Le groupe, une histoire de taille

ON NE SAURA qu’à la fin du mois d’avril quel bilan tirer de la dernière édition de l’ITB, le Salon mondial du tourisme qui se tient chaque année à Berlin (l’édition 2012 aura lieu du 7 au 11 mars, les deux derniers jours étant ouverts au grand public). Mais on sait déjà que près de 111 000 professionnels ont arpenté les 160 000 mètres carrés de la foire de Berlin. Le nombre d’exposants a dépassé les 11 000 et quelque 188 pays y étaient représentés. La Bourse internationale du tourisme avait retenu pour cette 45^e édition la Pologne comme partenaire privilégié, Eurofoot 2012 oblige. L’an prochain, c’est l’Egypte qui sera mise en avant. Mais dès cette année, cette destination s’est montrée très réactive en exploitant, quelques semaines après la chute du Raïs, “la révolution pacifique” comme argument marketing.

Mais les arguments ne manquaient à personne, dès lors qu’on se renseignait sur l’offre groupes, dispersée dans tout le salon. “Le groupe? Oui! Bien sûr, qu’on s’occupe des voyages de groupe!” Il n’y a guère que la Zambie et la Papouasie-Nouvelle-Guinée parmi les dizaines de stands prospectés qui ont dit, d’emblée, qu’elles n’étaient pas prêtes à recevoir des touristes groupés. Ou alors de tout petits groupes de 10 à 15 personnes. En fait, la taille du groupe devient vite déterminante. Beaucoup de ces contrées exotiques et peu courues ne peuvent aller au-delà de 20 pax. Ce ne sont pas tant les capacités hôtelières qui sont en cause que le nombre limité de places sur les liaisons intérieures, souvent inférieur à 18. Parmi les destinations accessibles aux groupes de bonne taille, le Cap-Vert et ses îles présentent de multiples intérêts, à la fois en termes de loisirs, de détente et de culture. Un nouvel aéroport international va ouvrir prochainement, des hôtels de plus de 200 chambres aussi. “Jusqu’à 45 pax, il n’y a pas de problème sur les vols intérieurs et des capacités d’accueil pour des groupes de 20 à 30 personnes existent dans toutes les îles”, assure Benoît Vilain, directeur général de Morabitur dans l’Île de Sal. De l’autre côté du continent, Zanzibar met en avant aussi la richesse de sa nature et de sa culture. Pour des groupes jusqu’à 30 pax, “nous avons de multiples activités à proposer”, explique Khalifa Makame de Tabasam Tours & Travel. La visite des plantations, épices, poivre, cacao, café, vanille met l’eau à la bouche. Dans un autre style, mais en insistant sur la rencontre avec la population, Eihab Travels propose une découverte des réalités d’Oman. Robby George, manager, entend promouvoir “un tourisme responsable, où la culture et la nature se partagent avec les habitants du sultanat, que ce soit autour d’un pot de miel des montagnes ou des marchés aux bestiaux de Nizwa.” Pour les groupes, c’est plutôt du sur mesure, avec autant de 4 × 4 que nécessaire pour filer dans les montagnes désertiques.

Au Liban, Cleopatra Tours s’occupe autant de groupes que d’individus, emmenant les uns et les autres dans des circuits culturels ou plus sportifs (ski compris). Le sur mesure, c’est aussi ce que peut proposer Big Foot Tour au Botswana, à même d’emmener de petits groupes en safari. Au Lesotho, des groupes de 30 à 40 personnes peuvent être pris en charge, notamment au Malealea Lodge. La formule se retrouve aussi chez le voisin sud-africain avec les séjours proposés par Aquila Safari dans sa réserve privée de Klein Karoo. “4 500 hectares, 26 km de chemins à travers la savane, 94 lits, de nouveaux véhicules, la vallée des vins et Le Cap à deux heures de route” Martin van Rooyen a de quoi occuper les touristes, qu’ils viennent pour la journée ou pour y passer la nuit.

En Ethiopie, la culture et l’histoire sont au programme des circuits proposés à des groupes de 15 à 20 personnes par Grand Holidays. Desale Mitiku Asfaw, directeur de ce réceptif d’Addis Abeba, indique d’ailleurs qu’il réalise “80 % de son chiffre d’affaires avec les groupes”, qui peuvent même être accompagnés en français à travers le pays de Lucy, notre ancêtre ou sa cousine.

Cette formule se retrouve en Asie, où le Népal, qui a fait de 2011 “l’année du tourisme”, est particulièrement présent à l’ITB. “C’est une destination montante”, confirme Tashi Gurung, pdg de Kailash Group à Katmandou, qui réalise 70 % de son chiffre d’affaires avec les groupes, de moins de 20 pax. Plus confidentiel, le Bhoutan affiche des possibilités d’accueil limitées à une quinzaine de personnes, tout en s’ouvrant peu à peu. En Inde, le groupe retrouve des dimensions plus importantes, y compris à Goa où Alpha Holidays met en avant les capacités d’accueil de la cité aux plages de légende. Mais Qamar Zaffer, vice président adjoint de la société Le Passage to India, réceptif à la “Nouvelle Delhi” (110 000 pax par an, dont 70 % en groupe), constate que “les réservations se font de plus en plus tardivement, parfois à trente jours du départ” et que les paiements arrivent encore plus au dernier moment. Les tendances observées dans l’individuel déteignent à présent sur le voyage de groupe. Autre marque des temps, Mercury Travels, à Bombay, progresse plus fortement dans l’outbound que dans l’inbound, à tel point que l’on “s’occupe d’envoyer deux fois plus de touristes à l’étranger que nous ne recevons de touristes étrangers en Inde”, relève Ashwini Kakkar, directeur adjoint. Et si le groupe n’est pas ce qui progresse le plus, c’est pour lui le meilleur prescripteur de voyages individuels ultérieurs.