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Entretien avec Frédéric Lorin, Directeur de l’IFTM Top Resa

Bus & Car - Tourisme de Groupe | Entretien | publié le : 04.09.2019 | Dernière Mise à jour : 04.09.2019

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« Promouvoir la Destination France d’une seule voix et avec force » Frédéric Lorin est avant tout un professionnel du tourisme, secteur dans lequel il a œuvré pendant des années dans les directions ventes et marketing de grands groupes.

 

De son passé de publicitaire, il a gardé un intérêt pour les évolutions sociétales. Depuis près de quatre ans à la tête de l’IFTM Top Resa, il n’a de cesse de faire coller le salon avec les réalités du marché. Décryptage de l’édition 2019.

Comme organisateur de salon, vous considérez-vous comme un observateur de l’industrie touristique en lui offrant un espace de rencontre et de business ou pensez-vous avoir un rôle à jouer dans son organisation, son développement…?

Un observateur, forcément mais pas que. Un observateur, en effet, car comme tout acteur du tourisme je suis immergé dans ce marché et j’en vis les évolutions et parfois les dérives au quotidien. A cet égard d’ailleurs, un salon B2B comme IFTM est une formidable plateforme d’observation de l’écosystème et de ses tendances et évolutions. Mais je m’attache aussi à être un acteur du « Marché » par ma proximité avec lui. Une proximité que je concrétise par la rencontre régulière avec les présidents de syndicats et d’associations, proximité avec les dirigeants de nombreuses entreprises avec lesquels j’échange régulièrement sur le métier. Je me fais un devoir aussi d’être régulièrement et fortement présent sur la multitude d’évènements qui animent le marché, que ce soit sur le Loisir comme sur le Business Travel. Et d’ailleurs, à bien y réfléchir, être observateur n’est pas antinomique à être acteur car si vous êtes un bon observateur vous pouvez ensuite proposer des initiatives, saisir des opportunités en essayant de faire bouger et évoluer les choses car : « Qui mesure progresse ».

Ce monde du tourisme est en mouvement perpétuel avec un mélange des genres, qui conduit parfois les uns à jouer sur le terrain des autres, autrefois partenaires. Un salon comme l’IFTM Top Resa peut-il apporter un peu plus de clarté dans ces relations ?

Un peu de modestie ou de réalisme ne nuit pas. Un salon, quel qu’il soit, n’organise pas et n’organisera jamais un Marché. En revanche, un salon leader comme l’IFTM a pour mission d’être en capacité d’être LA vitrine exhaustive du marché dans toutes ses composantes et ses évolutions. C’est donc bien par la bonne analyse de ces changements et de ces tendances que nous pouvons, sur le salon, apporter de la clarté et de l’intelligence dans la présentation de l’offre.

Quels sont pour vous les moteurs les plus actifs de la dynamique tourisme (destinations, TO, transporteurs, distributeurs,) et comment s’appuyer sur eux ?

Ce n’est ni trahir de secret ni faire injure de simplement constater qu’aujourd’hui sur le marché français, c’est la distribution qui à la main et qui dicte ses conditions. C’est d’ailleurs une particularité de ce marché français. Je discutais, pas plus tard qu’hier, avec l’UPAV, l’équivalent des Entreprises du Voyage en Belgique et à cet égard, le marché belge est à l’inverse de nos pratiques. Là, tout comme en Allemagne ou au Royaume-Uni, ce sont les tour-opérateurs qui font « leur loi ». Cette situation, propre au marché français, peut avoir des effets pervers et inciter à des stratégies de contournement du B2B vers plus de B2C, de prises de participation de T-O dans des réseaux de distribution, de rachats de T-O par des compagnies aériennes, de T-O par la Caisse des dépôts etc. Tout ceci rend en effet le marché parfois moins lisible. L’IFTM Top Resa a fait le choix délibéré et symbolique de placer, cette année, le village des Réseaux au cœur du salon, à proximité immédiate de celui des T-O. Si vous vous souvenez bien, il était davantage sur le côté du hall dans les éditions précédentes. C’est donc une forme de reconnaissance de son importance. Je ne le dirai jamais assez - et c’est un engagement que je prends chaque année vis-à-vis des exposants-, sans agents de voyages dans les allées, il n’y a pas de salon qui vaille.

