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Durban et Jo’Burg, deux visages changeants d’Afrique du Sud

Bus & Car - Tourisme de Groupe | Destinations | publié le : 05.02.2020 | Dernière Mise à jour : 05.02.2020

durban skyline waterside

Front de mer à Durban

Crédit photo mezzotint_fotolia - stock.adobe.com

Auteur

  • Bruno Courtin

L’Afrique du Sud fait partie du Top 5 des destinations long-courriers les plus populaires parmi les organisateurs de groupes. Sa diversité permet d’y varier les programmes. Le rendez-vous annuel des tour-opérateurs étrangers, l’Indaba, offre l’occasion de tester de nouvelles propositions.

Depuis cinq ans et pour encore plusieurs années, le rendez-vous des professionnels du tourisme se tient au centre des expositions de Durban, capitale de la province du KwaZulu-Natal, sur la côte Est du pays. Ville portuaire tournée vers l’Océan indien, c’est sans doute l’une des plus métissée du pays, avec un mélange de populations africaines, indiennes et occidentales, Boer et Britanniques, issues du passé colonial.

Territoire de chasse ancestral des bushmen, ils ont été progressivement délogés par les Zoulous, qui se sont affrontés avec les vagues de colonisateurs venant des Pays-Bas et du Royaume-Uni. Les nombreuses statues de King Shaka font référence, pour la principale tribu, aux faits d’armes de ce roi légendaire. Dès lors, les noms des lieux ou des villes témoignent de cette diversité avec des consonances africaines, britanniques ou flamandes.

Durban pourra bientôt célébrer son bicentenaire mais en attendant, elle cherche à redorer une image affectée par des crises économiques, des éruptions de violence et les méfaits des requins blancs sur ses côtes. Elle compte à la fois sur ses divers héritages et sur un sursaut de fierté de la population locale.

Avant d’être une sorte de ville californienne pour adeptes de vagues et de surf, elle fut et reste un port très actif, stimulé par la culture de la canne à sucre qui a fait sa fortune et a attiré la communauté indienne de Maurice et d’ailleurs. C’est aussi là que fut construite la 1ère gare ferroviaire du pays pour acheminer les équipements des exploitations minières autour de Johannesburg.

Sur les hauteurs de la ville, du côté de Morning Side et du golf royal, les villas fastueuses des anciens barons du sucre dominent la baie, le « blue lagoon » et la rivière Umgeni. Rien de tel que de commencer la visite par ce point de vue qui rappelle sa puissance passée. Les hautes clôtures électrifiées témoignent aussi des dangers à l’étaler. « Mais tout cela c’est du passé », affirme notre guide qui insiste au contraire sur la convivialité retrouvée entre voisins du quartier.

La descente vers le centre-ville permet un détour vers Florida Road, aujourd’hui en pleine renaissance entre boutiques fashion, complexes résidentiels, pépinières à startups et restaurants branchés dans les anciennes propriétés coloniales. Chaque jour, la jeunesse dorée et les touristes internationaux animent le quartier jusque tard dans la soirée.

Il faut pousser encore plus bas, pour longer le champ de course qui accueille chaque année en juillet le Durban Derby, presque aussi chic que celui d’Ascott ou d’Espsom, et arriver aux Jardins botaniques qui font la fierté légitime des habitants.

Le plus ancien d’Afrique

C’est un « jardin extraordinaire », comme l’aurait chanté Trenet, abritant toutes les espèces végétales endémiques d'Afrique. Certaines plantes sont contemporaines des dinosaures. Le jardin botanique est le plus ancien d’Afrique et cumule plus de 160 ans de petits soins pour les centaines de variétés de végétaux présentées en paysages successifs qui appellent à la rêverie et la détente, ponctuées d’œuvres contemporaine. La seule serre aux orchidées justifierait des heures de visite. Les habitants ne s’y trompent pas profitant de ce poumon vert pour s’installer en piquenique en famille le week-end.

Mais Durban ne se limite pas à cela. Dans un centre-ville un peu chaotique se mêlent plusieurs grands moments de l’histoire sud-africaine et même au-delà. L’hôtel de ville a subi les outrages du temps, mais il est bien entouré des statues des monarques britanniques et de leurs généraux qui ont mené les différentes « guerres des Boers ». Devant l’ancienne poste centrale, aujourd’hui un bâtiment public, le jeune avocat Gandhi lança son mouvement contre la ségrégation entre les races, martelé par un fameux discours prononcé en 1904 devant la porte réservée aux blancs.

