Longtemps restée à l’écart des grands circuits touristiques, Besançon dévoile pourtant un potentiel remarquable. Entre patrimoine UNESCO, excellence des musées, traditions horlogères et gastronomie raffinée, la capitale comtoise a tous les atouts pour séduire une clientèle en quête de découvertes authentiques
Une ville d’histoire nichée dans un écrin naturel
Enserrée dans une boucle du Doubs et bordée de collines boisées, Besançon séduit par son harmonie entre patrimoine et nature. Classée Ville d’Art et d’Histoire, elle cultive une identité forte, héritée d’un passé militaire, scientifique et artisanal. En témoigne la majestueuse citadelle de Vauban, inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 2008, qui surplombe la ville et abrite plusieurs institutions culturelles majeures.
Crédit photo : @ Juliette Baron
Les visiteurs peuvent également y découvrir des institutions culturelles majeures, à commencer par le Musée de la Résistance et de la Déportation , récemment rénové. Inauguré en 1971, il figure parmi les premiers en France à avoir été consacrés à ce double sujet. Il aborde à la fois la Résistance intérieure et la déportation politique, à travers une exceptionnelle collection d’œuvres clandestines réalisées dans les camps. Ces pièces rares sont exposées par roulement, avec une rotation tous les quatre à cinq mois, offrant à chaque visite une nouvelle lecture du lieu.
Crédit photo : @MRDB
Non loin, le Muséum d’Histoire naturelle, intégré à la Citadelle, poursuit une mission pédagogique et scientifique autour de la conservation de la biodiversité mondiale.
Crédit photo : @Jacky Renard
Cette richesse patrimoniale s’exprime aussi dans la matière même de la ville : la pierre de Chailluz, roche bicolore emblématique, est utilisée dans la construction depuis 1549. Elle confère à Besançon une unité architecturale et une teinte chaleureuse qui participent à son identité.
Crédit photo : @Juliette Baron
Une capitale du temps et des savoir-faire
Fleuron de l’horlogerie française, Besançon perpétue un savoir-faire d’excellence reconnu par l’UNESCO : depuis 2020, les savoir-faire en mécanique horlogère et mécanique d’art de l’arc jurassien franco-suisse sont inscrits au patrimoine culturel immatériel de l’humanité. Dans le centre ancien, le parcours thématique dédié à l’horlogerie permet de découvrir la célèbre horloge astronomique de la cathédrale Saint-Jean, impressionnante par ses 57 cadrans et ses 30 000 pièces.
Crédit photo : @Juliette Baron
Avant de rejoindre la manufacture Utinam, où l’on peut observer l’assemblage minutieux de garde-temps conçus sur place, ou même s’y initier le temps d’un atelier immersif « Dans la peau d’un horloger ». Dirigée par le créateur d’horloges monumentales Philippe Lebru, la manufacture Utinam incarne une certaine idée de l’indépendance horlogère, audacieuse et créative.
Crédit photo : @Juliette Baron
Son nom, emprunté au latin médiéval, signifie « Plaise à Dieu » – une formule votive que l’on retrouve gravée dans la pierre de la ville depuis le XIIIe siècle. Dans l’atelier, Bérengère Timbal Duclaux de Martin, cheffe de projet horlogerie monumentale, explique : « Elles sont imaginées ici, elles sont dessinées, envisagées ici, derrière dans le bureau d'études... Il faut à peu près 475 tests. Pour construire une horloge, tous les plans sont faits par le bureau d’études, puis envoyés à nos sous-traitants, et après on récupère les pièces et on les monte dans l’atelier. On monte le mouvement évidemment, et puis on assemble mouvement et corps d’horloge. » Cette passion de la micromécanique s’accompagne d’un engagement pour la filière indépendante : « On a 25 marques, on soutient l’indépendance sur le GR. C’est-à-dire qu’on promeut des petites entreprises qu’on juge intéressantes. Qui sont innovantes, créatives, beaucoup françaises, mais pas que. »
Crédit photo : @Juliette Baron
Non loin, le Musée du Temps, installé dans le splendide palais Granvelle, retrace l’histoire de la mesure du temps et des techniques horlogères. De la Leroy 01 à la pendule de Foucault, il offre un panorama impressionnant de la discipline. Il accueille aussi chaque année les 24h du Temps, événement fédérateur qui réunit professionnels, artisans et passionnés.
