
La valeur comptable et le fonctionnement au jour le jour de la compagnie sont quelques-uns des enjeux des négociations.
Nouvelle journée décisive aujourd’hui pour l’avenir d’Alitalia : une assemblée générale des actionnaires, précédée d’un conseil d’administration, est prévue à 17 heures pour se prononcer sur la proposition d’augmentation de capital.
Il s’agit d’entériner l’opération financière de dernière heure de 500 millions d'euros sous forme d'augmentation de capital et de prêts. Cette opération prévoit la possible participation du groupe public Poste Italiane annoncée vendredi. Cette dernière a évité l’arrêt des vols le week-end dernier.
La valeur exacte de la compagnie aérienne est un point clé de la redistribution possible des cartes entre les actionnaires pour déterminer leurs apports futurs respectifs. La position d’Air France-KLM n’apparaît pas très claire. Elle est, en effet, très difficile à formaliser.
Les administrateurs du groupe franco-néerlandais ont approuvé l’arrivée du nouvel actionnaire, missionné par le gouvernement italien, mais ne veulent pas ensuite signer un chèque en blanc. Le groupe, pour maintenir sa position à 25% dans le capital d'Alitalia, devrait remettre 75 millions d'euros dans l'affaire.
Difficile de justifier des investissements en Italie
Mais Air France-KLM doit rendre des comptes en interne à ses salariés soumis à la pression du plan Transform 2015. Il est difficile alors de faire comprendre que des départs soient demandés en France et d’expliquer qu’il faut investir en Italie. Même si, à terme, cela donnera une dimension plus européenne au groupe et à son trafic.
Les dirigeants d’Air France-KLM demandent notamment quel plan industriel permettra de réduire la dette d’Alitalia et, pour cela, le groupe veut s’impliquer dans les opérations au jour le jour et limiter les dérives. Par exemple, Alitalia veut lancer en avril un Venise-Tokyo alors qu’il faut plusieurs années pour amortir la création d’une telle ligne long-courrier, s’étonne un analyste financier.
Une polémique s’amplifie dans les médias romains et lombards sur la menace qui pèse sur le pavillon national italien. Le gouvernement de Rome s'est défendu de toute action "protectionniste" pour son intervention ces derniers jours dans le sauvetage de la compagnie aérienne privée, soulignant qu'il s'agissait au contraire de "l'accompagner vers l'intégration avec un partenaire étranger".
"Ce n'est pas du protectionnisme, mais l'exact opposé", a déclaré à l'AFP une source gouvernementale, réagissant à la parution lundi dans le quotidien Financial Times d'un sévère éditorial dénonçant "une nouvelle vague de protectionnisme en Italie qui risque de faire peur aux investisseurs".
T.V.