
Le salon Ebace se tient à Genève jusqu’à jeudi. Le secteur affiche un certain optimisme après plusieurs années de récession.
De nouveaux avions et de nouveaux services sont lancés au salon de l’aviation d’affaires Ebace (European business aviation convention and exhibition) qui se déroule pendant trois jours à Palexpo au bord de l’aéroport de Genève.
* Dassault Aviation a ouvert le bal en présentant le Falcon 8X désormais avion-amiral de la gamme. Outre une cabine de 13 mètres de long au lieu de 11,9 m sur le Falcon 7X, le bureau d’études s’est attaché à augmenter le rayon d’action, le portant à près de 12.000 km. Ce qui correspond à des trajets non stop New York-Pékin, Hong Kong-Londres, Paris-Singapour, etc. demandés notamment par une clientèle asiatique qui est désormais au cœur de la cible du nouveau jet.
* Daher-Socata, le constructeur de Tarbes, présente pour la première fois en public à Genève la nouvelle version TBM 900. Depuis la révélation en mars, 47 commandes ont été signalées qui obligeront peut-être à augmenter la capacité de production. Cet avion à hélice croise à près de 600 km/h sur 3 000 km en transportant cinq passagers. Des performances de jet !
* Chez Airbus, la gamme d’avions commerciaux A320 est déclinée en version affaires avec des cabines spécialement aménagées. Celle de l’A319 Excellence permet aux heureux propriétaires de sélectionner, parmi un large choix de modules, leur salon, bureau, salle à manger et espace de conférence, ainsi qu’une salle de bain et un galley (cuisine) à l’avant, et une chambre avec salle de bain attenante à l’arrière.
* L’achat d’un avion d’affaires n’est pas toujours la solution optimum car il faut voler au moins 300 heures par an pour amortir les coûts fixes. Des solutions de multipropriété ou de propriété partagée se sont développées dont la plus connue est NetJets (650 avions dans le monde) rachetée par le milliardaire Warren Buffett. Très discrète, développée à l’échelle européenne, Jetfly, créée il y quinze ans compte 150 copropriétaires d’avions monoturbine Pilatus PC 12 de huit places, qui peut accéder à 2.000 aérodromes sur le vieux continent et offrir un vrai porte à porte aérien. Il atterrit aussi bien à Megève ou à Courchevel qu’à La Mole, l’aérodrome délicat de Saint-Tropez mais aussi sur n’importe quelle piste en herbe de 700 mètres de long. C’est un module bien adapté pour un roadshow de voyagiste avec la porte cargo permettant d’embarquer du matériel audio-visuel. Une part donnant accès à 31 heures de vol par an coûte un peu moins de 300.000 euros. Les frais fixes mensuels reviennent à 4.135 euros et l’heure de vol à 1.765 euros. Ce type d’affrètement, désenclavant les régions, intéresse des pme, certaines professions libérales et des particuliers aisés sans afficher de grandes fortunes. Et Jetfly prévoit de grandir avec une offre prochaine de cinq biréacteurs PC24 à partir de 2017.
* D’autres formules apparaissent associant aviation et nouvelles technologies. A l’occasion du 67ème Festival de Cannes où il est très difficile de trouver un siège sur un vol régulier Paris-Nice, Uber propose plus que son service de chauffeurs mais aussi un jet Uber pour se rendre au Festival. Goodwill Private Jets assure le transport aérien vers Cannes, à réserver sur son smartphone comme pour commander une berline avec chauffeur. Mais ici, contrairement aux taxis parisiens, cette nouvelle offre est considérée par les concurrents comme une belle opportunité de diversifier l’aviation d’affaires, bénéficiaire pour l’ensemble du secteur.
* Parfois concurrent de l’avion de ligne – les nouvelles cabines de l’Airbus A380 d’Etihad Airways vise ce créneau – l’aviation d’affaires est néanmoins complémentaire du transport commercial. Ainsi, Wijet qui dispos de huit biréacteurs Cessna Citation Mustang transportant quatre passagers, devient partenaire de la nouvelle première d’Air France pour l’acheminement de ses passagers avant et après leur vol long courrier. Un transfert en bord à bord à Roissy Charles de Gaulle peut être effectué entre l’avion d’affaires et l’avion de ligne. Ce partenariat offre une continuité à un passager souhaitant, par exemple, rallier New York de Périgueux dans les meilleures conditions.
* Le secteur connaît aussi d’importantes consolidations. Le groupe d’aviation d’affaires luxembourgeois Luxaviation a racheté le leader anglais London Executive Aviation (LEA), seulement quatre mois après celle de l’opérateur français Unijet au Bourget. Luxaviation compte maintenant 470 employés répartis au sein de cinq opérateurs : Luxaviation (Luxembourg), Luxaviation Germany (Allemagne), Abelag (Belgique), Unijet et LEA. Sa flotte avec 90 avions a totalisé plus de 26.000 heures de vol l’année dernière.
* Les aéroports se réunissent également. Après Cannes-Mandelieu, l’aéroport de Nice a pris le contrôle d’une importante plateforme d’affaires à La Mole près de Saint-Tropez. Par ailleurs, en région parisienne, une promotion commune dans le cadre de l'Alliance Hubstart Paris Region est effectuée par Le Bourget et Pontoise (Aéroports de Paris) avec Melun, ancien aéroport d’Etat, qui ouvre à la circulation publique.
Thierry Vigoureux