OT Chartres accueille plus d’un million de visiteurs par an. Ils viennent d’abord pour sa cathédrale, mais aussi pour son cœur historique médiéval et ses maisons à colombages, son art du vitrail, son conservatoire de l’Agriculture…Des attraits touristiques que combinent l’office de tourisme dans sa programmation groupes. Mais, en cette année 2014, cette clientèle – « travaillée » de longue date – fait l’objet d’une réflexion, quant à un repositionnement en termes d’offre et d’outil.
Au cœur de la Beauce, contournée par l’Eure: Chartres. C’est depuis la route de Paris que se dévoile l’une des plus belles perspectives sur la cathédrale, résumé de l’art des XIIe et XIIIe siècles, inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco. Elle est la plus complète et la mieux conservée des cathédrales gothiques. Une fois à l’intérieur, les visiteurs sont surpris par ses proportions: 130,20 m de long, une nef large de 16,40 m et haute de 37,50 m, un chœur et un transept de 64 m de large. Et c’est sans compter avec ses 172 vitraux occupant une surface de 2 600 m2, véritables livres d’images illustrant la bible et la vie des Saints, ainsi que les corporations de l’époque. La cathédrale possède aussi, au milieu de la nef, un labyrinthe religieux, seul labyrinthe médiéval de France à être contemporain de la construction de l’édifice. « D’ici 2016, il est question d’ouvrir un centre d’interprétation consacré à la cathédrale et à Chartres, annonce Aurélien Charpille, directeur de l’office de tourisme. Il serait créé sur le parvis, mais semi-enterré ».
Aux portes de la cité, sur un promontoire rocheux, se dessinent les pentes d’un maillage urbain médiéval, peu modifié depuis le XIIIe siècle. Les trois quartiers qui divisaient Chartres au Moyen-âge se retrouvent aujourd’hui dans la toponymie de certaines rues. La vieille ville, qui couvre 64 hectares et secteur sauvegardé, se divise de la cathédrale en ville haute jusqu’aux rives de l’Eure et la ville basse. Tout près de l’édifice se dresse la Maison du Saumon des XVe et XVIe siècles (elle abrite aujourd’hui l’office de tourisme) habillée de sculptures sur bois. En contrebas, la rue des Ecuyers plonge les visiteurs à l’époque médiévale. Pavée et éclairée par des lanternes suspendues à des chaînes, elle est bordée de maisons à colombages dont l’une est flanquée de l’escalier en vis de la Reine Berthe
Les musées de Chartres, eux, proposent une large palette thématique, reflet de la vie quotidienne, du savoir-faire et, bien sûr, de l’art. Ainsi, installées depuis 1906 dans les salons du palais des Evêques, les collections du musée des Beaux-Arts regroupent des objets et peintures de la période gallo-romaine à l’art contemporain. Tandis que la Maison Picassiette, sur les hauteurs de Saint-Chéron – accessible par groupe de 10 pax et uniquement en visite libre – témoigne de l’art populaire (et naïf) français: elle est recouverte de morceaux de vaisselle et de verres multicolores issus de décharges publiques ou de salles de ventes! Mosaïques et peintures murales reflétent la personnalité d’un autodidacte à l’imaginaire très riche… Art encore avec le Centre International du Vitrail, à quelques pas de la cathédrale. Il offre une vision globale diversifiée et vivante de tout un art et de techniques. Dans un autre genre, il ne faut pas manquer le Compa, le plus grand musée français consacré à l’agriculture, situé sur la commune de Mainvilliers, limitrophe à Chartres. Installé dans une ancienne rotonde à locomotives, il abrite une collection d’instruments et de machines agricoles: charrues, premiers tracteurs américains, et français, la première moissonneuse… Tandis que gravures, affiches, photographies ou encore sculptures évoquent les grandes mutations de la vie rurale. Enfin, un dernier arrêt au musée de l’Ecole de Chartres et d’Eure-et-Loir sera l’occasion de prendre le chemin des écoliers du début du XXe siècle. Il rassemble des milliers d’objets, et organise des animations thématiques.
