
Ce développement de la compagnie marocaine fait appel à des partenariats et à l’entrée dans une alliance mondiale.
En dix ans, Royal Air Maroc (RAM) prévoit de doubler la taille de la compagnie. Cette croissance "à la Turkish Airlines" fait suite à une période de restructuration consécutive à l’ouverture du ciel marocain. Le nombre de salariés, de plus de 5 000 en 2010, a diminué de 43%, à 2 725 en 2013, mais repart maintenant légèrement à la hausse avec la croissance du trafic.
En même temps, le nombre de salariés par avion est passé de 100 à 58. Le réseau, surtout "point à point" avant l’open sky, s’articule désormais autour du hub de Casablanca avec 40% des passagers en correspondance internationale. Il s’est orienté vers l’Afrique, qui passe de sept destinations en 2004 à 32 aujourd’hui, autant que vers l’Europe.
"Nous cherchons à nous diversifier et à ne pas être lié à un marché", explique Habiba Laklalech, directrice général de Royal Air Maroc, rencontrée lors du World Connect APG à Marrakech. "Ainsi, cette année, le marché français s’est rétracté alors que celui de l’Allemagne a progressé."
La déclaration maladroite du quai d’Orsay, classant le Maroc parmi les pays à risques du Maghreb, a plombé la saison 2015 alors que les Etats-Unis classent le royaume en catégorie A, parmi les pays les plus sûrs. La RAM a néanmoins ouvert Montpellier tandis qu’une base, créée à Rabat, est reliée à Paris.
Une entrée dans Oneworld l'an prochain ?
Ce réseau africain efficace interdit à la RAM d’entrer dans SkyTeam où elle se trouverait en porte-à-faux avec Air France sur ces destinations. Idem pour Star Alliance, bien placée en Afrique avec SN Brussels. C’est donc vers Oneworld que se tourne la compagnie chérifienne, apportant des dessertes sur un continent où le groupe IAG comme American Airlines sont peu présents.
Pour finaliser l’entrée, il faut que Royal Air Maroc persuade les différents partenaires de l’alliance. En attendant, un accord de code share a été signé avec Qatar Airways pour la desserte de l’Asie.
L’arrivée de trois Boeing B787 supplémentaires l’an prochain devrait permettre d’ouvrir de nouvelles routes vers les Amériques du Nord et du Sud où un partenariat avec JetBlue est déjà en place, donnant accès à Washington, Boston, Chicago, Atlanta, Orlando, Seattle, Houston, Los Angeles, San Francisco, Denver, etc. Des code shares qui auront du mal à survivre lors d’une entrée dans Oneworld.
Le plan de développement 2016-2025 est ambitieux avec une flotte portée de 47 à 105 avions. Dans le cadre du plan signé avec l’Etat marocain, 3,6 milliards d’euros d’investissements sont prévus sur cette période. La hausse prévue du chiffre d’affaires de 7% doit permettre d’atteindre 3 milliards d’euros avec un résultat net de 77 millions d'euros.
T.V.