Muthi Market avec précaution

Le choc ou plutôt la cohabitation des cultures est tout à fait palpable quand on se dirige vers le Muthi Market. C’est un lieu représentatif de la culture zoulou qu’il faut approcher avec respect et discrétion. Coincées sous une sorte de périphérique, les allées tortueuses du marché sont une accumulation de baraques et d’étals couverts de plantes, de poudres, de crânes d’animaux, de peaux de serpents, de racines et de potions toutes plus étranges les unes que les autres. Aucune photo n’est tolérée pour ne pas voler l’âme des vivants et des esprits présents. Aucun geste ou regard déplacé envers les commerçants en train de préparer leurs décoctions souvent nauséabondes au risque de s’attirer la malédiction sur trois générations. L’air est chargé de senteurs profondes et de vibrations magiques. Une expérience à vivre même pour les plus incrédules. Et pourtant à deux pas, c’est un autre bazar africain qui reprend ses droits avec ses marchands de souvenirs, ses boubous colorés, ses stands d’épices et de produits tropicaux.

Les facettes de la ville se multiplient, à Durban l’africaine, Durban l’indienne s’ajoute un visage plus sophistiqué, celui des nouveaux centres d’affaires le long de la Umgheni River ou plus au nord vers Umhlanga Rocks, qui abrite aussi l’hôtel le plus mythique de la ville, Oyster Box, villégiature refuge des riches colons du XIXe, qui mérite le détour pour ses déjeuners en terrasse face à plage et au phare.

Il est temps de prendre la route vers Johannesburg, Jo’Burg pour les intimes, mais en prenant son temps, comme le font encore les habitants de ces deux grandes métropoles, distantes de 570 km par la Nationale 3 qui traverse une région très prisée pour passer son week-end à la campagne. Le Drakensberg est une succession de réserves naturelles, de fermes, avec ses montagnes escarpées et ses petites villes tranquilles. La chaîne culmine à 3 500 m, en longeant la frontière du Lesotho et dominant un parc classé au patrimoine mondial de l’Unesco, pour tous ses vestiges archéologiques, peintures rupestres des bushmen dans les grottes, et pour sa flore exceptionnelle.

Toute l’histoire de Mandela

Encore une fois, au passage de la petite ville de Howick, l’histoire du pays rattrape le visiteur. C’est là que le 5 août 1962, Neslon Mandela est arrêté avec ses compagnons, en route pour Johannesburg. Il sera incarcéré pendant 27 ans, commençant une légende qui sera couronnée par sa libération et son élection triomphale à la présidence du pays. Le site abrite aujourd’hui un petit musée, qui est en cours d’agrandissement, retraçant une grande partie de son histoire personnelle. Un long sentier ponctué de rappels historiques conduit à une impressionnante sculpture de métal, qui ne dévoile le portrait du héros national qu’après une patiente approche.

Sur la route pourquoi ne pas s’arrêter domaine viticole de Cathedral Peak, près de Winterton, Justin Vermaak et Mauritz Koster y ont fait le pari de produire des crus de Merlot et Pinotage dignes des meilleurs vins du Cap. Il y a encore du chemin, mais les débuts sont prometteurs. Et puis, c’est l’opportunité de tenter une aventure exceptionnelle, l’approche des montagnes en ballon avec la compagnie Drakensberg Ballooning. La préparation des montgolfières au petit matin, le survol des plaines encore prises dans la brume, la surprise d’une antilope au coin d’un bosquet et le petit-déjeuner au champagne (un bon pétillant local) laissent des souvenirs impérissables.

Clarens, la repaire des artistes

Prochaine étape avant d’arriver dans la capitale économique du pays, Clarens juste après avoir passé l’impressionnant Driekloof Dam, le barrage qui permet d’alimenter toute la région et qui a créé la réserve naturelle et le lac de Sterkfontein. Clarens fait partie de la Route panoramique des Highlands à proximité du parc national des Golden Gate Highlands. Elle tient son nom d’un village suisse du canton de Vaud et abrita les derniers jours de Paul Kruger, président sud-africain en exil. C’est une petite ville typique, très fréquentée pour son doux climat et connue pour les nombreux artistes qui y choisi d’y habiter. Les galeries d’art se succèdent autour de la place centrale et des rues avoisinantes. Le soir le bar Friends est connu pour ses soirées endiablées du weekend et ses concerts live de jeunes artistes rock.

Mais déjà les townships de Johannesburg se dessinent le long de la Nationale 3, au sud de la ville. Ils ne sont que le pâle reflet de Soweto, à l’est de la ville, qui a réussi à devenir une véritable destination touristique avec visite de la maison de Mandela, de celle de son voisin, l’évêque Desmond Tutu et des quartiers animés de l’ex-ghetto. C’est en soi une visite incontournable qui se prolonge assez naturellement par celle du Musée de l’Apartheid et celle tout aussi étonnante de Gold Reef, cité minière devenue parc d’attraction. Ce sont des arrêts désormais traditionnels lors de toute visite à Johannesburg tout comme le séjour à Sandton, pour éviter un centre-ville malfamé et dangereux dès la tombée du soir.

Maboneng ou la renaissance d’un quartier

C’est contre cette mauvaise réputation qu’un groupe de jeunes s’est élevé. Leur initiative s’appelle Maboneng, un quartier en complète renaissance en plein centre urbain. La traduction en langue Sotho est « lieu de lumière », une ambition qui est en train de se réaliser grâce à la collaboration entre un riche promoteur et un architecte de renom. Il y a une dizaine d’année, Jonathan Liebmann a commencé à acheter des entrepôts, des immeubles de bureaux à l’abandon, pour leur redonner une vie civilisée avec l’aide de son ami architecte internationale Enrico Daffonchio. La friche est désormais animée par une foule d’artistes et de jeunes entrepreneurs qui se sont associés au mouvement de résurrection ou de renaissance. Dans Gauteng, autrefois repère de misère, les touristes et les habitants se retrouvent en toute sécurité, encadrés discrètement par des vigiles à chaque coin de rue.

Le concept Arts on Main (l’Art sur le rue principale) appelle tous les artistes à proposer une œuvre qui contribuera à faire l’âme du quartier. Les restaurants branchés ouvrent les uns derrière les autres et les auberges de jeunesse, type Generator ou Meininger, et autres boutique hôtels n’ont rien à envier aux établissements européens du même style. Le bâtiment Main Street Life est à lui-seul un hôtel, un centre d’affaires et un restaurant avec roof-top.

Le mouvement a pris une telle ampleur qu’il commence à essaimer en Afrique du Sud dans d’autres métropoles qui veulent réhabiliter leurs quartiers défavorisés. Voilà une opportunité de varier la programmation d’Afrique du Sud qui réussit encore davantage à faire évoluer son image.

 

 

Questions à Ian Utermohlen, directeur régional pour l’Europe, South African Tourist Board

Comment justifiez-vous la nouvelle organisation de vos services ?

Le marché européen est pourvoyeur de 1,6 million de visiteurs vers l’Afrique du Sud, sur les 2,7 millions de visiteurs internationaux hors Afrique, que nous recevons. Nous l’avons découpé en quatre zones : Royaume-Uni Irlande, Europe centrale autour de l’Allemagne et l’Autriche, Europe du Nord autour du Benelux et des pays scandinaves, et Europe du Sud autour de la France, Italie, Espagne et Portugal. Cette dernière division, basée à Paris, est désormais dirigée par Hloni Pitso. Ce regroupement vise à rationaliser le budget sur les marchés prioritaires, dont la France fait partie.

Avez-vous connu de fortes restrictions budgétaires ?

Pour l’exercice 2018, j’ai disposé d’un budget régional de 220 millions de rands (moins de 15 M€), alors que l’année a été plus difficile, après une année 2017 record sur le marché français (+ 27% et plus de 190 000 visiteurs français). 2018 a subi, malheureusement, le contrecoup de la sécheresse autour du Cap et de plusieurs incidents qui ont fait craindre pour la sécurité des touristes. Le flux des visiteurs français est en recul de 10% sur le 1er trimestre 2019. Mais j’ai confiance dans l’avenir.

Quelles actions allez-vous entreprendre ?

La situation implique de renverser la tendance avec une communication plus ciblée auprès des tour-opérateurs (36% des touristes ont acheté un forfait touristique), et des campagnes d’influence sur les réseaux sociaux en direction des différentes niches (64% des visiteurs sont des individuels qui réservent en direct). Pour la France, le point d’orgue de cette campagne qui conserve la signature « Meet South Africa » « Rencontrer l’Afrique du Sud » sera un road-show de prestataires sud-africains qui prendra le départ en 2020.

 

 

Pratique

Office du tourisme d’Afrique du Sud en France

21 Boulevard Malesherbes - 75008 Paris

Directeur pour la France : Lehlohonolo Pitso

https://www.southafrica.net/

info.fr@southafrica.net

 

Recommandés

The Oyster Box à 15 mn du centre de Durban pour profiter de son buffet en terrasse face à l’océan et au phare. Le rendez-vous de la bonne société de Durban

www.oysterboxhotel.com

Protea Hotel Clarens

Étape en plein Drakensberg au pied des montagnes Maluti et à proximité du Golden Gate National Park et du royaume du Lesotho. 70 chambres modernes à deux pas de la place qui rassemble les bars et les galeries d’art.

www.marriott.com/hotels/travel/fcbcl-protea-hotel-clarens

Curiocity Backpakers à Maboneng dans le quartier réhabilité de Johannesburg. Hébergement décontracté pour être au cœur de ce quartier qui vibre de ses restaurants, bars, galeries… en toute sécurité et pour partager avec les nombreux touristes qui s’y retrouvent.

https://curiocity.africa/

 

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