Maritime Indéniable en 2012, malgré le naufrage du Concordia et une conjoncture plus que morose, la croisière conserve sur le marché français un potentiel important. Ce dynamisme, alimenté par le savoir-faire des compagnies, mais aussi par une guerre des tarifs, pousse à l’investissement. Entrée en flotte de nouveaux navires, rénovations poussées de bateaux à peine plus anciens, développement des animations à bord, amélioration de l’accueil dans les ports d’escale et de tête de ligne illustrent la force de frappe de cette industrie, qui génère 37 milliards d’euros de retombées économiques, rien qu’en Europe.
Une mer intensément bleue, un navire géant tout blanc. Il gît sur le flanc. L’image demeurera gravée pour longtemps dans les esprits. Mais une image chassant l’autre, le naufrage tragique du Concordia à proximité des côtes toscanes le 13 janvier 2012 n’a finalement pas eu l’effet tant redouté par la profession, du moins sur le marché français. 2012 a encore enregistré une forte progression du nombre de passagers français embarquant pour une croisière sur l’une ou l’autre des mers du monde.
La hausse est de 9 %, selon l’Association française des compagnies de croisières (AFCC), qui a recensé 481 000 pax l’an dernier, contre 441 000 en 2011 (voir tableau).
Le phénomène n’est pas seulement français puisqu’un nombre record d’Européens sont partis en croisière l’an passé, 6 139 000 exactement, en progression de 1 % à peine cependant, selon les données de Clia Europe (Cruise Lines International Association) marquant ainsi un réel tassement après plusieurs années de forte croissance: 5 % en 2011, autour de 11 à 12 % les années précédentes. Bien qu’étant l’un des marchés les plus dynamiques du Vieux continent, la France n’arrive qu’en cinquième position en nombre de croisiéristes, derrière le Royaume-Uni, l’Allemagne, l’Italie et l’Espagne. Ces deux derniers marchés ont toutefois particulièrement souffert de l’aggravation de la crise économique, et affichent en 2012 une baisse respective de 8 % et 18 % des départs pour une croisière. Le nombre d’Italiens embarquant sur des paquebots est passé sous la barre des 800 000, tandis que les Espagnols n’ont plus été que 587 000 à partir en croisière.
Même si le marché français n’est pas parvenu à passer le cap du demi-million de croisiéristes, il n’est pas étonnant que les professionnels de la croisière regardent la France avec gourmandise. “Les acteurs de la croisière en France constatent avec satisfaction une progression du marché dans un contexte touristique plutôt difficile”, relève ainsi Georges Azouze, président de l’AFCC, avant de faire part de sa confiance dans l’avenir, car “ces considérations nous autorisent à formuler de bons espoirs sur le développement de ce marché dans les années qui viennent”. La France est le pays d’Europe où le potentiel de développement est le plus important.
Sur les 40 000 croisiéristes français supplémentaires enregistrés en 2012, la moitié a choisi la Méditerranée pour destination. La Grande bleue gagne donc encore des parts de marché, et domine largement le secteur en attirant plus de deux croisiéristes français sur trois. Même à l’échelle mondiale, d’aucuns lui prédisent, en relevant une présence accrue de non-Européens embarquant sur les navires croisant en Méditerranée, un avenir radieux et la première marche sur le podium des destinations les plus prisées des croisiéristes, devant la zone Caraïbes. Les Antilles, Caraïbes et Bermudes – justement – ont séduit 59 000 croisiéristes français en 2012, affichant ainsi une croissance de 37 % par rapport à 2011. La troisième mer de prédilection pour les Français se situe au Nord de l’Europe (Baltique, fjords norvégiens, mer du Nord). Près d’un croisiériste français sur dix a choisi de naviguer dans cette partie de l’Europe. Ce passager-là est prêt à débourser un peu plus d’argent pour partir en croisière et, est un peu plus âgé que celui qui, plus souvent en famille ou en groupe, choisit la Méditerranée. Des compagnies comme Royal Caribbean, qui retirera un navire de la Méditerranée l’an prochain pour le positionner sur le Nord de l’Europe, ou encore Costa Croisières qui va aussi renforcer sa présence dans cette zone en y ajoutant un cinquième navire en 2014, traduisent ce regain d’intérêt pour la Baltique et la mer du Nord.
Navires charters ou réservés pour des incentives (15 000 pax) et transatlantiques (11 000 pax) se partagent l’essentiel des autres passagers français de navires avec ceux qui ont choisi d’évoluer du côté de l’Océan Indien, du golfe arabo-persique et de la mer Rouge (7 000 pax). Des destinations que les compagnies tentent de développer ces dernières années. Pour cette saison, comme pour la suivante, l’offre sera encore étoffée, comme le montrent les nouveautés proposées par les compagnies maritimes et les lancements de navires à venir.
Annoncée en décembre 2012 par Georges Azouze, président, la transformation de l’Association française des compagnies de croisières (AFCC) a été entérinée à l’unanimité par son assemblée générale du 27 mars dernier. Elle sera effective à partir du 1er janvier 2014, date à laquelle elle deviendra officiellement Clia France, déclinaison locale de la Cruise Line International Association qui fédère petit à petit les anciennes structures nationales qui s’étaient donné pour mission de promouvoir la croisière. “La modification de sa structure permet à l’industrie de la croisière de soutenir ses membres en France tout en faisant en sorte qu’ils bénéficient des programmes globaux de Clia sur le marché européen”, explique Manfredi Lefebvre d’Ovido, président de Clia Europe. “Nous allons adapter divers outils de Clia pour le marché français, notamment développer de nouvelles possibilités d’e-learning sur la croisière pour les agents de voyages”, complète de son côté Anne-Claire Roos, trésorière et coordinatrice de l’AFCC.