CDT En cette année 2014, l’Ille-et-Vilaine affiche sa volonté de se positionner sur le marché groupes, en se donnant les moyens de cette ambition. Mais, le département breton ne compte pas agir seul, et mise sur le partenariat avec les professionnels du secteur privé. Des rapprochements sont déjà actés via la signature de conventions, à travers lesquelles il est dit que la structure institutionnelle suspend sa mission de production et de commercialisation de forfaits. Une décision effective depuis janvier dernier.
Le roi Arthur, mais aussi Merlin l’enchanteur et la fée Viviane en sont les héros. On peut suivre leurs traces dans la forêt de Paimpont en Brocéliande. Du temps des Gaulois, elle couvrait plusieurs dizaines de milliers d’hectares. De nos jours, elle n’en fait plus que 7 000, mais suffisants pour faire découvrir la majesté de la végétation composée de chênes, de hêtres, de bouleaux, de houx et de sorbiers. Et pour en savoir plus, il suffit de pousser la Porte des Secrets, ouverte au public en 2012. L’histoire qui y est contée s’égrène au fil de quatre salles et couloirs plongeant les visiteurs dans les différentes atmosphères de Brocéliande.
Et, ils sont nombreux! La plupart sont même classés. On peut citer, par exemple, les alignements de Cojoux à Saint Just, le Cordon des Druides à Loudéan, la Maison des fées à Tressé, le menhir du Champ-Dolent à Dol-de-Bretagne ou encore la Roche aux Fées, le plus grand dolmen de France (41 blocs!), mais aussi lieu de légende. On raconte que c’est la fée Viviane qui l’aurait bâti en une nuit… Chaque année en décembre s’y tient un son et lumière.
À l’exemple de Duguay-Trouin ou encore Surcouf qui est le personnage le plus emblématique de la ville de Saint-Malo, roi des corsaires, qui âgé seulement de 23 ans captura un galion anglais bien mieux armé que son frêle Schooner (petit voilier à deux mats) et qui embarquait trois fois plus d’hommes. Pour s’imprégner de ce passé, une visite de la cité historique malouine sertie de remparts s’impose. Le tour des « murs » mène de bastion en tour, avec d’un côté les rues étroites de la ville, de l’autre, à perte de vue, des plages, le port et les forts. Et aussi Dinard, ville des premiers bains de mer et aux villas Belle Époque classées. À l’intérieur de la cité malouine: promenade entre les hautes maisons d’armateurs, et arrêt à la demeure du corsaire, celle de François-Auguste Magon, directeur de la Compagnie des Indes, armateur et corsaire sous Louis XIV. On y découvre la vie de « ces messieurs de Saint-Malo », ses escaliers dérobés, ses grands salons lambrisés, avec ses caves qui étaient prisons sous la Révolution (et qui accueillent aujourd’hui les groupes pour des soirées corsaire), et sa collection d’armes et coffres. Il est aussi possible d’embarquer à bord du Renard (réplique du cotre de Surcouf accueillant 28 passagers maximum) pour des balades, par exemple, en baie de Saint-Malo, et de visiter à quai la frégate l’Etoile du roi. Enfin, à ne pas manquer aux environs de Saint-Malo: les malouinières, demeures de campagne à l’architecture austère et symétrique caractérisant la richesse des armateurs malouins.
Avec sa baie du Mont Saint-Michel, que l’on peut sillonner en petit train marin à la découverte des pêcheries et des producteurs de moules de Bouchot. Une immense grève rythmée par les plus grandes marées d’Europe, royaume du silence, inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco. Et ce, de la pointe rocheuse et sauvage du Grouin (et sa vue imprenable du haut de ses 40 m) au Couesnon, en passant par Cancale, où ostréiculteurs ouvrent leurs portes au public. Tandis qu’à Vivier-sur-Mer, la rencontre se fait avec les producteurs de moules. À moins de préférer la Rance, fleuve côtier. Des croisières y sont organisées. À compléter avec la découverte du barrage de la Rance, dans la commune de La Richardais, au sud de Dinard et de Saint-Malo. Il s’étend sur 750 m, et a nécessité cinq ans de travaux (il fut inauguré par le Général de Gaulle en 1966). Sur place a ouvert un musée « découverte de l’usine marémotrice ».
Vitré (XIe siècle), Châteaugiron (XIIIe siècle), Combourg (XIe siècle) ou encore Fougères (XIIe siècle) sont de celles-là. Vitré abrite aujourd’hui l’hôtel de ville, Châteaugiron fut rénové au XVe siècle, mais son donjon d’origine domine toujours la ville du haut de ses 38 m, tandis que Chateaubriand évoquait dans ses Mémoires les fantômes qui hantaient Combourg. Quant à Fougères, il est l’un des plus imposants châteaux forts français comptant pas moins de 13 tours de défense, tandis que son enceinte couvre une surface de deux hectares. Véritable condensé d’architecture militaire érigé sur quatre cents ans, la forteresse joua un rôle stratégique majeur jusqu’au rattachement de la Bretagne à la Couronne de France.
