De Livourne à Piombino, en passant par Bibbona, la Toscane mise sur ses côtes ensoleillées, qui restent cependant à l’ombre des villes iconiques de la région. Entre vignes et mer, la côte étrusque s’éveille au tourisme et compte bien faire concurrence aux « classiques » parcours toscans.
Une chose est sûre, les Italiens de la Côte étrusque, attendent les touristes de pied ferme. Du Nord au Sud de la province de Livourne, les restaurateurs, hôteliers et autres commerçants le revendiquent: la côte, elle aussi, est un trésor de la Toscane.
Pour beaucoup, il s’agit de la terre de Florence, de Sienne, de Volterra ou de Pise. La côte, pour l’heure majoritairement fréquentée par un public d’œnologues ou de voyageurs en transit, est à la fois bénéficiaire et victime de son altérité. La Strada del Vino e dell’Olio (
Les villes portuaires, comme Livourne ou Piombino, portent encore les stigmates d’une industrie reconstruite au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, un moteur économique qui n’est pas pour avantager le paysage.
Ces destinations côtières, dont les touristes ne voient souvent que les embarcadères, misent cependant sur leur originalité et leurs tarifs plus attractifs, comparés à ceux des villes historiques. « Les groupes posent leurs valisent ici, à Livourne, et peuvent ensuite partir visiter Pise, ou Florence sur plusieurs jours », explique Monica Pastacaldi, propriétaire de l’Hôtel Atleti. Notons que Livourne n’est qu’à une trentaine de minutes de Pise par la route, et à une heure et quart environ de Florence. Entre le port industriel au bitume vieillissant, et le charme des ruelles fendues de cordes à linge sur lesquelles flottent les éternels draps d’Italie, la ville se montre sous deux visages qui laissent une impression mitigée aux visiteurs. « Souvent, les gens qui voyagent dans cette partie de la Toscane viennent pour la seconde fois. Après avoir fait les grandes villes, ils souhaitent découvrir un autre aspect de la région », note Monica Pastacaldi.
Si Livourne se démarque des paysages classiques du Nord de la botte, elle présente de grandes qualités en matière de tourisme sportif, selon les locaux. Les voyageurs, pour la plupart des Italiens, des Hollandais, des Suisses ou des Allemands, y jettent l’ancre pour s’adonner aux sports nautiques (notamment le kitesurf, la voile et la plongée), et au jogging, une activité très prisée des Livournais qui fait sourire Monica Pastacaldi: « Du matin au soir, il y a toujours quelqu’un qui court sur le bord de mer ».
Autre particularité locale: la décoration baroque des intérieurs, mettant le monde marin à l’honneur. Chargée, et considérée comme une tradition, elle reflète un goût prononcé pour les arts locaux, dont les autochtones ne sont pas peu fiers. Impossible de repartir sans en avoir été avisé: Livourne fut le berceau du peintre Amedeo Modigliani (1884-1920), la ville-modèle du dramaturge Carlo Goldoni (1707-1793) dans sa Trilogie de la Villégiature, ou encore la source d’inspiration d’Alphonse de Lamartine (1790-1869) pour son poème L’hymne de la Nuit.
Malgré le peu de francophones sur place (touristes et résidents confondus), qui trahit une activité touristique encore balbutiante, la ville de Livourne offre des parcours agréables à la visite. L’excursion « star » reste le tour en bateau à travers la marina, permettant de découvrir un quartier du XVIIe siècle baptisé « la petite Venise ». À terre, la compagnie CitySightseeing, propose un circuit dans un autobus touristique de 34 places à ciel ouvert, qui longe les villas colorées du XIXe siècle, la promenade du bord de mer, et circule dans les rues commerçantes du centre-ville. La visite audioguidée, disponible en français, présente brièvement les principaux attraits culturels de Livourne. L’autobus marque dix arrêts dans sa course, notamment devant l’Aquarium de Livourne, le musée d’Art Giovanni Fattori, le marché central couvert (le deuxième plus grand d’Europe, après celui de Barcelone), et au pied de la colline de Montenero, connue pour sa couleur « entre deux verts » et son sanctuaire Notre-Dame-des-Grâces. Là où le stationnement proche est autorisé uniquement en semaine, le week-end, il faut rester au pied de la colline qui monte au sanctuaire, et alors emprunter le funiculaire d’une capacité de 50 personnes maximum (funiculaire fonctionnant tous les jours). Arrivés au sommet, les visiteurs peuvent contempler la vue imprenable sur la ville de Livourne, visiter le sanctuaire et son église pittoresque, ou encore boire un café à la terrasse d’un des bars sur la place de Montenero.