Très schématiquement le monde du voyage peut se découper en trois secteurs « voyages des Français à l’étranger », « voyages des Français en France » « voyages des Étrangers en France », pensez-vous couvrir correctement ces trois domaines à travers les propositions du salon ?

C’est un peu schématique, en effet, car c’est avoir une vision orientée très « loisirs » du monde du voyage, alors que le « business travel » en représente une part grandissante et que le voyageur est désormais un et indivisible dans ses motivations. Nous sommes assurément fortement positionnés sur l’Outgoing (les vacances à l’étranger) car c’est l’ADN historique du salon et la grande majorité des pays étrangers viennent présenter leur offre sur IFTM. Concernant les vacances des Français en France, nous essayons d’améliorer chaque année la Zone Destination France afin de promouvoir au mieux ce segment de marché. Des améliorations, qui - je pense- seront clairement perçues, ont d’ailleurs été apportées sur cette édition 2019. Je m’étonne à cet égard du manque de soutien des Régions ou autres structures nationales dans la promotion de notre pays sur le salon. Car enfin, même si IFTM se tient sur le territoire français, son visitorat est à plus de 70% constitué de Français et devrait peut-être intéresser à ce titre les instances responsables de la promotion du Tourisme en France. A noter d’ailleurs que ce chiffre correspond à peu près à la part de la dépense globale générée par les touristes français en France. CQFD. Enfin, concernant le « voyage des étrangers en France », il s’agit là de la mission quasi régalienne d’Atout France que d’en faire la promotion.

Dans cette couverture de tous les segments du voyage, y a-t-il encore des améliorations à proposer ?

Oui, clairement, nous devons encore trouver la bonne façon d’être plus présent sur le segment MICE du tourisme d’affaires.

La technologie et les nouveaux acteurs digitaux du tourisme sont bien présents sur le salon, est-ce une volonté affirmée de différenciation ?

Au risque de me répéter, la vocation du salon est d’accompagner le marché dans ses évolutions voire ses mutations. Concernant la Techno et le Digital, c’est vraiment enfoncer une porte ouverte que de dire qu’il est présent dans l’industrie du tourisme : pas un billet d’avion n’est vendu sans techno, pas une nuit d’hôtel, pas une location de voiture, pas une excursion, rien. Donc là encore, IFTM présente cette offre de technologie qui évolue à chaque minute et nous continuons à soutenir l’innovation en offrant chaque année aux startups la possibilité d’exposer à des conditions plus que raisonnables. Nous allons d’ailleurs encore plus loin cette année en proposant à nos visiteurs un Espace Innovation qui leur permettra de découvrir et d’essayer en « direct live » une dizaine d’innovations présentées en exclusivité sur le salon.

De quelle(s) nouveauté êtes-vous le plus satisfait ?

Il est évidemment prématuré de nous féliciter des nouveautés 2019, le salon ne s’étant pas encore tenu. Mais de manière générale, je suis toujours satisfait de tout ce qui est fait pour améliorer l’expérience client, qu’il soit visiteur ou exposant car c’est la qualité et la richesse de leur expérience qui nous obsède à chaque instant. À titre d’exemple, pour cette année, j’aime l’idée de la création de 11 parcours thématiques qui ont pour vocation d’amener nos visiteurs au plus près de nos exposants. Proposer un Hackathon dédié au Business Travel est également une nouveauté intéressante. La création d’une appli « all inclusive », véritable assistant personnel sur le salon pour mieux en profiter, est aussi une belle avancée.

Quelle reste votre frustration la plus grande, encore inassouvie ?

Probablement de ne pas parvenir à monter des partenariats gagnant-gagnant avec des organisations comme Atout France ou France Montagne avec un objectif commun au travers de nos événements respectifs : promouvoir la Destination France d’une seule voix et avec force.

Parlons justement de la Destination France, retrouve-t-elle une place suffisante, méritée, reconnue ?

Nous nous y efforçons année après année, mais ce n’est pas simple. Cette année encore - vous le remarquerez je pense -, des efforts tout particuliers ont été fait sur la scénographie de « La Destination France » sur le salon afin de rendre cette zone plus attractive, plus séduisante. Mais de là à dire que la place de la France est suffisante eu égard à sa place de Destination N°1 dans le monde, la réponse aujourd’hui est clairement non.

