Odyssée Le groupe nantais de Gérard Carnot lance Safaris à la carte, histoire de compléter son offre marine (Ultramarina) par une évasion terrestre et de contenter sa clientèle de plongeurs naturellement passionnée de faune et de flore.
CETTE nouvelle tentative de diversification pourrait être la bonne. Après s’être essayé à la Chine avec le rachat en 2004 du TO parisien Espace Mandarin, pas encore développé comme prévu initialement, le pdg du groupe Odyssée (marques Ultramarina, Australie à la carte), Gérard Carnot, pourrait avoir tiré le bon numéro en lançant en octobre dernier Safaris à la carte. “Je ne m’attendais pas à monter de dossiers avant la fin 2011, mais j’en ai une dizaine en cours. Dont un groupe de 25 sur le Bostwana. Je n’imaginais jamais envoyer des groupes de cette taille dans ce pays”, raconte Naïa Zappa, chef de produit de Safaris à la carte.
L’offre de la nouvelle marque du groupe se concentre, pour le moment, sur six pays: l’Afrique du Sud, la Tanzanie, le Kenya, la Namibie, le Bostwana et le Canada (en Colombie-Britannique pour aller voir les grizzlis). L’Inde doit également s’ajouter à l’offre cette année (pour aller voir les tigres). Puis rapidement, l’Australie, l’Équateur pour les Galapagos et des extensions vers l’Ouganda et le Rwanda pour les gorilles. Ainsi que vers l’Antarctique pour aller voir les manchots, les pingouins, les phoques et les baleines.
Pour Gérard Carnot, il s’agit de proposer des voyages à un rythme paisible pour vrais “fondus de bestioles” capables de rester admirer des lions pendant quatre heures si l’occasion se présente. Son intuition d’entrepreneur: “Il existe une envie grandissante de nature préservée!” À travers Safaris à la carte, il cherchait, au départ, à séduire sa clientèle de plongeurs constituée depuis vingt-cinq ans avec Ultramarina, sa marque de spécialiste de la plongée. Il voulait leur proposer autre chose, avec le même niveau d’exigence, haut de gamme. Son idée est, d’ici peu de temps, d’organiser des départs fixes en compagnie d’un spécialiste reconnu, un photographe, un vidéaste, un biologiste ou un astronome, en fonction de la destination. Celui-ci s’ajoutera à l’équipe accompagnatrice de base composée d’un guide maison et du guide local, déjà bon connaisseur de la faune. Cette approche additionnant les connaissances pointues est largement revendiquée sur le site internet de Safaris à la carte. On peut y lire: “Une usine au lac Natron en Tanzanie? Ce lac est réputé pour sa magnifique couleur rosée et pour être le principal lieu de nidification des flamants nains… Mais la présence d’une grande quantité de soude offre la possibilité au gouvernement tanzanien d’installer une usine afin de devenir l’un des plus gros producteurs de soude au monde. Une aubaine pour la population très pauvre de la région, mais une catastrophe pour les associations et les professionnels du tourisme”, témoigne Mathilde Chevallier, l’Internaute. Les passionnés doivent y trouver leur compte. Ce sont eux qui, en ces temps d’incertitude économique, sont prêts à dépenser pour voyager.
Pour monter les produits, pas de contrat avec des réceptifs locaux. Pas non plus de chambres retenues. Les volumes du groupe Odyssée ne suffisent pas. Simplement une sélection de fournisseurs.
Dans chaque pays, Naïta Zappa a prévu trois niveaux de confort de l’hébergement, ce qui fonde le gros des différences de prix: basique mais pas bas de gamme dans des lodges de 50 chambres; charme dans des camps plus petits; luxe véritablement dans le haut de gamme. La proposition moyenne varie entre 3 000 et 3 500 euros.
L’autre idée de base de cette nouvelle offre était de jouer la complémentarité entre la plongée et le safari terrestre. Elle fonctionne déjà très bien en Tanzanie sur des produits combinés plongée dans les îles Penda et Mafia, près de Zanzibar, et des visites de parcs dans le sud ou le nord du pays. En Australie, que le groupe connaît bien à travers sa marque Australie à la carte, Naïta Zappa prépare aussi des propositions spécifiques autour des kangourous et des koalas du côté de Kangaroo Island et du parc Kakadu. Elle fera le tour des agences les plus fidèles du groupe au printemps.
Source de satisfaction, pour le moment, l’offre Safaris à la carte ne séduit pas seulement les clients connus. La moitié d’entre eux “frappent à la porte” pour la première fois, notamment à l’occasion des fêtes de Noël. Arrivés aussi bien en direct que par l’intermédiaire des agences (les marques d’Odyssée ne sont pas référencées dans les réseaux mais revendues par un bon nombre d’agences, Ultramarina à 25 % et surtout Australie à la Carte commercialisée à 60 % par elles). Les contacts par internet fonctionnent aussi très bien. Cela se vérifie encore pour Safaris à la carte. “Nous avons totalement abandonné les catalogues. Toute notre promotion passe par internet. Nous investissons la même somme d’argent qu’auparavant en travail et en achat de mots-clés et autres abonnements à Google Adwords qui coûtent cher mais dont la puissance est devenue incontournable. C’est ainsi que nous amassons un grand nombre de nouveaux contacts”, indique Gérard Carnot.
Les équipes de Safaris à la carte ont été formées en interne. Pour le moment, cinq spécialistes, un dans chacune des agences du groupe (Nantes, le siège; Paris; Lyon; Marseille; Genève). “Des personnes qui possédaient toutes une compétence particulière, notamment dans le domaine animalier, en plus d’être familières du fonctionnement du groupe. Mais Lise, à Nantes, était surtout allée déjà trois fois en Afrique du Sud et en Namibie. Nous renforcerons les équipes si le marché décolle”, explique Gérard Carnot.
Le pdg d’Odyssée, en pleine croissance, tente l’aventure de Safaris à la carte dans un contexte porteur pour le groupe. Avec la crise, même si le panier moyen diminue, Odyssée a connu une croissance de 15 % l’an dernier, faisant voyager au total 8 370 clients. Le groupe a terminé sur un chiffre d’affaires de 15,59 millions d’euros. “Même si l’an dernier, nous avons eu moins de clients sur l’Australie, nous avons bien traversé la crise. Nous resterons toujours petits. Nous sommes 35. Notre survie, nous la devons au fait de demeurer très spécialisés. Mais depuis vingt-cinq ans, nous avons cela dans nos gènes. Nous voulons absolument préparer des voyages aux petits oignons pour nos clients, faire du vrai sur mesure”, détaille avec passion Gérard Carnot. L’aventurier ne s’est pas fixé d’objectifs pour Safaris à la carte en 2012. Mais il espère dépasser les 5 % accomplis jusqu’ici grâce à Espace Mandarin, sa diversification vers la Chine (contre 60 % dans la plongée et 35 % vers l’Australie). Les premières commandes lui indiquent que cela pourrait aller vite.