16e Printemps du Tourisme en Autocar Les débats qui se sont déroulés du 17 au 20 mars derniers sur la Costa Brava ont-ils porté leurs fruits? Les participants ont-ils trouvé matière à réflexion par rapport au fonctionnement de leurs entreprises? Réponses et témoignages.
Les 90 participants à la 16e édition du Printemps du Tourisme en Autocar, organisée sur la Costa Brava par la Commission Tourisme de la FNTV, avaient un programme chargé en matière de débats et tables rondes. Au menu: le tourisme en autocar en Europe; l’assurance, vue à travers une analyse de l’évolution des risques et une présentation de la responsabilité civile professionnelle; le devenir de la protection sociale dans le transport routier de voyageurs et, pour finir sur une note plus personnelle pour chacun des cars opérateurs présents, une réflexion sur les secrets d’un management efficace. Autant dire que chacun des chefs d’entreprise qui ont suivi attentivement ces différents débats a pu trouver là, matière à faire un lien avec ses propres problématiques entrepreneuriales. À travers différents témoignages, on constate que beaucoup d’entre eux se sont clairement enrichis grâce à cette manifestation.
La réforme des retraites, le dossier de la dépendance, la négociation en cours entre les partenaires sociaux concernant la mise en place, à travers la convention collective, d’une mutuelle obligatoire dans les entreprises de transport routier de voyageurs, autant de sujets portés par Jean-François Rimoux, directeur du développement et de l’innovation chez D&O, et qui ont clairement interpellé Claude Ponsot, Pdg des Autocars Ponsot, lors des débats. “Nous sommes tous plus ou moins conscients des implications de ces différents dossiers, concède-t-il. En tant que TPE ou PME, nous savons qu’un des avantages des groupes consiste, pour les salariés de nos métiers, en ce type de prestation. Certains préfèrent cependant offrir un salaire supérieur de 100 ou 150 euros par mois plutôt qu’une participation à la mutuelle. Je pense que tout dépend du profil des salariés, et notamment de leur âge. Même si je ne suis pas forcément convaincu que cette mutuelle soit réellement un argument de fidélisation, je ne doute pas qu’il nous faille, à terme, équilibrer ce que nous offrons à nos salariés par rapport à ce qui se fait dans les groupes. C’est en tout cas ce que nous avons fait dans mon entreprise.”
“La table ronde animée par Didier Gros, le consultant de l’AFT-Iftim, a bien mis en lumière la solitude du chef d’entreprise, retient par exemple Patrice Lebeda, Pdg des Voyages Dupas Lebeda, qui, d’expérience, ne peut que constater, qu’il faut avant tout apprendre à vivre avec.”
C’est ce même atelier de travail qui a par ailleurs le plus retenu l’attention de Paul Royer, Pdg de Royer Voyages. “L’animation était parfaitement réussie, constate-t-il, le sujet a été abordé dans un registre peu habituel pour nous et, tout en restant dans un domaine clairement professionnel, les choses qui ont été dites relevaient beaucoup du ressenti personnel. Certaines personnes ont eu le courage de se livrer de façon étonnante, avec des mots que j’ai trouvés touchant. C’était un exercice à caractère très participatif, qui a sans doute pâti d’un certain manque de temps pour que soient développés correctement tous les points qui le méritaient.” L’atelier lui a-t-il fourni des outils susceptibles de l’aider à résoudre certains problèmes au quotidien? “Comme je le disais, le temps a sans doute manqué, analyse-t-il. Le formateur aurait peut-être dû, vers la fin, reprendre la main sur les débats et nous fournir quelques solutions possibles. En revanche, je pense que si les recettes ne sont finalement pas si difficiles à trouver, les échanges m’ont rappelé qu’il fallait être en permanence à l’écoute des signaux faibles, symptomatiques d’un possible dysfonctionnement. On n’y attache pas toujours l’importance nécessaire avant que la situation ne s’aggrave. En ce sens, cette édition du Printemps m’a rappelé qu’il me fallait toujours rester attentif.” Patrick Leleu, dont l’avis diverge quelque peu de celui de Paul Royer, et qui considère le management comme “une affaire de relations humaines, avec toute la complexité propre à chaque entreprise”, n’a qu’un regret concernant cet atelier: “c’est un sujet passionnant, mais il faut sans doute que le groupe soit à taille plus humaine, et que tous les participants se livrent vraiment.” Un constat à retenir pour l’avenir.
Tous les participants du 16e Printemps du Tourisme en Autocar interrogés sont unanimes, le double atelier consacré aux différents aspects du problème posé par les assurances aux entreprises de transport routier de voyageurs était clairement nécessaire. “Personnellement, les présentations réalisées de Christophe Jeanmet de chez Europ Assistance, et de Hubert Sarrut, du cabinet du même nom, m’ont conforté dans mon appréciation du dossier des assurances, explique par exemple Patrice Lebeda. C’est un sujet qui me tient particulièrement à cœur, et sur lequel je reste très attentif après avoir eu à vivre un grave accident dans le cadre de l’activité de mon entreprise en 2007. Si je suis un peu une exception par le soin que je porte à ce dossier, je pense que pour un certain nombre de mes collègues, ce fut une salutaire piqûre de rappel.” Même constat pour Patrick Leleu. “Il est nécessaire de remettre la pression à ce sujet sur les chefs d’entreprise. C’est un domaine en perpétuelle évolution, explique-t-il, et nous ne savons pas tout. Nous n’avons par exemple pas toujours conscience du fait qu’en matière de risque et de responsabilité civile professionnelle, le simple fait de bouger quelque chose engendre souvent un mouvement de tous les curseurs. À travers ces ateliers, le clou a été enfoncé, et c’est une bonne chose.” Pouvait-on, ou devait-on aller plus loin Patrice Lebeda le croit. “Certains problèmes pouvaient être plus explicitement posés, conclut-il. Je pense par exemple au fait qu’il n’y a plus guère que trois grandes compagnies vraiment intéressées par notre Profession, ou que la neutralité réelle des experts en cas de sinistre est parfois sujette à caution. Mais le cadre ne s’y prêtait sans doute pas, et le travail d’alerte réalisé aura déjà porté ses fruits.”
“Je n’étais jamais allé là-bas alors que j’y envoie des groupes depuis longtemps, constate Patrick Leleu, lorsqu’il évoque le choix de la destination retenue pour le Printemps du Tourisme en Autocar. Et même si j’ai été un peu déçu par la taille réelle des plages, que je pensais bien plus grandes, j’ai bien compris pourquoi ce produit fonctionne bien auprès de notre clientèle.”
Pour Paul Royer, dont beaucoup d’autocars sont des habitués des lieux, “cet événement nous a permis de découvrir une destination classique sous des angles nouveaux, ce qui pourra toujours s’avérer utile.”