Le troisième incendie en moins de dix jours qui ravage l’île espagnole de Grande Canarie est qualifié de "drame environnemental" par les autorités car il touche des espaces naturels protégés.
Ce feu de forêt, qui s'est déclaré samedi dans le centre montagneux de l'île, a déjà parcouru 6.000 hectares et a provoqué l'évacuation de milliers de personnes. Les flammes ont atteint par endroits 50 mètres de haut, empêchant les quelque 1.000 pompiers et autres corps mobilisés de s'y attaquer, même à l'aide des 14 moyens aériens déployés. D'autres hélicoptères bombardiers d'eau doivent arriver sur place mardi.
Ce déploiement "est le plus important jamais organisé aux Canaries et l'un des plus grands en Espagne ces dernières années", a déclaré le ministre de l'Agriculture Luis Planas. "Il y a de hautes colonnes de fumée (...) il est plus compliqué d'entrer avec des moyens aériens et impossible à l'heure actuelle dans cette zone (avec) les moyens terrestres", a pour sa part raconté le président régional Angel Victor Torres.
"C'est un drame environnemental", a-t-il déploré, soulignant cependant que les secours concentraient leurs efforts sur la protection des zones habitées. "Nous sommes à un moment critique", a déclaré Luis Planas. "Aujourd'hui et demain seront cruciaux, (mais) cela ne signifie absolument pas que nous allons éteindre (l'incendie) en 48 heures", a-t-il prévenu. "C'est le principal poumon vert de l'île, (...) le joyau environnemental de Grande Canarie", estime Lourdes Hernandez, une spécialiste des incendies de forêt du WWF, interrogée par l'AFP. "Ce n'est pas un incendie comme il y en avait ces dernières années", souligne-t-elle, mettant en exergue "la virulence du feu, la vitesse à laquelle les flammes se propagent et l'intensité des fronts".
L'intérieur de Grande Canarie, aux paysages et micro-climats très divers, est prisé des randonneurs, bien que le gros des touristes fréquente plutôt les plages de l'île, la deuxième plus fréquentée de l'archipel des Canaries.
Les Canaries ont accueilli l'an dernier 13,7 millions de touristes, en particulier britanniques et allemands, et le tourisme représentait en 2017 35% du PIB et 40% des emplois de l'archipel, selon l'organisation patronale Exceltur.
Le gouvernement régional a d'ailleurs tenu à souligner dans un communiqué que le tourisme n'était pas affecté par l'incendie car "aucun complexe touristique n'en ressent les effets".
La semaine dernière, une vague d'incendies a touché la Grèce, obligeant d'autres pays dont l'Espagne à envoyer des renforts pour les combattre. Fin juillet, c'est le Portugal qui a vu ses forêts brûler.