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Jean-François Martins, adjoint à la Maire de Paris, en charge du Tourisme et du Sport

Bus & Car - Tourisme de Groupe | Entretien | publié le : 06.06.2018 | Dernière Mise à jour : 06.06.2018

Conseiller de Paris - Jean-François Martins adjoint à  la maire chargé sport, tourisme et Jeux Olympiques et Paralympiques

Crédit photo

Auteur

  • Bruno Courtin

Elu conseiller du XIe arrondissement de Paris le 8 avril 2010, réélu le 30 mars 2014, il a été nommé adjoint à la Maire de Paris, le 5 avril 2014, chargé de toutes les questions relatives au sport et au tourisme puis, à compter du 6 octobre 2017, de toutes les questions relatives au sport, au tourisme, aux Jeux Olympiques et Paralympiques. A ce titre, il est l’interlocuteur des professionnels du Tourisme et revient avec nous sur les sujets du moment.

Le Comité Autocar vient de se tenir à l’Hôtel de ville, comment en décririez-vous l’atmosphère après les relations un peu tendues qui ont suivi l’édition de 2016 et la manifestation des autocaristes de décembre 2016 ?

Nous restons dans une dynamique de dialogue avec les professionnels tout en gardant à l’esprit la convergence de deux enjeux majeurs : tout faire pour entretenir le développement touristique de la capitale et notamment celui qui est véhiculé par les autocars et, par ailleurs, faire face aux dangers de la pollution atmosphérique et préserver dans les meilleures conditions possibles l’occupation de l’espace public. Notre état d’esprit est vraiment de trouver la convergence de ces exigences dans un dialogue pacifié.

Les organisations patronales de transporteurs autocars ont davantage le sentiment que dans cette recherche d’équilibre, le fléau de la balance pèse davantage en direction des Parisiens que des visiteurs, de l’étranger ou de la province, qui sont privés des attraits de leur capitale…

Nous assumons le fait que les décisions qui sont prises par la Ville sont d’abord motivées par l’intérêt des Parisiens. C’est un fait et les grandes villes qui ont un peu trop facilement oublié cette priorité se retrouvent aujourd’hui confrontées à des phénomènes de sur-fréquentation et de rejet de la part de la population, comme cela a pu être le cas à Barcelone. Nous devons rester absolument vigilant pour garantir « l’acceptabilité » du tourisme à Paris par ses habitants. N’oublions pas la réalité des chiffres. Paris accueille quelque 30 millions de visiteurs annuels et la qualité de cet accueil est primordiale. Je me dois de souligner aussi que le tourisme de groupe en autocars est loin d’être le segment majoritaire sur Paris. La vérité oblige à dire que la plupart des visiteurs utilisent les transports en commun. Les « FIT », les visiteurs individuels représentent 92% de la fréquentation parisienne et le tourisme de groupe, pour important qu’il soit, ne compte que pour les 8% restants. Cela ne veut pas dire qu’il est insignifiant, car il correspond notamment à la venue des « primo visiteurs », en provenance des pays émetteurs émergents qui se déplacent beaucoup en autocars. Notre préoccupation majeure est bien d’intégrer cette activité mais dans un équilibre plus global de la fréquentation parisienne.

Diriez-vous que les autocars sont un « mal nécessaire » dans Paris dont il faut limiter au maximum l’impact sur la pollution, la circulation, la perturbation visuelle… ? Les décisions récentes de limitation du stationnement sur plusieurs grandes zones ont donné ce sentiment aux professionnels

Vous faites sans doute référence à des travaux qui sont menés sur plusieurs zones parisiennes en plein aménagement, comme la Porte Maillot. Je regrette de dire que la vie et les décisions prises en termes d’aménagement urbain ne peuvent pas être entièrement soumises au rythme des autocars. Il ne faut pas prendre des conséquences que nous essayons de pallier pour une volonté de compliquer la vie aux professionnels. L’aménagement de la Porte Maillot est un sujet complexe parce qu’il concerne à la fois le prolongement de la ligne Eole, la reconfiguration de la place elle-même avec des travaux sur le Palais des Congrès et la poursuite d’un second projet majeur, la couverture du périphérique avec le quartier des Mille Arbres. C’est un ensemble complexe avec des conséquences immédiates sur la circulation et le stationnement de tout le monde, Parisiens, visiteurs, autocaristes et autres professionnels. Tout les travaux conduits sont à l’horizon 2023-2024 et nous proposons des solutions alternatives dans le XVIe arrondissement ou boulevard Gouvion St-Cyr car nous avons bien conscience que l’axe de la Porte Maillot est important pour la dépose de visiteurs. Nous y proposerons d’ailleurs en fin de travaux des places réservées supplémentaires aux autocars.