En descendant la côte vers le Sud, à une heure de Pise, la Toscane se montre sous un autre jour. Sur des chemins bordés de vignes d’un côté, et d’oliveraies de l’autre, « la route du vin et de l’huile » prend tout son sens. Incontournable pour les amateurs d’œnologie, l’avenue de San Guido dans la commune de Castagneto Carducci, célèbre pour son allée aux 2 400 cyprès, file jusqu’à Bolgheri, par une route constellée de caves ouvertes à la visite sur réservation. Le vin rouge Sassicaia, « sol pierreux » dans le dialecte toscan, a notamment contribué à la renommée de la région. Plus loin, dans le petit village de Bibbona, l’atmosphère rurale se mêle au charme médiéval des ruelles étroites et fleuries. Près du littoral, vers Marina di Bibbona, les pinèdes, idéales pour les randonneurs ou les cyclistes, s’étendent jusqu’à la mer, où les plages de sable s’adressent davantage aux adeptes du « farniente ».
Ce paysage entre terre et mer, que l’on retrouve dans la cuisine locale (viandes et poissons), tient ses racines dans l’histoire. Pour beaucoup de petites villes des environs, le territoire communal est scindé en deux. L’ancien village, comme Bibbona, date souvent du VIe ou du VIIe siècle ap. J-C, et se situe à quelques kilomètres du bord de mer. Cet emplacement était en réalité un choix stratégique des fondateurs latins, qui tentaient d’échapper aux frasques de la piraterie, et d’éloigner les cités du bord de mer marécageux, qui attirait les moustiques porteurs de la malaria. Au XIXe siècle, avec les premiers bains de mer, le littoral est réaménagé à l’aide d’un système de canaux, permettant d’évacuer l’eau de ces humides no man’s land. De là naquirent de nouvelles agglomérations côtières, comme la marina de Bibbona, devenue depuis une commune à part entière.
Pour remonter encore les pendules du temps, il faut se rendre un peu plus au Sud, vers la baie de Baratti, où se trouve le Parc archéologique dédié aux Etrusques. Le site, que les marcheurs courageux traversent en deux heures, présente cette civilisation qui occupait l’actuelle Toscane du IXe au IIIe siècles av. J-C, avant d’être assimilée aux Romains. Les visiteurs peuvent effectuer la visite (libre ou guidée en français) à travers cinq chemins entre la nécropole et l’acropole, qui délimitent le parc, sur un vaste plateau qui domine la mer. Ils peuvent ainsi voir les dômes saillants des tombes étrusques, visiter le laboratoire d’archéologie expérimentale, et même apercevoir des groupes d’archéologues bénévoles qui poursuivent les fouilles sur le parc.
À une dizaine de minutes de là, par la route, au bord d’une falaise, le minuscule village fortifié de Populonia (15 habitants en hiver!) propulse les voyageurs au Moyen-âge. De cette calme enceinte jaillit une tour, ouverte aux touristes qui souhaitent admirer la baie depuis son sommet (tarif réduit à partir de 12 personnes). Pour ceux que les escaliers rebutent, il reste encore les vastes terrasses des restaurants pour déguster un « espresso » dont les Italiens ont le secret. Ils en boivent en moyenne six par jour!
Livourne
Hôtel Gran Duca ****
62 chambres. Reconstruit dans les années 1960 dans l’ancienne forteresse de Livourne, cet élégant hôtel-restaurant, est situé à deux pas du port.
Tél.: +39 05 86 89 10 24
Site:
Hôtel Atleti ***
40 chambres. Un accueil très chaleureux qui reflète bien l’ambiance folklorique. L’hôtel, qui dispose de plusieurs cours de tennis, est toutefois un peu excentré.
Tél.: +39 05 86 50 24 09
Site:
Hôtel Rex **** (Antignano)
62 chambres. Plus éloigné de Livourne, cet hôtel en bord de falaise plonge dans la mer, dispose d’une plage privée, et d’un grand parking pour autocars.
Tél.: +39 05 86 58 04 00
Site:
Marina di Bibbona
Hôtel Marinetta ****
140 chambres. À une heure de Pise, le Marinetta s’étend sur trois hectares. Il propose deux piscines, une plage privée, un parcours de 5 km à travers la pinède de Bibbona et un espace bien-être, dans une atmosphère très agréable.
Tél.: +39 05 86 60 05 98
Site:
Piombino
Hôtel Esperia ***
28 chambres. La colonne vertébrale de cet hôtel est un ascenseur vitré donnant sur la mer. Très folklorique, voire kitsch, il dispose d’une petite plage privée en galets.
Tél.: +39 05 65 42 284
Site: