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Cyril Aouizerate, fondateur du concept MOB Hotel

Bus & Car - Tourisme de Groupe | Entretien | publié le : 01.11.2020 | Dernière Mise à jour : 01.11.2020

Crédit photo Bruno Comtesse

Auteur

  • Bruno Courtin

« Il ne peut y avoir de succès sans loyauté » Cyril Aouizerate est un « personnage » dans l’univers de l’hôtellerie, un statut d’OVNI qu’il cultive volontiers par ses tenues « ethniques » et son discours humaniste, fortement imprégné de philosophie, sa formation initiale

Cela n’a pas empêché ce littéraire, très doué pour les mathématiques, d’être un homme d’affaires accompli, réussissant le mariage de concepts originaux, décalés, défricheurs et du succès commercial. Il revient avec nous sur l’aventure MOB Hotel et ses prochains développements.

Que vous inspire l’époque actuelle, la pandémie de Covid et ses conséquences sur la vie des gens ? Y a-t-il une réponse à lui proposer en termes de concept hôtelier ?

Très honnêtement, je considère que nous vivons un phénomène conjoncturel et qu’il faut se garder, quelles que soient les conséquences et les changements de comportement, de réagir trop vite. Cela étant dit, il faut reconnaître qu’il y a eu une prise de conscience trans-générationnelle qui conduit à une certaine réflexion : la mort s’est invitée à notre table et sa présence conduit à s’interroger sur le sens de la vie. Plus que jamais, cette crise a révélé que l’homme est un animal social et qu’il est en permanente adaptation à son environnement. Cette recherche du sens de la vie amène à repenser aussi sa consommation.

Cela justifie d’autant plus la démarche qui sous-tend la création de MOB Hotel...

Il y a un certain espoir dans le collectivisme, au sens de vie en commun, et je suis effectivement convaincu d’être dans la bonne direction en plaidant et en agissant pour l’écologie sociale. Cela implique non seulement la construction écologique, avec les matériaux et les objets choisis, l’exploitation raisonnée en fonction de critères environnementaux, mais aussi la porosité qui est essentielle avec l’implantation locale, avec les riverains, le personnel et les clients. D’où les potagers sur les toits, les animations, les espaces dédiés…

On a beaucoup écrit sur le 1er MOB de Saint-Ouen, à deux pas des puces, dans un quartier peu propice, à première vue, à une implantation touristique, trois ans d’exploitation vous ont-ils conduit à réviser le concept initial ?

Au risque de paraître immodeste, je crois que nous avons visé juste dès le départ. Le concept a été adopté très vite par sa clientèle, par ceux qui sont des adeptes de cette écologie sociale. On nous a un peu rapidement taxé de « piège à bobos », alors que cela ne correspond pas du tout à la réalité. Ce ne sont pas les « métropolitains » qui viennent à Saint-Ouen ou à Confluences à Lyon. Ils ont plutôt tendance à rester dans leur univers sécurisé. Nous recevons beaucoup d’étrangers, principalement d’Europe du Nord, qui sont sensibles à notre approche, à la réalité de l’écologie sociale, du bio, du partage. Dans l’ensemble, nos clients sont plutôt ceux qui font attention à leur budget, qui veulent vivre en symbiose avec le lieu et partager l’expérience que nous proposons. Ainsi pour la restauration et les animations, 60% de la clientèle de Saint-Ouen sont des Audoniens.

La fréquentation du déconfinement vous a-t-elle rassurée sur vos choix ?

Le concept d’un MOB réside aussi sur l’espace que nous lui consacrons, à chaque m2 construit doit correspondre un m2 extérieur. Naturellement, ce sont des lieux qui ont attiré du monde en sortie de confinement, nous avons atteint des scores réjouissants de 60% de taux d’occupation à Paris et jusqu’à 90% à Lyon, cet été.

Le succès vous conduit-il à accélérer votre développement ?

Je me considère comme un artisan hôtelier. Je passe plus de temps en réunion de non-développement qu’en réflexion sur notre croissance à tout prix. Le cahier des charges d’un MOB est très exigeant et il n’est pas question de transiger pour entrer dans la course au développement, malgré les nombreuses sollicitations dont je suis l’objet. Pour la petite histoire de nombreux franchisés de groupes hôteliers connus se tournent vers nous, persuadés qu’il faut revoir le modèle économique d’une hôtellerie trop normée. Mais il est hors de question d’accélérer quoi que ce soit. Nous travaillons sur quelques dossiers qui sont entièrement maîtrisés par nos équipes. Et cela prendra le temps qu’il faut.

Allez-vous encore privilégier des zones péri-urbaines ?

Pour moi, il n’y a pas de fatalité urbaine, qui impliquerait que le développement soit associé au cœur des métropoles. J’avais déjà anticipé le développement de l’économie sociale en choisissant une première implantation à Saint-Ouen, à deux pas du marché aux Puces. Je suis témoin et j’accompagne une certaine forme de revanche des zones périphériques. La crise de la Covid 19 accélère ce mouvement de fuite des métropoles. La prochaine implantation sera proche des Puces, une nouvelle fois, avec le concept de MOB House. C’est une version qui va privilégier les plus longs séjours, quelle qu’en soit la raison. Nous travaillons aussi sur un projet à Bordeaux, un autre à Florence, et à plus long terme sur une MOB Farm, à la fois hôtel et école hôtelière.

Peut-on revenir rapidement sur ces projets ?

Ils sont tous encore en gestation et il n’est pas question de reproduire le même modèle, mais de conserver à chaque fois l’esprit et les valeurs. A Bordeaux, nous travaillons sur la reconversion d’un bâtiment industriel, la Halle Soferti. Ce sera un hôtel de 129 chambres, un lieu ouvert autour des échanges culturels, du cinéma, de la cuisine. A Florence, nous travaillons sur un concept de Villa MOB, un clin d’œil à la Villa Medicis, qui comprendra notamment des résidences d’artistes. La MOB Farm est un projet à plus long terme mais qui me tient à cœur. Nous n’avons pas encore choisi définitivement l’implantation, mais elle sera « rurale » avec la volonté d’y former les jeunes qui veulent se consacrer à l’écologie sociale, d’en faire un métier avec une application à l’hôtellerie. Dans les cartons nous avons aussi un projet à Washington.

Vous étiez dans l’équipe d’origine qui a donné naissance à Mama Shelter, puis vous vous en êtes éloigné, regrettez-vous cette aventure ?

Pas du tout, c’était une très belle aventure et je suis en contact très régulier avec Serge Trigano, et Philippe Starck, qui en a fait partie aussi, travaille sur un MOB. Nous avons fait la démonstration de l’efficacité de valeurs comme le partage, la convivialité. Mais je ne suis pas dans une logique de développement rapide. C’est ce qui m’a éloigné. Je reste, comme je l’ai dit, un artisan.

On vous a parfois décrit comme un doux rêveur, un superbe communiquant un peu utopiste en s’interrogeant aussi sur la pertinence de votre modèle économique…

On peut défendre des valeurs et réussir dans les affaires. Nous affichons de belles performances économiques dans nos établissements qui sont fondés sur un modèle rentable. Notre succès est basé sur la loyauté, notre loyauté par rapport aux promesses vis-à-vis des locaux, de nos clients et de notre personnel… et en retour sur la loyauté des clients à notre concept. Nous avons un très fort taux de retour, qui montre la pertinence d’un modèle autour d’une marque forte, d’une synergie… Nous sommes le théâtre de l’expression de ces valeurs. Je suis convaincu qu’il ne peut y avoir de succès d’entreprise sans loyauté.

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