La low cost irlandaise renonce pour l'instant à une installation à Orly ou à Roissy-CDG.
Malgré des allusions faites ces dernières semaines par la direction de Ryanair, la low cost ne se positionnera pas dans l’immédiat à Orly ou à Roissy-CDG. "Complet, Orly est fermé et nous n’avons pas de projet à court terme pour Roissy-CDG", indiquait David O’Brien, directeur commercial de Ryanair, lors d’une conférence de presse aujourd’hui à Paris.
Quand on interroge le Pdg Michael O’Leary sur l’arrivée récente de sa compagnie sur les aéroports primaires de Barcelone, Madrid, Rome, Bruxelles, etc., au lieu ou en plus de Vérone, Charleroi, etc., il n’hésite à affirmer, avec un certain sens de la dérision, "il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis", en employant d’ailleurs un qualificatif un peu plus cru.
La pénurie de slots à Orly clôt le débat, une compagnie entrante pouvant peut-être obtenir trois possibilités de voler par semaine. Ce n’est pas compatible avec les ambitions de Ryanair de toucher la clientèle affaires, elle qui veut au moins deux fréquences quotidiennes. A Roissy-CDG, un aéroport moins contingenté, l’objectif de réaliser un demi-tour en 25 minutes – le temps d’escale entre l’atterrissage et le décollage – n’est pas réalisable. C’est un des fondamentaux du modèle économique de Ryanair, qui consiste à réduire au minimum le temps non productif passé par les avions au sol.
Beauvais draine la moitié des passagers français de Ryanair
Beauvais, l’aéroport historique de la région parisienne pour Ryanair, qui y est arrivée en 1997, s’en trouve renforcé. Avec 3,5 millions de passagers et 48 lignes, il assure la moitié du trafic français de la compagnie, généré par 177 lignes depuis 32 aéroports. Le trafic total de Ryanair s'élève à 7 millions de passagers en 2014, soit 1 million de moins qu'en 2013.
Cette année, trois nouvelles lignes vont ouvrir, avec Palerme, Thessalonique et Wroclaw, tandis que le nombre de dessertes de Bristol, Madrid, Rome et Varsovie va être augmenté. Précisons que Beauvais, malgré son activité, n’est pas une base Ryanair où les avions stationnent la nuit avec des équipages résidant à proximité.
Les condamnations à Aix-en-Provence pour travail dissimulé sur la base de l’aéroport de Marseille, si elles sont confirmées par la Cour européenne, entraîneront le renoncement définitif de la compagnie à créer sur le territoire français une telle structure (avec contrat de travail local). Notons qu’EasyJet a régularisé sa situation dès la première condamnation, et a créé depuis des bases à Lyon et Toulouse.
27% de passagers business
Pour David O’Brien, le nombre de transactions sur GDS, possibles depuis six mois, est un secret commercial. Comprenons que le chiffre n’est pas encore significatif. C’est une des démarches de la low cost qui veut attirer la clientèle affaires en se rendant "plus sympathique et plus civilisée". Elle revendique 27% de passagers professionnels avec son programme Business Plus, lancé l’été dernier.
Des offres ont aussi été développées auprès des familles, notamment avec un tarif réduit de 20% dès la troisième personne.
Ryanair, qui a commandé 380 Boeing B737 s’ajoutant, en partie, aux 320 avions de même type déjà en service, vise 160 millions de passagers en 2024. La compagnie, qui en a transporté 86 millions l’an dernier et va fêter ses 30 ans, annonce ne pas prévoir de croissance externe par rachat, par exemple, d’autres transporteurs ou de création d’une filiale en Asie. Par ailleurs, le modèle low cost long-courrier ne lui semble pas accessible pour l’instant, faute d’avion capable de relever ce défi.
T.V.