Le Mexique repart de l’avant

Présentées à l’occasion de la 39^e édition de Tianguis – le salon des professionnels du tourisme, qui s’est tenu, début mai à Cancun – les dernières évolutions du tourisme mexicain confirment la bonne santé de ce secteur. En 2013, le pays a enregistré 23,7 millions de voyageurs internationaux (+ 3,5 % par rapport à 2012), dont 11,8 millions via ses aéroports (+ 9 %). La France à, quant à elle, connu un coup d’arrêt dans sa reconquête du chiffre de référence de 2008, passant juste en-dessous de la barre des 200 000 visiteurs (soit − 1,5 %), à la suite d’un été difficile: « nous n’avons pas d’explication significative si ce n’est la conséquence de la situation économique en France. Mais, depuis l’hiver dernier, la fréquentation est repartie à la hausse », explique Dominique Berthelot, directrice du Conseil de Promotion Touristique du Mexique (CPTM), à Paris. Mieux, la dynamique semble de nouveau engagée. « Le marché français redémarre plus vite que l’italien », confirme Jimena Olavarria, responsable commerciale de Viajes Meca, une agence réceptive basée à Mexico-City, qui dispose d’une implantation sur plusieurs sites mexicains ainsi que d’une antenne commerciale à Paris. « Nous exerçons ce métier depuis 1982 et nos deux principaux marchés européens sont l’Italie et la France. Si le marché des groupes a été lourdement impacté par la crise depuis 2008, il a recommencé à démarrer, depuis 2012/2013. Sur ce marché groupes loisirs, et en intégrant le secteur du tourisme d’affaires, nous sommes sur un rythme d’une vingtaine d’opérations réalisées annuellement avec la France. En comparaison, le marché italien est plus lent à redémarrer », constate-t-elle.

« Mais les organisateurs français privilégient essentiellement le Yucatan, pour son côté balnéaire, soit Mexico-City et ses environs, pour son côté patrimonial et culturel. Ils ont tout intérêt à profiter des prix attractifs que leur promettent les hôteliers, en dehors des périodes de pointe qui vont de décembre à février et de juillet à septembre, moments revendiqués par les Nord-américains qui sont la première clientèle du Mexique », poursuit Jimena Olivarria. Justement, présente à Cancun à l’occasion du dernier salon Tianguis, la délégation française comptait une quinzaine d’agents de voyages représentant la plupart des métiers: groupistes, agences spécialisées sur l’Amérique Latine, agences événementielles…

Répartis en deux groupes, ils ont pu profiter d’un pré ou d’un post-tour dans l’État du Campeche, un choix concocté par le CPTM, histoire de faire découvrir aux voyagistes français d’autres états du Mexique.

Il correspond tout à fait à ce qu’attend Jasmine El Yabouri, responsable groupe chez Frequent Flyer Travel, à Paris (XII^e): « Frequent Flyer Travel est une agence positionnée dans le tourisme d’affaires qui compte environ 350 sociétés en portefeuille. Assurément, le Mexique est une destination qui se prête parfaitement aux voyages en groupe. Cancun dispose d’une capacité hôtelière importante et haut de gamme, avec une bonne qualité de service. La mer des Caraïbes est attractive et, peut-être qu’il n’y a pas la même perception qu’à Mexico des questions de sécurité. Mais la conjoncture est aujourd’hui difficile. Les délais de commande sont de plus en plus raccourcis et les budgets de plus en plus resserrés… Et justement, pour le Mexique, l’aérien reste assez cher, surtout comparé aux destinations asiatiques qui bénéficient de la concurrence des compagnies du Moyen-Orient. Quoi qu’il en soit, je compte bien trouver ici de nouvelles pistes, de nouvelles idées pour proposer des services qui sortent des sentiers battus, bien qu’ici, il faut tenir compte du marché américain qui impose sa loi », assure-t-elle. Sandra Léger, elle, n’a pas hésité à monter sa propre structure pour des voyages sur mesure, pour les groupes et pour les individuels. Après une expérience d’une vingtaine d’années construite auprès de structures spécialisées, telles que Marsans ou Altanueva, elle a choisi Perpignan pour ouvrir l’année dernière Latinexperience. « Sur les 22 pays que nous proposons en Amérique Latine, le Mexique figure parmi les premiers, aux côtés du Costa-Rica et du Pérou. C’est un vaste pays qui propose la totalité des motivations de voyages: le balnéaire, le culturel, le colonial, la nature… Mais il est dommage qu’il supporte encore une mauvaise image d’insécurité, une insécurité qui ne concerne que des zones très minoritaires, comme le nord du pays ».

Chacun d’entre eux va poursuivre le chemin de la croissance retrouvée de la fréquentation française au Mexique. D’autant que la nouvelle offre aérienne mise sur le marché, entre les deux pays, depuis la fin de l’année dernière, est susceptible de leur faciliter la tâche. Elle correspond à l’inversion de la tendance constatée. Ainsi, sur les trois premiers mois de 2014, dans la poursuite de la fin d’année 2013, le marché français a retrouvé ses couleurs. Avec 68 398 visiteurs, il progresse de 6,3 % par rapport à la même période de 2013.

Du coup, la France retrouve la sixième place, la deuxième au niveau européen derrière le Royaume-Uni, une place qu’elle avait perdue en 2013, même si cette hiérarchie internationale reste très largement dominée par les États-Unis et le Canada.

Mis en service sur l’axe Paris-Mexico, en novembre dernier, le Boeing B 787 (Dreamliner) d’Aeromexico n’a pas tardé à faire ses preuves sur le marché français. Ce fleuron de la gamme Boeing présente, pour sa configuration mexicaine, la classe Affaires de 32 sièges-lits, et la classe économique de 211 sièges. Depuis Paris CDG2, Aeromexico opère désormais un vol quotidien entre les deux capitales. A ceci, il convient d’ajouter une offre équivalente, commercialisée en code share avec Air France, ce qui correspond à 14 liaisons hebdomadaires. « Il s’agit de notre première route européenne, très largement devant celles de Londres ou de Madrid », confirme Jorge Goytortua, directeur des Ventes d’Aeromexico, rencontré au salon professionnel Tianguis de Cancun. Cette nouvelle offre a dynamisé le trafic: « sur le premier trimestre de l’année 2014, sur l’axe Paris-Mexico, nous sommes sur une progression du nombre de passagers de 32 %, par rapport à la période équivalente de 2013, ce qui, avec les vols Air France, correspond à environ 80 % de part de marché sur cet axe, contre environ 18 % de part de marché sur l’ensemble de l’axe Europe-Mexique », ajoute t-il. Une performance qui s’explique sans doute par l’attractivité de l’appareil mais aussi par le fait qu’Aeromexico ait investi plus particulièrement sur l’escale parisienne, y attirant sans doute d’autres clientèles européennes, notamment via le réseau Skyteam. Une hausse qui peut aussi s’expliquer par le dynamisme des échanges économiques entre les deux pays. Ces résultats participent à l’essor de la compagnie mexicaine qui opère 600 vols quotidiens à destination de 80 escales internationales, dont 14 nouvelles ouvertes entre 2010 et 2014. À titre de comparaison, toujours sur ce premier trimestre 2014, le trafic global d’Aeromexico a progressé de 18 % par rapport à la période équivalente de 2013.