Pour rappel aux jeunes générations du monde du voyage, Pierre Doulcet est l’un des pères de la presse professionnelle touristique. C’est avec tristesse que nous venons d’apprendre son décès à 91 ans.
Je vous parle d’un temps que les moins de 20 ans, et même les moins de 40, ne pourrons pas connaître. La presse touristique professionnelle en ce temps-là était abondante et vibrante de combats qui se prolongent encore aujourd’hui. L’une de ses figures marquantes est - fut - sans conteste Pierre Doulcet, père prolixe puisqu’on doit successivement la création de VM7 magazine, auquel a succédé Tour Hebdo, dans les années 70, puis Le Quotidien du Tourisme dans les années 90, pour se prolonger encore par L’Univers des Voyages.
A côté d’autres figures tutélaires de la presse professionnelle comme Mady Hesch et Pierre Amalou, il est à l’origine de nouveaux concepts auxquels il apportait un ton volontiers provocateur, jamais autant ravi que d’avoir suscité une belle polémique, voire un début de scandale.
Rivé à son téléphone à toute heure du jour, il savait lever les scoops et les dessous de carte en commençant toutes ses conversations par un « alors quoi de neuf chez vous », incitant à la confidence ou à la révélation, noyée dans la fumée de ses cigares.
Depuis, il faut bien le reconnaître, cette presse de combat - et parfois de fureur - s’est un peu assagie. Elle y a gagné en sérieux et en analyse, elle y a perdu sans doute aussi en impertinence et en couleurs. Les « anciens » de notre profession se souviendront des invectives et des envolées souvent partisanes écrites à l’encre rouge autant qu’à l’encre noire. Il y avait parfois un peu de mauvaise foi dans les prises de position, mais toujours une passion dévorante pour le tourisme en général et les agents de voyages en particulier. Pierre Doulcet était un passionné et l’est resté jusqu’à ses derniers jours. S’il a su prendre du recul, et s’il s’est fait naturellement plus discret ces dernières années, il reste une figure légendaire, aussi attachant qu’il pouvait être bougon ou mordant. Il m’a accompagné dans mes premières années de journaliste touristique et je lui en garde un profond respect.
L’équipe réunifiée de Tour Hebdo et du Quotidien du Tourisme a conscience de l’héritage qu’elle lui doit et s’associe à cet hommage personnel.
Tous nous présentons nos plus sincères condoléances à sa famille et ses proches. La grande famille du tourisme a perdu un pionnier.