La cathédrale a fait la notoriété de Chartres, et touristiquement parlant, constitue l’atout majeur mis en avant dans l’offre groupes de l’office de tourisme, tant adultes que scolaires (pour ces derniers sont proposées des découvertes pédagogiques, maternelle/primaire et collège/lycée). Un service réceptif a été créé dans les années 90, « et a permis de développer et d’enrichir une programmation, jusqu’alors axée sur les visites guidées, vers des formules packagées combinant bien d’autres centres d’intérêt de la ville et alentours », indique Sylvie Nerrière, sa responsable. Un service réceptif dont la mission a d’abord été de « travailler » le marché groupes, avant de venir plus tard aux indviduels. La première brochure dédiée, alors d’une quinzaine de pages, mettait ainsi principalement l’accent sur des journées, avant que ne soit mise en place « Chartres en lumières » et l’opportunité de proposer des séjours. Et encore plus aujourd’hui « avec une capacité hôtelière qui a presque doublé ces cinq dernières années », glisse Aurélien Charpille. Le parc compte actuellement 25 établissements, soit 1 270 chambres.
La brochure était adressée aussi bien aux associations, clubs… qu’aux professionnels, et ce principalement basés en région parisienne ainsi que dans les départements limitrophes de l’Eure-et-Loir. Ce qui est encore le cas aujourd’hui. « Ce support papier a disparu dans les années 2000 lorsque l’office de tourisme est passé en Epic », se souvient Sylvie Nerrière. Pour une question de budget, aussi. Un système de fiches est venu remplacer la brochure, réalisée en interne, accessible sur le site internet de la structure institutionnelle « et envoyée sur papier à la demande », précise Sylvie Nerrière.
Vingt six produits sont proposés, rubriqués par thèmes: « les incontournables », « terroirs et gourmandises » (visite d’une ferme spécialisée dans les fleurs comestibles, atelier de fabrication de macarons…); « journées insolites et d’exception » (atelier olfactif, promenade au fil de l’Eure en barque ou bateau à pédales…); « à la découverte de l’histoire » (animation écriture au porte-plume et à l’encre violette au musée de l’Ecole, visite d’un moulin de la Beauce…); « sur les traces des grands personnages » (Proust, madame de Maintenon…); « zoom sur l’artisanat » et « vers d’autres horizons » combinant Chartres et Maucé pour un après-midi dansant avec orchestre musette ou alliant Chartres, les grottes de Foulon et le château de Châteaudun. « Pour compléter les visites, nous proposons à la vente pour chaque personne composant le groupe des « pochettes gourmandes » à base de spécialités chartraines et euréliennes », ajoute Sylvie Nerrière. À l’exemple d’une bière, de macarons, de sablés de Beauce, de médailles de Chartres en chocolat… « D’une année sur l’autre, nous nous attachons à diversifier notre offre en concevant des programmes différents, mais force est de constater que 80 % de notre travail est du sur mesure », poursuit-elle. Les tarifs sont définis sur la base de 20 pax, avec une gratuité pour le conducteur ainsi qu’une supplémentaire pour 20 payants. Mais, pas d’avantages particuliers pour les professionnels. Et les prix sont les mêmes pour tous. Au côté de la brochure, l’office de tourisme dispose d’un site web où est proposé un formulaire de demande de devis (ainsi qu’un plan de circulation pour les autocars). Les professionnels sont également destinataires d’une newsletter incluant des offres promotionnelles (une en été, une autre en hiver) complétées par diverses informations liées à l’actualité, aux événements…
Mais, l’offre groupes fait actuellement l’objet de toutes les attentions. En effet, l’office de tourisme réfléchit à un repositionnement à la fois en termes de programmation et d’outil, et plus particulièrement à destination des professionnels. « Nous souhaitons travailler en plus étroite collaboration avec les autocaristes », annonce Sylvie Nerrière. En mars dernier, c’était une première, la structure institutionnelle a participé à un workshop organisé par l’un de ces professionnels, une expérience qu’elle pourrait être amenée à renouveler. Elle envisage également de revenir à la conception d’une brochure, voire à des fiches rassemblées dans une pochette dédiée. Et parallèlement, un espace groupes sur le site web qui serait enrichi. Par ailleurs, il s’agit « de développer et d’accentuer les actions de promotion et de commercialisation selon les différentes cibles, pros et non pros », poursuit la responsable du service réceptif. Avec en appui l’arrivée éventuelle d’un commercial groupes au sein de l’équipe. Il est aussi question de revoir la tarification groupes à destination des professionnels. Quant à l’offre, de nouvelles propositions pourraient voir le jour, formulées différemment. Autant de souhaits que l’office de tourisme annonce vouloir concrétiser dès septembre prochain lors de la mise en marché de la programmation 2015. En attendant 2016 où les conducteurs devraient disposer d’un espace d’accueil, rue du Pélican, dont la construction est annoncée à proximité d’un parc. Distributeur de boissons, télévision, canapé, toilettes, douches… seront ainsi mis à leur disposition. Gratuitement.