Les autocaristes ont-ils été des partenaires plus actifs, plus impliqués ?

Pour cette édition 2019, l’implication des Autocaristes, notamment à travers leur fédération professionnelle, ne fait aucun doute. À l’occasion de la création du « Village des Autocaristes », en partenariat avec la FNTV, 11 d’entre eux se sont déjà inscrits comme exposants sur ce nouveau village. C’est un bon indicateur du dynamisme de cette profession et de sa capacité à tester de nouvelles idées. Bravo à eux et un grand merci pour leur soutien.

L’IFTM se sont aussi les animations, quelles sont les plus représentatives ? Que pourrait-on encore imaginer pour l’avenir ?

Elles sont là chacune pour une raison différente et pour servir un propos. Toutes sont représentatives et utiles à l’animation d’un secteur particulier du monde du voyage. La Travel Agents Cup Classique et Junior s’adresse aux réseaux de Distribution ; le Start-Up Contest vise à mettre en avant les jeunes pousses ; le Hackathon est un formidable animateur de la Techzone ; le Grand Prix Marco Polo & la Business Travel Night pour le Corporate, un tout nouvel espace Innovation pour la Techno. Et je ne voudrais pas oublier les animations confiées à Bus & Car sur la Destination France.

L’IFTM Top Resa a fêté ses 40 ans et s’engage vers ses 50 ans… Comment imaginez-vous déjà ce parcours ?

Je l’imagine encore bien vivant et dynamique, ça c’est une certitude. Je constate avec plaisir, et une certaine fierté, que le salon a su accompagner l’industrie du Tourisme depuis 41 ans et il continuera à le faire. Plus généralement, je l’imagine faire une plus grande place à notre responsabilité environnementale à tous en réfléchissant en tant qu’organisateur à des salons plus durables, plus recyclables en réduisant leur empreinte carbone. Cela ne changera évidemment pas massivement les choses mais petit à petit nous pouvons faire notre part à l’image du Colibri de Pierre Rabhi.

Le salon va ouvrir dans quelques semaines et il ne dure que quatre jours, quatre jours d’aboutissement d’une préparation que l’on a du mal à mesurer sur l’année entière. Quel est l’agenda du directeur de l’IFTM de novembre à octobre l’année suivante ?

Il est beaucoup plus rempli que certains ne l’imaginent. Je confesse une forme de « baby blues » quand on a fermé les portes de l’édition en cours. Mais ce relâchement est de courte durée, malgré la fatigue accumulée. Il y a du reporting à faire, un suivi immédiat et un bilan à tirer qui m’occupe quelques semaines ou mois. Ensuite, comme je l’ai indiqué en début d’entretien, je tiens absolument à m’imprégner constamment de la vie de la profession, de son pouls. Je participe à des réunions, des rencontres, des événements qui ne mobilisent parfois que quelques dizaines de personnes, mais ce sont celles qui m’intéressent, car ce sont des vendeurs, des chefs d’agence, dont je peux comprendre plus directement les besoins et les attentes.

Quels enseignements en retirez-vous ?

Une très grande satisfaction et une très grande frustration. La première est que tous, en très grande majorité, plébiscitent le salon comme un événement indispensable dans leur vie professionnelle, dans leurs besoins de se tenir au courant des produits, des techniques, des tendances, des nouveaux acteurs. La seconde est que la grande majorité de ces agents me disent qu’ils posent des jours de congé pour visiter l’IFTM. Là, j’ai du mal à comprendre que les patrons d’entreprise - hormis les grands réseaux - ne considèrent pas le salon comme un moment de formation, comme un outil pour améliorer la pratique du métier même si je peux comprendre leurs impératifs de business. C’est aussi parfois le cas pour les éductours.

Il reste un fond de préjugé, que j’appelle le syndrome de Deauville, qui laisse à penser qu’aller à l’IFTM, c’est pour faire la fête, boire des coups et ramener des « goodies ». J’aimerais en finir avec cette vision des choses, même si la fête reste dans l’ADN du Tourisme, et que les dirigeants de notre industrie sachent faire la part des choses et privilégient la dimension business et formation pour leur personnel.

 

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