C’est une île urbaine méconnue qui a subi les assauts de l’industrie et de l’armée. Au sud de Paris, l’île Saint-Germain se visite jardin après jardin, dans les pas d’un guide écolo. Elle est désormais inscrite dans le catalogue de l’e.boutique #ExploreParis.
Nul besoin de s’éloigner de Paris pour s’immerger dans la campagne profonde. Prendre le tramway en lisière du périphérique puis franchir une passerelle piétonne en poutre-treillis suffiront pour gagner l’île Saint-Germain, ce croissant de terre posé entre deux bras de la Seine. Elle a pour horizon au nord Boulogne-Billancourt et au sud la ville d’Issy-les-Moulineaux. Et pour voisine l’île Seguin, autrefois fief de la construction automobile avec les usines Renault. Mais il ne faut pas se fier à ses herbes folles et son label écologique : cette île de ville a bataillé ferme pour préserver sa sérénité et échapper à l’industrialisation. Au XIXe siècle, les peintres y déposaient leur chevalet, au milieu des promeneurs du dimanche. En 1867, l’île accueille le pavillon de l’agriculture de l’Exposition universelle, plus tard des manufactures de verre, puis un détachement de l’armée, remplacé aussi sec par les maisons modestes des ouvriers de Renault. Quand les quais de la Seine se couvrent de hangars, elle manque être transformée en zone portuaire pour le stockage du sable et du ciment. C’en est trop pour les élus et les riverains qui montent au créneau, au point de lui faire accorder dans les années 90 le statut de parc départemental labellisé Espace végétal écologique. Soit un écosystème d’une vingtaine d’hectares qui évolue librement au fil des saisons.
Dans le sillage du guide de #ExploreParis, la balade s’effectue dans le sens inverse des aiguilles d’une montre. Remontons vers le nord-est par une grande prairie, au-delà du poney-club installé dans une ancienne halle du XIXe siècle, d’un peuplier noir centenaire et d’un arbre plié par la tempête de 1999 qu’un sculpteur bienveillant a transformé en œuvre d’art. Là se dresse la Tour aux Figures de Dubuffet, une sculpture monumentale de 24 mètres de haut, hachurée de rouge sur fond blanc. Inaugurée en 1988, cette ossature de béton armé habillée d’époxy est aujourd’hui en travaux. Vivement qu’elle soit rendue à la visite ! Car l’œuvre, un labyrinthe ascensionnel, s’admire aussi de l’intérieur. Bien plus discrets sont les jardins cachés du parc. De petits espaces protégés, livrés à la menue faune de l’île, à sa flore exubérante. Jardin des lavandes, jardins imprévus, jardin des messicoles… dessinent à chaque fois des paysages différents, aux parfums puissants. Un maquis méditerranéen, un champ de fleurs sauvages…
Dans le jardin des découvertes, conçu comme un labyrinthe en forme d’escargot autour d’une mare et d’un potager, le guide invite son public à goûter quelques pétales de bourrache. Et à apprécier l’arrière-goût d’huître de cette plante très prisée des grands cuisiniers paraît-il. Puis loin, il saisit au vol une cétoine dorée, la libère et pointe les pavés historiques mêlés aux herbes, vestiges des baraquements militaires. Car l’île, toute écologique soit-elle, sait raconter son histoire au gré de quelques ruines fondues dans le décor. Marcher ici, c’est respirer et s’instruire.
* Visites guidées avec #ExploreParis, à partir de juillet 2019. Après la balade déjeuner dans le restaurant L’Ile installé dans un pavillon Napoléon III, ou pique-nique (attention, dans certaines zones du parc uniquement). exploreparis.com