Chef-lieu du département mais aussi capitale de la Bretagne. Des siècles d’histoire ont dessiné la cité. La vieille ville se dévoile à travers ses escaliers et galeries suspendus, ses maisons à pan de bois du XVe siècle, à encorbellements très prononcés, ou celles plus tardives à façades verticales. Plus solennel, le Palais du Parlement marque l’arrivée d’un art royal au XVIIe siècle. Rennes se découvre aussi à travers son musée de Bretagne, son Espace des Sciences et son planétarium, son musée des Beaux-Arts (Rubens, Picasso, Georges de la Tour…), celui dédié aux transmissions ou l’évolution des moyens de communication du XVIIIe siècle à nos jours, son écomusée retraçant cinq siècles d’histoire, de sciences et techniques, d’alimentation, de cadre de vie et de productions agricoles…
Une forêt enchantée, des menhirs, dolmens et autres sépultures du temps lointain, des villes d’art et d’histoire, des histoires de marins en tous genres, des cités de caractère gardées par des forteresses…, comme une bouteille dont le goulot serait la façade maritime, l’Ille-et-Vilaine se déploie loin dans les terres. Dans la Bretagne intérieure. Un département qui, touristiquement parlant, n’est plus dénommé « Ille-et-Vilaine », mais « Haute Bretagne Ille-et-Vilaine ». Et ce depuis 2001. Un problème identitaire qui a agité les esprits du conseil général dès la fin des années 80. « Il y avait un réel déficit de reconnaissance, de notoriété de notre territoire, contrairement aux autres départements bretons, un territoire que les gens n’arrivaient pas à situer, explique Yolaine Provost-Gautier, en charge des relations presse au comité départemental du tourisme. Cette marque permet à l’Ille-et-Vilaine d’affirmer son caractère et sa personnalité au sein de la Bretagne ». Un portrait identitaire départemental, analysant et présentant la personnalité et le style d’un territoire, et tout ce qui le rend unique, a été entrepris sur deux années, soit en 2009 et 2010. « Ce portrait a concerné à la fois les aspects physique, psychologique et symbolique, il a aussi mis en avant les signes identitaires, la personnalité d’ensemble et les traits saillants, poursuit Yolaine Provost-Gautier. C’est ainsi que le territoire d’Ille-et-Vilaine est apparu comme fondamentalement breton, mais également très singulier. Il partage avec la région un certain nombre de valeurs, mais il se démarque également en accentuant ou en modérant des concepts fortement associés à la Bretagne et son identité ». La nouvelle marque est désormais estampillée sur toutes les documentations touristiques, « et a permis au département de progresser en notoriété », tient à souligner Yolaine Provost-Gautier. Une « nouvelle » Bretagne qu’a souhaité mettre en avant le conseil général, « celle que l’on ne connaît pas et qu’il faut découvrir », dit le document à l’usage des acteurs du tourisme pour expliquer la démarche. Un vœu qui, en cette année 2014, prend aussi tout son sens à destination du marché groupe.
Jusqu’en ce début d’année 2014, le comité départemental du tourisme « travaillait le marché groupes de façon ponctuelle », indique Tiphaine Drapeau-Guérin, responsable accompagnement des filières professionnelles. La structure institutionnelle a, dès les années 80, disposé d’un service loisirs accueil, qui sera intégré au comité départemental du tourisme en 2005, « mais il ciblait plutôt la clientèle individuelle, lui proposant des offres packagées, poursuit-elle. Pour les groupes, nous ne proposions pas de support, sinon des fiches reprenant des programmes clé en main que nous adressions sur demande, et aucune démarche commerciale n’était entreprise ». Sinon via les workshops organisés tous les deux ans par le Club groupes de la Rn2D auquel la structure institutionnelle adhère depuis 2006. Du moins concernant les groupes loisirs, contrairement aux groupes affaires qui étaient alors l’objet d’une attention particulière. En 2004 est d’ailleurs créé un club affaires (« HBE » pour Haute Bretagne Evénements d’affaires), rassemblant une soixantaine de membres, et une plaquette institutionnelle est éditée.
