Salon Tianguis. Progressivement, la fréquentation touristique française au Mexique se rapproche de ses plus hauts historiques. Le Conseil de promotion touristique du pays souhaite développer des programmes culturels afin d’élargir une offre jusque-là dominée par le balnéaire. Une orientation qui ne peut pas déplaire au marché français, même si la destination reste perfectible sur plusieurs points.
L’année 2012 s’est plutôt bien terminée pour le marché français au Mexique. Avec 202 855 visiteurs enregistrés sur les différents aéroports du pays, la France augmente son score de 8,6 % par rapport à 2011, et de 19,2 % comparé à 2010. Pour autant, elle ne retrouve pas encore son niveau historique de 2008, où elle avait dépassé les 208 000 visiteurs. “Un bon résultat teinté d’une petite déception”, relativise Renée Gonzalez de La Lama, directrice adjointe du Conseil de promotion touristique du Mexique (CPTM), à Paris. “Un très bon résultat”, juge pour sa part Rodolfo Lopez Negrete, directeur général du CPTM à Mexico-City. La dynamique semble pourtant bien lancée. Pour preuve, le retour du partenariat d’Air France qui, en partenariat avec Aeromexico, a permis à la délégation française emmenée par Dominique Berthelot, directrice du CPTM en France, d’enregistrer lors de la dernière édition du salon Tianguis, la venue d’une vingtaine de participants, dont sept groupistes. Un salon professionnel qui, pour la première fois, a choisi de s’installer du 17 au 20 mars derniers, à Puebla, ville coloniale de l’intérieur du pays.
On se souvient que le Tianguis avait élu domicile à Acapulco depuis sa création, avant de rejoindre l’année dernière, Puerto Vallarta, toujours sur la côte de l’Océan Pacifique. Par ce choix de Puebla pour cette année, l’état fédéral a marqué sa volonté d’élargir l’image d’un pays majoritairement connu par ses visiteurs internationaux pour ses plages. Claudia Ruiz Messier, nouvelle Secrétaire au Tourisme du Mexique, l’a bien souligné lors de l’inauguration de cette 38ème édition: “C’est l’occasion pour tous de vérifier que le Mexique est autre chose qu’une simple destination balnéaire”. Pourtant, ce sont bien les États-Unis et le Canada qui, proximité oblige, et avec 69,5 % du nombre des arrivées internationales, fournissent l’essentiel de la fréquentation touristique mexicaine, en se rendant massivement, autant sur les plages de la côte Atlantique que sur celles de la côte Pacifique. Mais, sur les années récentes, la progression de ces marchés est plutôt au ralenti, contrairement aux pays sud-américains (Argentine, Brésil, Colombie,…), dont l’économie fulgurante tranche avec l’atonie de certains pays européens, l’Espagne au premier rang (voir notre encadré).
Cette nouvelle orientation n’a pas brisé l’élan du Tianguis qui s’affirme de plus en plus en Amérique Latine, bien au contraire. Quarante-deux pays différents étaient représentés, contre 38 l’année dernière. Et parmi eux: 600 acheteurs en provenance de 33 pays, contre 30 un an auparavant. Claudi Ruiz Messier encourage, en fait, l’optimisme de Dominique Berthelot: “Nous devrions être capable d’atteindre à terme les 600 000 clients français au Mexique”, a-t-elle déclaré au moment de la négociation de son budget à Mexico-City. Elle pourra compter sur l’engagement de plusieurs acteurs présents à Puebla. Celui de François Gauthier, par exemple, chef de produit chez Verdié Voyages, à Rodez (12). “Le Mexique est chez nous une destination classique que nous programmons régulièrement depuis une quinzaine d’années. Après l’épisode de la grippe mexicaine en 2008 qui a plombé la destination, nous assistons dorénavant à un engouement croissant de la clientèle. Nous avons enregistré une dizaine de groupes l’année dernière, soit environ 400 personnes. Toujours en suivant un axe culturel, je souhaiterai dans l’avenir élargir la programmation de ce pays, en dehors des classiques Cancun-Mexico-City”. Mais pour réaliser ces ambitions, il faudrait élargir sensiblement l’offre aérienne. Celle-ci reste encore aujourd’hui assurée, depuis la France, par trois compagnies: XL Airways (qui présente les prix les plus favorables au marché touristique), Aeromexico et Air France. Cette dernière qui, sur Cancun, reste dans l’attente d’annoncer pour l’hiver prochain une quatrième rotation hebdomadaire, alors que le marché demande davantage, et notamment la pérennité de ce vol durant toute l’année. Cette situation tendue sur l’offre aérienne pèse sur le niveau de prix qui reste relativement élevé. Béatrice Chemin, conseillère en voyages chez Intermèdes à Paris, le confirme: “Le Mexique est une destination chère qui doit affronter la concurrence d’autres pays qui sont en vogue aujourd’hui, tels que l’Inde, l’Indonésie, la Birmanie… Bien sûr, il reste une valeur sûre pour les groupes culturels qui sont notre spécialité”. Maureen Videau, chargée de ventes chez Amplitudes à Toulouse, reste cependant confiante: “Jusqu’à ce jour, nous proposions cinq programmes, dont un combiné Guatemala, un circuit et trois autotours et, compte-tenu de la demande croissante, nous étudions l’ajout d’un programme supplémentaire”.
