
La Commission européenne et la Tunisie ont signé hier l'accord autorisant l'ouverture à la concurrence dans le ciel tunisien. Une avancée pour le tourisme selon les TO.
Le ciel ouvert en Tunisie devient une réalité. L’Union européenne (UE) et la Tunisie ont conclu hier un accord sur l’open sky (ou ciel ouvert), en discussion depuis janvier 2011. "Cela améliorera l’accès au marché pour les compagnies aériennes et créera une meilleure connectivité, plus de choix et des tarifs plus bas pour les voyageurs", selon le communiqué de l’UE diffusé hier. 800 000 passagers supplémentaires sont attendus en 5 ans et cet accord devrait générer une hausse de 2,7% du PIB grâce au tourisme et au voyage selon les estimations européennes.
Pour le transporteur national Tunisair, toujours en situation financière précaire, l'arrivée de nouveaux concurrents comme EasyJet ou Ryanair est accueillie froidement. Le PDG de la compagnie, invité à la matinale de Shems FM, a déclaré que cet accord de ciel ouvert est "un énorme problème". "Cette convention aura peut-être de bonnes répercussions sur l’économie tunisienne à long terme, mais elle constitue un danger pour Tunisair." Le ministre des transports tunisien avait annoncé en mai dernier une nouvelle restructuration, en dépit d’une progression du trafic passagers.
Tunisair s'alignera sur les low cost
Afin de résister à la concurrence, l’open sky prévoit toutefois que l’aéroport de Tunis-Carthage demeure chasse gardée de Tunisair pour une durée de cinq ans. De son côté, le PDG a annoncé que la compagnie nationale alignerait ses prix sur ceux des compagnies low cost dès l’année prochaine, lorsque l’accord sera effectif, au départ de Djerba et de Monastir. De nouvelles lignes pourraient aussi être ouvertes à partir de fin 2018 pour concurrencer les compagnies à bas coûts.
Du côté des TO, l'heure est à l'optimisme même si l’ouverture du ciel marocain avait favorisé la désintermédiation et la baisse des ventes de forfaits dans un premier temps. "C’est tout bénéfice pour les voyagistes opérant comme tels, c’est-à-dire en tant qu’affréteurs de vols charters", commente Raouf Benslimane, président de Ôvoyages/Thalasso n°1. "Il est évident que ceux se contentant de l’assemblage dynamique, donc sans aucune valeur ajoutée, vont souffrir. Le client n’aura pas besoin d’eux pour réserver un vol et un hôtel."
Les voyagistes sont optimistes
Pour René-Marc Chikli, président du Seto (Syndicat des entreprises de tour-operating), "cet open sky est une bonne chose puisque l’offre aérienne va s’en trouver enrichie. Cela va encourager la concurrence et donc la compétitivité. Il n’y a que les grincheux pour s’en plaindre. En son temps, l’open sky marocain nous a permis de mieux manager l’offre aérienne", juge-t-il.
Le marché hexagonal est en cours de reprise en Tunisie avec des réservations à + 148% au mois de novembre selon le baromètre EDV/Orchestra et des arrivées à + 45% selon l’ONTT, qui vise 560 000 visiteurs français à fin décembre en cumul depuis le 1er janvier.
Manon Gayet et Pascale Filliâtre