Cependant, en 1994, les Côtes d’Armor, le Finistère et le Morbihan s’associent pour promouvoir l’offre groupes loisirs, et ce auprès des professionnels du tourisme. L’Ille-et-Vilaine les rejoindra en 2000. Une brochure commune Bretagne spécial groupes voit le jour dont la promotion sera notamment assurée au MitInternational, puis au MAP Pro International, avant de laisser la place en 2011 à un site internet sous le nom de Bretagne destination groupes. (… complété par une brochure plus allégée), géré par le comité régional du tourisme de Bretagne. Ainsi, d’un support papier où était référencé l’ensemble des prestataires bretons, la région mise alors sur l’outil internet avec pour objectif de « séduire les autocaristes en donnant une meilleure visibilité à l’offre groupes à travers des circuits, comprenant notamment une google map avec une formule panier afin que le professionnel puisse concevoir lui-même son programme », expliquait à l’époque le comité régional du tourisme. Un site cependant, qui n’a pas eu l’écho espéré (il est toujours en activité).
Retour donc à la case départ pour l’Ille-et-Vilaine. Passent les années 2011, 2012 … « où nous répondions toujours ponctuellement aux demandes groupes, sans démarche commerciale active, réitère Tiphaine Drapeau-Guérin. Nous concevions et commercialisions les produits, puisque nous sommes immatriculés ». Jusqu’en 2013 où une réflexion s’engage quant à la reprise en main départementale du marché groupes. Stratégie et méthodologie sont définies, l’offre existante recensée dès septembre de la même année. Le 1er janvier 2014, le service loisirs accueil arrête son activité, le comité départemental du tourisme suspend sa mission de production et de commercialisation de forfaits, « et nous nous rapprochons des agences réceptives départementales (au nombre de 14, ndlr) afin de mettre en place des conventions de partenariat, indique Tiphaine Drapeau-Guérin. L’objectif est de leur proposer de concevoir des produits groupes (mais aussi individuels, ndlr) dont nous assurons la promotion, mais des produits qui seront commercialisés par ces agences ». Une première rencontre a lieu dès janvier, « et la motivation était au rendez-vous », souligne-t-elle. À fin mai, cinq agences réceptives avaient déjà signé avec le comité départemental du tourisme. Elles fourniront à la structure institutionnelle plusieurs packages, d’un à plusieurs jours, qui leur sont propres, valorisant chaque territoire du département. Packages qui seront au préalable sélectionnés par le comité départemental du tourisme. La démarche a également concerné les prestataires en mesure d’accueillir les groupes. Sites , hôteliers et restaurateurs ont ainsi été sollicités, et pour chacun d’entre eux – là encore – une convention a été élaborée mettant en avant plusieurs critères en termes de « préparation du séjour », « accueil et disponibilité » ou encore « garanties relatives à l’offre ». Dans le détail, par exemple, il est ainsi spécifié de « soigner l’accueil du conducteur et du guide », de « réserver le même accueil tant pour un groupe que pour la clientèle individuelle », de « s’assurer de la facilité d’accès et de la possibilité de stationnement en toute sécurité pour l’autocar », de « proposer une gratuité par tranche de 20 pax payantes », « de proposer une double tarification en fonction des cibles, pros et non pros », etc.
Dès septembre prochain, les premiers e-mailings seront envoyés à l’ensemble des prescripteurs de voyages en groupes. « Une brochure, référençant les prestataires et les packages conçus par les agences réceptives, devrait voir le jour à la fin de cette année, et ciblera dans un premier temps les zones de chalandise du Grand Ouest et du Nord, annonce Tiphaine Drapeau-Guérin. Début 2015, nous comptons ouvrir un mini-site dédié qui reprendra notamment le contenu de la brochure ». La mise en place d’eductours est également envisagée. Objectif: créer une dynamique autour du marché groupes. Une volonté que l’Ille-et-Vilaine partage également avec les trois autres structures institutionnelles départementales bretonnes, à travers la réalisation d’un cahier des charges commun quant à l’accueil des groupes. Il a également été mis en place en ce début d’année. Et où il est question, entre autres, d’assurer la promotion des départements bretons, sur des opérations ponctuelles, ensemble ou pas, « mais toujours en mettant à chaque fois en avant les quatre territoires. Nous avons chacun notre propre identité, mais nous travaillons tous pour une même région, la Bretagne! C’est toute l’attractivité de cette région qui joue pour chacun de nous en notre faveur », souligne Tiphaine Drapeau-Guérin. La première action de ce type a d’ailleurs été mise en place en avril dernier à l’occasion d’un workshop organisé par Salaün Holidays auprès des décideurs groupes (300 invités!). La prochaine devrait s’intéresser aux comités d’entreprises lors d’une opération de l’Agence nationale des chèques-vacances, et ce en septembre. Un partenariat entre Bretons, mais aussi avec d’autres départements. Et en l’occurrence celui du Nord
En marquant sa volonté d’afficher son positionnement sur le marché groupes, actions et moyens à l’appui, c’est bel et bien une nouvelle page que tourne le département. Une « nouvelle histoire » qui commence. Il était une fois…, l’Ille-et-Vilaine, terre d’accueil des groupes.
Voir également Tourisme de groupe no 35 paru en juin dans lequel sont consacrées des pages au comité départemental du tourisme du Nord.