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Transport

Air Caraïbes et French bee : la reprise se présente solidement


Publié le : 30.11.2022 I Dernière Mise à jour : 02.12.2022
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Auteur

  • Rémi Bain Thouverez

Marc Rochet, Directeur Général d’Air Caraïbes et French bee, commente l’actualité du transport aérien et des solutions à mettre en place pour assurer sa pérennité

Tour Hebdo : Inflation, renchérissement du prix de l’énergie… vous n’êtes pas inquiet sur la santé de la reprise dans le transport aérien ?

Marc Rochet : Que ce soit pour Air Caraïbe ou pour French Be, la reprise se présente solidement. Il en est de même du marché dans son ensemble sauf exception ou cas particulier. Malgré le renchérissement des prix, les indicateurs restent bons. La croissance ne faiblit pas. Mais nous devons veiller à ne pas casser ce dynamisme par des augmentations excessives. Nous devons répercuter certaines hausses, bien sûr, tout en veillant à ne pas aller au-delà d’un certain seuil pour ne pas faire fuir notre clientèle.

Tour Hebdo : Jusqu’où ?

Marc Rochet : La tonne de kérosène se négociera moins chère en 2024 que maintenant. Le dollar s’apprécie plus favorablement pour nos échanges depuis quelques semaines déjà. La situation est donc en train de s’améliorer. Je pense que nous avons dépassé un pic et que nous nous situons sur un plateau. Nous pouvons donc être raisonnablement optimistes pour l’avenir.

Tour Hebdo : Que répondez-vous aux critiques qui dénoncent la rapidité des hausses de tarif et la lenteur des baisses ?

Marc Rochet : Que ceux qui critiquent de la sorte ne connaissent rien à notre vertical métier. Les billets n’augmentent ou ne baissent jamais globalement en fonction du cours du pétrole. La raison en est simple : comme nous avons déjà engrangé 50 % des réservations d’un vol sur lesquelles nous ne pouvons plus intervenir, il nous revient donc de lisser les fluctuations sur la moitié restante. Cela entraîne des effets de rattrapage. Pour nos compagnies aucun effet d’aubaine, mais un rééquilibrage nécessaire portant sur l’ensemble de notre production pour absorber des variations.

Tour Hebdo : L’accord que vous avez mis en place pour résister à la crise du Covid se considère comme exemplaire. Il consistait à proposer à vos salariés une baisse de rémunération de 10% contre l’engagement de ne pas licencier. Cela a marché ?

Marc Rochet : Oui. Nous n’avons pas licencié et de ce fait nos compagnies viennent de gérer la reprise dans les meilleures conditions. Mais cette opération a été rendue possible, car nous nous reposions, avant la crise, sur une situation financière saine.

Tour Hebdo : Justement, vos résultats sont bons. Les prévisions de croissance du transport aérien sont excellentes : elles avoisinent un doublement du trafic d’ici à 2040 et pourtant le secteur va mal. Comment expliquer ce paradoxe ?

Marc Rochet : La rentabilité du transport aérien repose essentiellement sur ses évolutions technologiques. L’A 380 n’en avait pas, ce qui explique son échec. À l’inverse le 747 représentait un véritable saut technologique tout comme le bi moteur qui en représentait un autre. Aujourd’hui, l’A350 c’est le troisième saut majeur. C’est une merveille technologique : silencieux, confortable, modulable, spacieux et consommant 25% de moins que les avions anciennes générations. Notre flotte repose sur ces appareils et nous avons maintenu nos prochaines commandes malgré la crise. Notre rentabilité vient du fait que nous sommes la première compagnie française à avoir choisi d’investir dans ces avions et de continuer à le faire.

Tour Hebdo : Comment voyez-vous l’avenir de votre secteur, le transport aérien étant sur la sellette à cause de ses émissions de CO2 ?

Marc Rochet : Soyons clairs : un vol émet du CO2, certes, mais ne pollue pas plus qu’un champ d’engrais ! Mais cela ne nous dédouane pas pour autant ! Alors pourquoi dans notre pays ne sommes-nous pas capables de prendre de vraies mesures ? Faute en revient à nos élus.

Tour Hebdo : Vous n’êtes pas tendre avec nos dirigeants. Lors du dernier congrès des EDV, vous êtes allé jusqu’à dire qu’une fois élus, les politiques arrachent la page du dictionnaire comportant le mot courage ! alors soyons concret : que pourrions-nous faire ?

Marc Rochet : J’assume : pourquoi ne pas exiger d’interdire dans un délai raisonnable tous les véhicules diésel des aéroports ? Voilà une décision autrement plus efficace que de vouloir supprimer les jets privés qui n’auront qu’un impact marginal. Pourquoi ne pas instaurer une prime à la casse, comme pour les voitures, pour rajeunir la flotte et réduire les effets les plus polluants ? Pourquoi ne pas intervenir sur le contrôle aérien avec une volonté administrative forte pour améliorer les équipements tout en validant les processus de sécurité dans le but de réduire de 10% la consommation sur les trajectoires ? Ce sont des directives plus simples, plus concrètes, plus efficaces que de vouloir taxer le kérosène qui ne fera que désorienter les marchés au détriment des revenus les plus modestes.

Tour Hebdo : Quelle est votre opinion sur la neutralité carbone ?

Marc Rochet : Je crois à la science. Nous avons résolu des problèmes déjà très aigus. Après d’énormes dépenses technologiques, la sécurité des passagers est assurée. Vous pouvez constater la baisse très sensible des accidents aériens. La menace terroriste est maîtrisée. Bien sûr cela se traduit par plus d’attente à l’embarquement, mais le problème est réglé à coût d’innovations sophistiquées qui font leurs preuves. Les nouveaux appareils consomment déjà beaucoup moins et toute notre industrie se mobilise pour suivre le calendrier du GIEC.

Tour Hebdo : Vous insistez souvent sur la contribution du tourisme en faveur de la paix. La guerre en Ukraine ne vient-elle pas contredire ce regard positif ?

Marc Rochet : C’est une confirmation au contraire. Les guerres sont généralement issues de régimes dictatoriaux qui cherchent à se maintenir au pouvoir en bridant l’information. Je ne connais pas une dictature qui puisse résister au développement du tourisme. Regarder l’exemple de Cuba : ce sont les tourismes avec leurs échanges, leurs contacts, leur publication sur les réseaux sociaux qui ont fait vaciller l’autocratie.

Tour Hebdo : Pour conclure, quel est le message que vous voulez donner aux agences de voyages ?

Marc Rochet : Nous travaillons à améliorer les automatisations pour leur permettre de gagner en productivité. Dans le même temps, il s’agit de suivre l’exemple des plateformes du e-commerce. Leur efficacité vient de leur capacité à mieux connaître leur clientèle. De notre côté, nous avons les moyens de faire la même chose. Nous devons agir de concert de façon à personnaliser davantage nos actions commerciales.

 

 

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