Avez-vous été surpris du nombre d’autocar Euro6 en circulation et abonnés au Pass Autocar, qui traduit un véritable engagement écologique de la profession ?

C’est effectivement un très bon signe de la prise de conscience des professionnels du transport des enjeux de santé et de préservation de l’environnement. Les entreprises ont compris la nécessité d’investir massivement pour moderniser leur parc de véhicules avec une conséquence bénéfique immédiate puisqu’elles bénéficient dès lors des meilleurs tarifs de stationnement concédés aux véhicules les plus performants.

Cela reste néanmoins un coût important pour les entreprises qui ont une forte activité sur Paris ...

Nous avons simplifié la grille tarifaire du Pass Abonné à la demande de la profession et nous avons établi cette grille en prenant en référence la pratique des grandes villes européennes. Nous sommes tout à fait dans une moyenne raisonnable. Le coût reporté à la place reste, à mon sens, très acceptable et ce n’est pas une augmentation d’un ou deux euros qui va déterminer le choix de la destination et un report éventuel vers d’autres villes compte-tenu de l’attrait parisien.

Pour aborder la question de la fréquentation, Paris a retrouvé un fort volume de fréquentation étrangère, notamment en provenance des Etats-Unis et de l’Asie, Japon compris, à quoi l’attribuez-vous ?

La vitesse de retour des visiteurs étrangers et la proportion de clientèles sensibles aux questions de sécurité sont telles que ce n’est pas simplement le fruit de la patience ou de la résilience naturelle du tourisme. Il y a eu un effort majeur de la part de la Ville qui a engagé, en 2017, 8 millions d’euros d’argent public, abondés par 4 millions supplémentaires des partenaires privés pour des campagnes ciblées. Le résultat est bien au-delà d’un rééquilibrage quand on constate que les visiteurs américains ont battu de nouveaux records de fréquentation – au-delà de 2 millions de séjours – et que toutes les clientèles asiatiques sont de nouveau présentes. C’est bien le fruit d’un effort soutenu. D’une certaine manière, nous avons été aidés par la tragique multiplication des attentats dans le monde, qui sont devenus des faits de société que l’on doit prendre en compte, intégrer dans la vie courante et qui ne sont plus spécifiques à des grandes villes, pas plus à Paris qu’ailleurs.

Après cet effort majeur, pouvez-vous vivre « tranquillement » sur cette lancée sans renforcer la promotion ?

Il faut bien évidemment continuer cet effort car la concurrence ne s’est pas relâchée, que ce soit de la part de l’Espagne ou de Londres. Les actions seront plus ciblées vers certains segments, comme le Luxe, qui ne s’est pas encore totalement remis des attentats de 2015, et vers certaines nationalités prioritaires. Nos efforts doivent porter un peu plus vers les Européens, qui sont plus facilement des « repeaters » avec un pouvoir d’achat plus élevé. Ils sont à la recherche d’expériences différentes, délaissant plus facilement les sites surchargés pour aller vers un Paris plus authentique du canal St-Martin, des parcours de street art du 13e arrondissement, … Nous allons aussi accentuer les promotions thématiques à l’occasion d’événements comme le tourisme golfique associé à l’accueil de la Ryder Cup en 2018 ou la communauté LGBT avec l’accueil prochain des Gay Games.

Allez-vous délaisser pour autant les visiteurs des pays que l’on dit « émergents » ?

Bien sûr que non, mais la stratégie est différente. Nous avons la chance d’être sur la liste prioritaire des « primo visiteurs », ceux en provenance de pays où la croissance du tourisme à l’export dépasse les 10% annuels. Nous savons que nous avons naturellement la possibilité de capter 5 à 6% de cette croissance. Ce sont des enjeux différents qui touchent à la qualité de l’accueil sur des sites souvent saturés.

Quelles sont justement vos priorités en matière de développement touristique de la capitale, pour générer des retombées positives économiques, sociales, culturelles, … ?

