Véritable œuvre d’art de l’architecte Henri Sauvage, construite pour l’ébéniste Louis Majorelle, la Villa Majorelle a rouvert ses portes en février 2020 après plusieurs mois de restauration financé par la ville propriétaire.
Louis Majorelle, naît à Toul le 3 octobre 1859. Sous l’impulsion de Louis, à compter de la mort de son père en 1870, la manufacture se lance dans une production de mobilier moderne, influencé par la nature et les recherches d’Émile Gallé, dont le succès est immédiat. Avec l’aide de son frère, Jules Majorelle, l’entreprise amorce la conquête des marchés parisiens et internationaux.
La maison d’un artiste
En 1898, Louis Majorelle confie à l’architecte Henri Sauvage, rencontré chez leur ami commun le sculpteur Alexandre Charpentier, l’élaboration des plans de sa maison personnelle à Nancy. Ce choix tient à l’audace créative de l’architecte parisien et d’autre part au réseau d’artistes qui seront appelés à collaborer au projet. C’est aussi pour Majorelle, l’occasion de révéler à Nancy des pistes conceptuelles inédites.
La Villa Majorelle (ou Villa Jika, en référence à son épouse, Jeanne Kretz) est construite en 1901-1902 et occupe une place toute particulière dans l’histoire de l’architecture nancéienne. Première maison entièrement Art nouveau de Nancy, elle est conçue comme un ensemble dont chaque élément qui compose sa structure et son décor extérieur et intérieur font de la Villa Majorelle un exemple d’application de la notion d’unité de l’art prônée par de nombreux artistes de l’époque.
Sauvage se charge de la décoration fixe, dont la quincaillerie et fait appel à d’autres artistes pour les interventions spécifiques. Ses amis parisiens, le céramiste Alexandre Bigot et le peintre Francis Jourdain réalisent respectivement les grès flammés extérieurs et intérieurs et les peintures décoratives de la salle à manger.
Louis Majorelle conçoit sans surprise le mobilier, dont une partie existe déjà dans ses catalogues de vente.
Il revient au maître-verrier nancéien Jacques Gruber le soin de concevoir les vitraux des pièces principales (cage d’escalier, salle à manger et salon, chambre des Majorelle).
La Villa Majorelle s’impose comme une œuvre expérimentale unique. « J’y travaillai deux ans, remaniant cent fois mon ouvrage… Que ce premier client, que ce bel artiste reçoive ici (…) l’expression de ma plus vive gratitude pour la liberté inespérée qu’il me laissa – ne m’imposant, malgré mon jeune âge, ni les limites d’un crédit, ni ses idées personnelles. » dira plus tard Henri Sauvage.
Une restauration complète en plusieurs phases
Après une première tranche sur l’extérieur entre 2016 et 2017, la villa Majorelle connaît depuis le début du printemps 2019 une profonde rénovation intérieure, destinée à la mise en œuvre du projet de réhabilitation, établie en lien étroit avec le Musée de l’École de Nancy, validée par le comité scientifique et mené par la Ville de Nancy. A ne pas manquer !