L’année prochaine, le Tianguis rejoindra Cancun avant de se réinstaller à Acapulco, en 2015, puis de repartir en mode itinérant, en 2016, où la ville de Mazatlan est pour l’instant la première candidate.
Créée en 1998, à La Paz, par Fabrice Pawlak, un ingénieur des pétroles français qui a eu un coup de cœur pour le tourisme, la société Terra Group s’est progressivement développée sur l’ensemble de l’Amérique Latine et jusqu’en Afrique du Sud. Aujourd’hui, depuis Mérida dans le Yucatan, c’est Olivier Tibi qui gère, avec six employés, Terra Maya, réceptif au Mexique, principalement à destination des marchés francophones. Une activité qui croît à un rythme annuel supérieur à deux chiffres, et qui a concerné l’année dernière un peu plus d’un millier de clients, représentant un chiffre d’affaires de 1,2 million d’euros. “Le client français se caractérise des autres par sa recherche d’authenticité, des sites historiques, des rencontres avec la population… De ce point de vue, il est bien différent des clientèles américaine ou italienne qui se contentent de la plage”, constate Olivier Tibi. D’où une adaptation particulière des cinq à six programmes que proposent Terra Maya. Ceux-ci sont principalement dédiés aux groupistes, aux spécialistes du secteur Mice et incentive, et peuvent être adaptés aussi à des formules sur mesure pour des individuels. “Nous travaillons pour une quinzaine de voyagistes ou groupistes français. Nos circuits incluent les visites des sites archéologiques majeurs, se terminent souvent par un épisode balnéaire mais se singularisent par des visites de familles mayas, des découvertes insolites, des participations à des stages d’artisanat, de gastronomie locale,…”, précise Olivier Tibi. Pour autant, si les programmes de Terra Maya sortent des sentiers battus, leur géographie reste souvent immuable, puisque 60 % concernent la péninsule du Yucatan, 30 % la Transmexicaine, avec une entrée à Mexico-City et une sortie Cancun, et seulement 10 % la côte Pacifique Ouest ou le reste du pays. “Le Mexique présente une telle densité de curiosités culturelles et une telle surface que même pour des touristes qui reviennent plusieurs fois, il reste toujours des sites majeurs à visiter qui rendent difficile la découverte d’autres régions ou d’autres villes coloniales, explique Olivier Tibi. Nous les proposons, mais malheureusement, cela ne se vend pas. La diversification des programmes reste encore difficile à ce jour”. Terra Maya vient de mettre en place un nouveau logiciel b to b, initié par Fabrice Pawlak et bénéficiant de l’interface Google, “Toogo”. Sur l’ensemble des dix implantations de Terra Group, il permet aux groupistes d’obtenir pratiquement en un claquement de doigt, une cotation livrée en plusieurs langues, plusieurs devises… “Devis, confection et présentation des programmes, gestion des réservations… , il permet de gérer de A à Z l’ensemble du process fabrication-vente”, détaille Olivier Tibi.