Crédit photo : @Juliette Baron
Cette culture de la précision puise ses racines dans une histoire industrielle précoce. Dès 1793, l’horlogerie s’implante à Besançon, et la demande explose avec l’entrée dans l’ère industrielle : « Il faut équiper 40 millions de Français. Il y a une demande énorme de petits gardes de temps... Et Besançon peut répondre à ça. »
En 1862, l’ouverture de l’École municipale d’horlogerie amorce une structuration de la filière : « C’est une époque où la ville est entièrement tournée vers l’infiniment petit. Sur quasiment chaque bâtiment, il est écrit “Horlogerie”, “Orfèvrerie”, “Bijouterie”. C’est toute une microéconomie qui prend forme, une spécialisation extrême dans la manipulation de pièces minuscules, à l’origine de la réputation mondiale de la région. », nous explique Bérangère.
Une scène gastronomique en plein essor
Portée par de jeunes chefs et des institutions reconnues, la gastronomie bisontine se distingue par son audace et son enracinement local. Le restaurant Épicéa propose une cuisine d’auteur inspirée, mêlant technicité et produits francs-comtois.
Crédit photo : @Juliette Baron
Sur la place Granvelle, le 1802 revisite avec élégance les classiques régionaux, tandis que Loiseau du Temps, nouvelle adresse du groupe Bernard Loiseau, s’impose comme une table incontournable, entre raffinement et générosité. Ne pas louper non plus le restaurant Saint-Cerf qui propose un menu déjeuner avec des produits locaux et de saison au prix raisonnable de 35 euros. Plus informel mais tout aussi savoureux, des adresses comme Chez Bon, Aime Café, ou encore Le Régal de Chouchou séduisent les flâneurs à la recherche d’une pause gourmande sur le pouce. Pour les amateurs de produits régionaux, La Cave aux Fromages sont des étapes incontournables.
Tourisme fluvial et slow travel
Avec sa boucle du Doubs et ses berges aménagées, Besançon mise aussi sur un tourisme doux et durable. Des balades à vélo permettent de relier les principaux points d’intérêt, Marion Michel de Happy's expérience en a fait son business.
Crédit photo : @Juliette Baron
Des balades en bateaux électriques avec Doubs plaisance permettent également de sillonner paisiblement la rivière, offrant un regard différent sur l’architecture bisontine, avec une posssibilité de boire un délicieux jus de pomme produit par les personnes en situation d'handicaps travaillant pour la société.
Crédit photo : @Worldelse
Escapade hors les murs : une nuit au Prieuré de Beaupré
À moins de 15 minutes de Besançon, niché dans un écrin de verdure accessible à vélo via l’EuroVélo 6, le Prieuré de Beaupré offre une parenthèse raffinée et chargée d’histoire. Cette ancienne demeure religieuse fondée au XIIIᵉ siècle a été métamorphosée en une maison d’hôtes de charme, où chaque chambre raconte un chapitre du lieu : missionnaires du XVIIIᵉ siècle, industriels horlogers du XIXᵉ ou encore le séjour discret de Charles de Gaulle dans les années 1950. Perrine et François, les hôtes des lieux, sont d’une gentillesse rare. Passionnés par l’histoire du prieuré, ils accueillent leurs visiteurs avec chaleur et générosité, partageant volontiers anecdotes et souvenirs de restauration. Les chambres, élégamment décorées, allient mobilier d’époque, clins d’œil historiques et confort contemporain, chinés par Perrine.
Crédit photo : @Juliette Baron
Le petit-déjeuner, inclus dans le tarif, est d’une qualité remarquable, mettant à l’honneur des produits frais, locaux et soigneusement sélectionnés, le tout préparé maison. Pour une expérience encore plus inoubliable, il est même possible de faire venir un chef à domicile : Damien Belz, talentueux cuisinier de la région, propose une cuisine gastronomique et conviviale dans le cadre intimiste du prieuré. Des balades équestres, la location de vélos électriques ou encore des visites guidées de la ville avec un historien peuvent compléter l’expérience.
Une destination à reconsidérer
Entre nature, culture, gastronomie et patrimoine vivant, Besançon dispose de tous les marqueurs d’une destination touristique forte, encore largement sous-exploitée. Accessible en TGV depuis Paris, elle s’inscrit parfaitement dans la dynamique des courts séjours et des city-breaks à fort contenu culturel. Avec plus de 2 500 hectares d’espaces verts, une politique ambitieuse de développement durable et des initiatives originales comme le festival outdoor Grandes Heures Nature, la capitale comtoise séduit aussi les amateurs de pleine nature. Autant de bonnes raisons pour reconsidérer Besançon comme une ville de tête, à l’image de ce qu’elle est depuis toujours : la capitale du Temps.