écologique, des balades originales ont vu le jour… notamment pour renouveler l’attrait du site vis-à-vis des clients qui pensent le connaître déjà. Côté coûts, “les produits plus haut de gamme ne sont pas forcément mis de côté car il y a des groupes qui ne sont pas obnubilés par le prix, surtout si la valeur ajoutée est bien réelle”, insiste Benjamin Tétart.
Et c’est le cas pour les visites guidées. Les groupes sont en attente de partage pendant et après la visite. Ils s’intéressent également aux commentaires qui rendent vraiment compréhensibles et émouvants les lieux visités tels que le Scriptorial d’Avranches, les plages du débarquement, les sites de batailles… “Ce qui n’empêche pas d’envisager une visite libre, avec un guidage en option seulement car elle permet de conserver un devis attractif financièrement”, reconnaît Benjamin tétart.
Une demande, sans offre correspondante: c’est la situation que connaît La Hague depuis dix ans concernant les groupes constitués. Ce sont des clients venant du Grand-Ouest qui sollicite l’office de tourisme, alors en plein essor, pour se voir proposer un parcours, un séjour, une excursion… La solution, un circuit en autocar pour parcourir le territoire. La Cité de la mer, le Manoir du Tourp et Ludiver ouvrent à la même époque, et dynamisent le seul produit groupe qui existe alors… ou presque. Car, parallèlement aux groupes classiques, l’OT a toujours traité des demandes de petits rassemblements de randonneurs. À l’époque, ils ne représentent qu’une niche… Entre 2002 et 2006, règne donc le tour en car. Mais l’effet nouveauté, à partir de 2007, s’estompe: dans les cars, quand ils sont demandés (l’OT ne fait que du sur demande), il n’y a pas plus de 50 personnes… Les randonneurs, eux, par vents et marées, parcourent toujours la région. Pourquoi donc ne pas miser sur eux et le groupe individuel regroupé (Gir)? C’est chose faite: un site internet est développé dans ce but. Les groupes constitués y dénichent eux des idées de produit à monter avec le commercial de l’OT.
Avec la crise, l’OT opte pour une restructuration en règle: d’association, il devient Epic, et cette mutation focalise les énergies en 2008-2009. L’OT repart sur de nouvelles bases et marche aujourd’hui en rang serré vers le petit groupe de randonneurs, jamais abandonné, et soutenu de plus belle. Il correspond bien à La Hague, dépourvue, comme tout le nord Cotentin d’ailleurs, de structures d’hébergement d’importance. C’est donc décidé: La Hague rimera désormais avec randonnées, en saison plutôt pour les familles et les jeunes et hors saison pour les seniors. Pour en faire une réalité, en 2010, l’OT s’expose à des salons. Il s’associe aussi sous la marque Cotentin tourisme à d’autres OT de la zone pour imaginer des produits transversaux. Résultat: deux circuits clés en main, avec accompagnateur, de 3 et 6 jours, facilitent aujourd’hui le travail des responsables de groupes.