
L'aéroport KLIA2 ouvre avec trois ans de retard en raison d'inquiétudes liées à la sécurité, dans un contexte où la disparition du vol MH370 a déjà jeté une ombre sur le trafic aérien malaisien.
La Malaisie inaugure cette semaine ce qu'elle présente comme le plus grand aéroport au monde pour les compagnies low cost, un projet pertinent sur un marché en plein essor mais qui démarre sous les funestes auspices de la disparition du vol MH370.
L'aéroport KLIA2 situé près de l'aéroport international de Kuala Lumpur (KLIA) devait ouvrir il y a trois ans mais le chantier a été retardé en raison d'inquiétudes liées à la sécurité et à une construction à bas coûts. Ce terminal, qui aura finalement coûté 1,2 milliard de dollars, ouvrira vendredi en proposant dans un premier temps 56 vols.
Il remplacera un vieux terminal dont la capacité était de 15 millions de passagers par an mais qui en accueillait 7 millions de plus dans des conditions de moins en moins confortables. Le KLIA2 s'étend sur une surface équivalant à 24 terrains de foot. Il est relié au cœur de la capitale, distant de 50 km, par un train express.
Les compagnies malaisienne Malindo Air, philippine Cebu Pacific Air, singapourienne Tiger Airways et les indonésiennes Lion Air et Mandala Airlines opéreront dès vendredi. Le leader low cost en Asie, AirAsia, devrait s'installer à partir du 9 mai.
Le KLIA2 prévoit 24 millions de passagers pour la première année, pour une capacité quasiment deux fois plus importante (45 millions). (...). Kuala Lumpur a pris une place prépondérante dans l'essor du voyage aérien à bas coût en Asie grâce en particulier à AirAsia.
La compagnie acquise en 2001 par l'homme d'affaires malaisien Tony Fernandes alors qu'elle connaissait de grandes difficultés est aujourd'hui florissante.
Le trafic low cost a triplé en Asie en 10 ans
"AirAsia est la force motrice de la croissance régionale du secteur grâce à sa taille et à sa capacité à offrir des billets à des prix attractifs", estime Shukor Yusof, spécialiste d'aéronautique. Et "le KLIA2 servira de catalyseur pour doper le voyage aérien en Asie", selon lui.
Mais la disparition inexpliquée du Boeing 777 de Malaysia Airlines le 8 mars peu après son décollage du KLIA à destination de Pékin a jeté une ombre sur la réputation du trafic aérien malaisien, et relancé les questions autour de la construction et des opérations du KLIA2.
Ses retards et ses coûts montant en flèche ont entraîné l'ouverture d'une enquête par une commission parlementaire et suscité les commentaires acerbes de responsables d'AirAsia qui ont fait part le mois dernier de leurs "nombreux motifs d'inquiétude, en particulier sur la fonctionnalité, la sûreté et la sécurité".
AirAsia a notamment dénoncé des "dépressions" sur les pistes et les aires de stationnement, menaçant de bocyotter le nouvel aéroport. L'opérateur a admis que le KLIA2 était construit sur un sol instable qui nécessitera un entretien et une attention constants.
La compagnie a finalement accepté de s'installer au KLIA2 après que le gouvernement eut garanti une inspection de l'Organisation de l'aviation civile internationale (OACI). Et Kuala Lumpur a annoncé la semaine dernière le feu vert de l'OACI pour le démarrage des rotations.
"Je confirme que le KLIA2 est sûr", s'est félicité le ministre des Transports, Hishammuddin Hussein, au cours d'une conférence de presse. Le trafic aérien low cost en Asie a triplé en dix ans. Il représente environ 50 à 70 millions de passagers (2013), soit 20% du trafic aérien régional.
Avec l'émergence de classes moyennes, le marché peut encore espérer connaître une croissance annuelle allant jusqu'à 10%, surtout avec le lancement du KLIA2, avance Shukor Yusof.
AFP