La première priorité est la diversification de notre offre. Nous devons prendre totalement conscience qu’il n’y a pas qu’un tourisme urbain mais des centaines de tourisme différents, avec des attentes particulières en matière de culture, d’art de vivre, d’activités, de budget. Le dénominateur commun étant la qualité de l’offre, qui est notre seconde priorité. Nous allons bénéficier d’un effet de levier avec les grandes manifestations programmées pour les années à venir comme les J.O. en matière de formation des personnels, de qualification, de digitalisation des offres, qui est un sujet majeur pour donner accès facilement à toutes les propositions disponibles. Nous vivons une forme de paradoxe difficile à gérer qui est celui d’une fréquentation redoublée des grands sites en voulant en même temps avoir le sentiment pour les visiteurs de ne pas être de simples touristes, de participer personnellement, intimement presque, à la découverte. La digitalisation peut apporter des solutions intéressantes. Nous avons aussi un défi collectif de décentraliser les visites, de les faire dépasser le périphérique pour aller davantage profiter des attraits de la Petite Couronne.

Justement, participez-vous activement à votre niveau à la préparation de l’accueil des grands événements à venir : Rugby 2023, JO 2024 qui débordent largement du centre ville ?

Je coiffe mon autre casquette d’adjoint au maire en charge du sport et des JO pour Paris et, à ce titre, je suis bien sûr impliqué dans l’accueil des Jeux et notamment pour faire en sorte qu’ils se diffusent au-delà de la capitale. Nous avons signé avec les CDT du Val de Marne et de la Seine-Saint-Denis, et aussi des Hauts-de-Seine, avant qu’il ne disparaisse, une convention qui s’appelle « Paris, Ville Augmentée ». C’est un contrat de destination, validé par Atout France, qui élargit l’action commune à toute la métropole du Grand Paris. (NDLR : voie encadré). Nous allons pouvoir nous concentrer sur d’autres aspects des J.O. que la construction des sites, puisque 95% d’entre eux sont déjà opérationnels. La promotion sera une forte préoccupation, pas tant pour attirer les spectateurs aux J.O. que pour s’assurer qu’ils vont contribuer à renforcer l’image positive d’une ville qui sait organiser de grands événements et accueillir le monde. L’autre aspect positif des J.O. est qu’il sécurise le calendrier de transformation de la ville, déjà engagé avec de nouveaux axes de circulation, la revitalisation de nouveaux quartiers, notamment en Seine-Saint-Denis.

Dans le cadre de ces grands événements, regrettez-vous ou comprenez-vous l’abandon de la candidature de Paris pour l’Expo Universelle 2025 ?

Je suis partagé, car si la candidature de Paris était souhaitée, je dois reconnaître que le dossier final n’était pas à la hauteur de ce qu’on pouvait attendre et que le risque financier pour les partenaires publics était important. Ce n’est pas tant l’Exposition Universelle en soi qui a été rejeté par l’Etat que le dossier qui n’était pas assez étayé, malgré un enthousiasme initial. Je reste persuadé que Paris a vocation à accueillir une Expo Universelle, ce ne sera pas celle-là.

Ai-je oublié une question à laquelle vous voulez néanmoins répondre ?

Il y a un sujet qui fait partie de nos priorités, c’est le développement de moyens autonomes de circulation dans la ville. Nous y travaillons avec des expérimentations en cours car cela peut répondre à cette convergence de l’accueil des groupes, sans doute plus petits, et la préoccupation environnementale puisque tous ces nouveaux moyens seront électriques. Je n’ai pas dit que tout était simple, il y a d’évidents problèmes de rupture de charge avec les véhicules plus gros, mais nous restons ouverts à la discussion avec les professionnels.

 

Encadré

Destination Paris, la ville augmentée

Contrat de destination, validé par Atout France et porté par l’Office du Tourisme et des Congrès de Paris, il a pour animateur Val-de-Marne Tourisme & Loisirs. Une centaine de partenaires y ont apposé leur signature de la Ville de Paris auWelcome City Lab, de la RATP aux offices du tourisme de la Petite Couronne, de l’Institut de Recherches et d’Etudes sur le Tourisme à des collectifs d’artistes, en passant par les opérateurs privés du tourisme parisien. Les objectifs énoncés de ce contrat sont :

- Contribuer à renouveler et dynamiser l’image de la destination Paris auprès des touristes européens (et notamment les jeunes), particulièrement sensibles à une image plus dynamique, moderne, innovante et conviviale de la destination ;

- Faire émerger et valoriser une nouvelle offre en matière de tourisme urbain ;

- Elargir résolument l’aire géographique des pratiques touristiques en renforçant la diffusion des flux touristiques depuis le cœur touristique vers les quartiers et territoires périphériques, à l’intérieur comme à l’extérieur du boulevard périphérique.

Cinq thématiques prioritaires ont été retenues dans un premier temps : art dans la ville et Street art, l’art contemporain, la ville cosmopolite, la vie nocturne, la nature en ville (espaces verts et voies d’eau)

 

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