
La compagnie de Doha préfère une classe affaires haut de gamme.
La cérémonie de livraison du premier Airbus A350 à Qatar Airways organisée aujourd’hui à Doha devant plus d’une centaine de journalistes de la presse mondiale va faire date dans la stratégie des compagnies aériennes mondiales.
Akbar Al Baker, directeur général de Qatar Airways, a annoncé qu’il renonçait à l’avenir à équiper ses avions d’une première classe, excepté sur les Airbus A380 (huit sièges). Ainsi le nouvel A350, commandé à 80 exemplaires, est équipé d’une nouvelle classe affaires haut de gamme de 36 fauteuils-lits (au confort proche de ceux de l’ancienne première) séparée par un bar des 247 sièges en classe économique. Tous les avions Airbus ou Boeing à livrer – il y en a 340 en commande pour 70 milliards de dollars – auront une configuration biclasse proche de celle de l’A350.
Au défi de la première, cette réponse par le vide de Qatar Airways fait suite à la mise à niveau de sa concurrente du Golfe Etihad Airways et d’autres comme Air France. La compagnie d’Abu Dhabi, qui a présenté récemment les équipements de ses Boeing B787 et Airbus A380, avait marqué des points. En particulier, sur le très gros-porteur, "La Résidence" avait mis la barre de la première très haut avec salon et chambre dans le nez de l’appareil.
Une clientèle appropriée
Akbar Al Baker n’a pas suivi dans cette escalade et a déplacé les enjeux vers la classe affaires, de très belle qualité comme nous avons pu en juger à bord des premiers A350 et A380. On peut considérer que c’est une nouvelle étape dans l’évolution de la trilogie classique des classes première/affaires/écononomique. On se souvient qu’en 1987 la compagnie américaine Continental Airlines avait fusionné les deux classes avant en une BusinessFirst, suivie par de nombreuses compagnies major.
On doit aussi resituer la démarche du dirigeant qatari dans le contexte du profil de sa clientèle. Celle qui voyage vers Doha, une infime minorité, est composée d’hommes ayant à faire localement ou de spécialistes du pétrole et du gaz. Les grandes fortunes du Golfe ne prennent pas la ligne mais utilisent leurs jets privés. La majorité des passagers sont en correspondance à Doha, dans un aéroport moderne et fonctionnel, vers l’Inde, l’Asie du Sud-Est, la Chine et un peu l’Afrique de l’Est. Ce sont des passagers affaires, pas si nombreux que cela si l’on en croit les 36 sièges de la classe business contre 60 sur des avions équivalents d’autres compagnies, et surtout des touristes ou des voyageurs à titre familial qui prennent place dans les 247 sièges de la classe économique.
Le passager de Qatar Airways qui embarque à bord de l’A350 verra immédiatement la différence. La deuxième porte d’accès à bord, celle le plus souvent utilisée, ne débouche pas sur des cuisines ou des toilettes comme c’est le cas sur beaucoup d’appareils, mais sur un bar très British en bois verni où les hôtesses vous accueillent.
7 livraisons d'A350 prévues cette année
Qatar Airways a déjà testé l’A350 ces derniers jours à raison de huit vols quotidiens Sharjah-Doha avant de le mettre en ligne sur Francfort mi-janvier. Airbus devrait livrer un deuxième appareil en février et Akbar Al Baker a cité Rio de Janeiro comme prochaine destination, sous réserve des droits de trafic. Ces longs vols correspondent à l’autonomie de l’A350, de 14 000 km. New York ainsi qu’une deuxième ville en Europe sont également prévues au fil des sept livraisons prévues en 2015, la moitié de la quinzaine d’A350 construits par Airbus cette première année.
Devant Didier Evrard, nouveau directeur des programmes d’Airbus et qui était auparavant responsable de l’A350, Akbar Al Baker a renouvelé ses attentes de voir sortir un A380neo. Pour Qatar Airways, la version améliorée du super jumbo devra être équipée de moteurs consommant moins. D’autres compagnies, comme Emirates, souhaitent aussi un A380neo mais qui, cette fois, serait allongé pour transporter encore plus de passagers. Airbus devra arbitrer entre ces deux très gros clients !
De nouvelles lignes
Le réseau Qatar Airways va compter en plus cette année Manchester, Barcelone, Stockholm et Copenhague. Côté résultats économiques, pas de développement, le patron indique seulement que Qatar Airways est rentable d’après les résultats des neuf premiers mois de l’année 2014. Il précise que la privatisation de la compagnie n’est pas à l’ordre du jour avant vingt ans, sauf si les conditions économiques changeaient. Pour le passager, pas question de réduire le prix des billets, même si le coût du carburant a diminué de 50%.
Interrogé sur les accidents récents et notamment la disparition du Malaysia Airlines Kuala Lumpur-Pékin, Akbar Al Baker a indiqué qu’un système de suivi des avions en temps réel était à l’étude et que Qatar Airways serait la première à expérimenter cette géolocalisation sur un de ses avions.
Thierry Vigoureux, à Doha