Nous voilà soulagés : le passager sera désormais obligatoirement informé du nom de la compagnie aérienne à bord de laquelle il embarquera (lire pages 6 et 7). On se sent bien mieux tout à coup. Le client de l’agence de voyages pourra donc évaluer lui-même les risques à voler sur telle ou telle compagnie d’autant qu’il est, comme chacun sait, très habilité à déterminer la fiabilité de la dite compagnie. Ben voyons ! Disons le tout net : le décret sur l’obligation d’information promulgué dimanche soir dernier semble, à première vue, être à l’avantage des agents de voyages qui, pour une fois, n’ont pas servi de bouc émissaire commodes au législateur. Le décret ne prévoit en effet aucune sanction et aucun remboursement en cas de négligence ou de défaut d’information. Sauf que, si le texte n’est pas coercitif, son existence même ouvre la voie à des recours en justice. Le dernier mot sera donc laissé aux juges, ce qui ne présage rien de bon quand on connaît l’influence et les pouvoirs grandissants du consommateur. En résumé, ce décret entretient certes le plus grand flou, mais il a sans doute le mérite de rassurer les clients et permet à Monsieur Dominique Perben, ministre des Transports, d’occuper le terrain médiatique. A l’instar de la Commission européenne qui, trois jours plus tard, publiait enfin sa liste noire de 92 compagnies. Un régal cette liste noire : n’y figurent quasiment que des transporteurs africains dont une cinquantaine pour la République démocratique du Congo. Mais vous serez ravis d’apprendre que Satgur Air Transport (Libéria), Air Consul SA (Guinée équatoriale), Reem Air (Kirghizistan) ou Air Koryo (Corée du Nord) en font aussi partie. Autant de compagnies que vous vendez chaque jour à tour de bras. Bien sûr, aucune considération diplomatique n’est entrée en jeu dans l’établissement de cette liste et le seul critère retenu était la sécurité. Promis. Juré. On attend maintenant avec impatience la création en France du label bleu, destiné aux compagnies qui auront fait volontairement la démarche de se faire auditer… à leurs frais. Bref, la transparence aérienne, plus on en fait, plus c’est flou. Un vrai floutage de gueule en somme !