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Cimetières de guerre normands, des lieux de mémoire très fréquentés 

Loisirs | publié le : 29.05.2019 | Dernière Mise à jour : 29.05.2019

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  • Antoine Agasse (AFP)

Contrairement à la fréquentation de nombre de musées consacrés au débarquement de 1944, qui stagne, celle des cimetières augmente continuellement. Parfois très fortement, comme au cimetière américain d'Omaha Beach à Colleville-sur-Mer.

Dans ce site du Calvados, le nombre de visiteurs augmente de 10% par an, selon son directeur Scott Desjardins, qui pense en attirer deux millions cette année. Surplombant la falaise, ce cimetière aux 9.387 croix ou étoiles de David blanches parfaitement alignées sur un gazon vert au milieu d'un immense terrain boisé de 70 hectares frappe le visiteur par son décor majestueux. "On est dans l'ostentatoire, dans l'affirmation de la victoire", décrit Isabelle Bournier, directrice des affaires culturelles au Mémorial de Caen et auteure du livre "Les cimetières militaires de la bataille de Normandie" (éditions Ouest-France, mars 2019).
Tout y est immense: les mâts des drapeaux américains, les alignements de croix, les arbres mais aussi la foule des touristes.    
   - "Je t'aime toujours Agnès" -
Les 22.000 soldats du Commonwealth morts en Normandie sont au contraire éparpillés dans 18 cimetières, dont le plus petit ne compte que 47 tombes. A Bayeux, chacune des 4.648 stèles blanches est fleurie de plantes vivaces et de rosiers, au milieu d'un terrain arboré de grands marronniers d'Inde. "C'est le petit jardin qu'ils auraient eu s'ils étaient rentrés chez eux", explique William Moody, un homme au visage rond et barbu, âgé de 67 ans, dont 51 années à s'occuper de cimetières militaires.
Contrairement aux Américains, les Britanniques n'ont rapatrié aucun corps et leurs cimetières comptent de nombreuses tombes allemandes mais aussi russes, tchèques, polonaises ou françaises. "Certains sont venus de très loin se battre sur une terre étrangère et ne sont jamais rentrés", souligne M. Moody. Les stèles sont à l'image de ces origines diverses, certaines portent l'étoile soviétique, d'autres celle de David ou des mots en arabe pour les musulmans.
Chaque stèle est en outre gravée d'une inscription choisie par les proches du soldat défunt, dont la lecture donne une idée de l'immense douleur engendrée par la guerre. Certains mots sont émouvants comme cet énigmatique "Je t'aime toujours Agnès" (en français) sur la tombe d'un caporal de 26 ans du Royal Armoured Corps. "Des jeunes sont morts, qui avaient l'âge de s'amuser", dit gravement M. Moody, qui semble se consacrer tout entier à sa mission, celle de "rendre hommage à ces soldats morts pour notre liberté".
   - "Cimetière de vaincus" -
A 25 kilomètres de là, le cimetière allemand de La Cambe incarne lui "le cimetière de vaincus", selon les mots de Mme Bournier. Plus de 21.000 sépultures sont réunies sur 7,5 hectares, au bord d'une autoroute. On y entre par une porte étroite qui ne permet le passage que d'une seule personne "parce qu'on est seul face à la mort", explique Marie-Annick Wieder, administratrice du cimetière. Quelques croix noires parsèment le cimetière mais les sépultures sont signalées par de simples plaques en terre cuite fixées au sol. Au centre, un tumulus surmonté d'une énorme croix noire de basalte domine les lieux. "Sombre est la colline sur la tombe des soldats", peut-on lire sur un bloc de granit. "On dit que c'est le cimetière des jeunes soldats qui n'avaient pas choisi la cause, ni le combat", explique Mme Wieder, qui précise que 80% des soldats qui y sont enterrés avaient "à peine 20 ans".
Environ 450.000 personnes s'y rendent chaque année, alors qu'il y a quelques décennies "les gens n'osaient pas venir", dit-elle. 
Cela ne va d'ailleurs pas sans poser problème. La plaque funéraire du SS Michael Wittmann, l'un des chefs de char allemands les plus redoutés, a ainsi été volée à deux reprises en 2015 et 2018. Et de nombreuses gerbes et photos y sont régulièrement déposées. "Ça montre qu'il y a toujours des gens fascinés et qu'on a encore du travail à faire", souligne Mme Bournier.

 

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