Aujourd’hui, seulement 20 % des groupes sont amenés par les autocaristes, « qui nous achètent plus de visites guidées que des packages », relève Sylvie Nerrière. Un pourcentage et un comportement d’achat que l’office de tourisme compte bien changer. C’est tout l’objectif de sa démarche. Et ainsi inscrire dans la continuité un accueil des groupes qui, depuis 2013, est sur une courbe ascendante.
Cité Création crée des œuvres murales, des fresques, des décorations mises en scène dans les espaces publics et privés. À l’initiative de la ville de Chartres et de l’office HLM, Cité Création a été sollicitée pour réaliser quatre gigantesques fresques dans le quartier Bel Air. Quatre immeubles représentant une surface de 4 000 m2 ont ainsi repris des couleurs sous forme de divers trompe-l’œil. Les thématiques des peintures, choisies par les résidents, s’inspirent de l’architecture médiévale du centre-ville, de l’identité de la Beauce, des bords de l’Eure et du parfum. Au total, ce sont 13 panneaux visibles. Un autre aspect de Chartres qui fait l’objet d’une visite guidée à part entière.
Saviez-vous que Chartres était la « capitale des parfums »? À partir des années 60, les grands noms de la parfumerie parisienne ont décentralisé leur outil de production vers des territoires proches (Guerlain, Dior, Nina Ricci, Hermes…). Dans leur sillage se sont implantées de très nombreuses PME/PMI de l’industrie de la parfumerie-cosmétique, donnant naissance à la Cosmetic Valley. Chaque année est organisée une semaine de découverte intitulée « Chartres en parfums ». Par ailleurs a ouvert « l’esprit du Parfum », un espace consacré aux ateliers-conférences thématiques sur le parfum et à « Autrica », le parfum de Chartres, lancé en juin 2012. « Guerlain investit actuellement dans un espace show-room qui devrait pouvoir accueillir les groupes », annonce Aurélien Charpille, directeur de l’office de tourisme.
Chartres fut l’ancienne capitale de la tribu gauloise des Carnutes d’où elle tirera son nom. Depuis 2005, le service Archéologie de la ville a réalisé plus de 150 opérations de terrain sans compter les animations à destination du grand public. Deux sites aujourd’hui font l’objet de fouilles pluriannuelles: le sanctuaire gallo-romain de Saint-Martin-au-Val depuis 2006, et les vestiges médiévaux de la barbacane de la Porte Guillaume depuis 2010. Plus de 50 000 objets composent les collections du service. Certains font l’objet d’une restauration minutieuse afin d’être présentés au public lors d’expositions. « Un projet global de valorisation de ce patrimoine chartrain comprenant un parc archéologique et un espace muséal est en préparation, annonce Aurélien Charpille, directeur de l’office de tourisme. Il devrait voir le jour dans quelques années dans le quartier Saint-Brice, sur le site de Saint-Martin-en-Val et dans les anciens locaux de l’abbaye ». En attendant, des visites guidées du sanctuaire gallo-romain sont organisées par l’office de tourisme.
– CA 2013: 456 000 euros (358 000 euros en 2012).
– 1 252 groupes accueillis l’an passé.
– 80 % des groupes sont amenés par les associations, clubs…, et 20 % par les autocaristes.
– Les groupes sont principalement issus de la région parisienne, de l’Eure-et-Loir et de la Seine-Maritime.
– L’an passé, 1091 visites guidées et 101 forfaits ont été vendus.
– Top 3 des sites privilégiés: la cathédrale, le Centre international du Vitrail et la visite guidée de Chartes en petit train touristique.
Il ne s’agit probablement pas de « Berthe aux grands pieds », mère de Charlemagne, mais plutôt de la veuve du comte Eudes de Chartres ou de l’une de ses petites-filles. C’est au XVIIIe siècle que la maison, qui abrite cet escalier, fut associée à la reine Berthe, sans que l’on sache vraiment pourquoi…