
La BBC révèle que certaines compagnies européennes préfèrent embarquer davantage de fuel à leur bord (et donc polluer davantage) pour économiser quelques euros liés au ravitaillement à destination.
Un argument de plus en défaveur des compagnies aériennes, accusées de polluer fortement l’environnement et qui met à mal la stratégie d'Iata de contrer la « honte de prendre l'avion ». Un lanceur d’alerte, ancien employé de British Airways, a dévoilé à la BBC que la compagnie surcharge ses appareils en carburant pour éviter de payer le ravitaillement trop cher à l’arrivée, expliquent nos confrères de Capital. Résultat : les avions sont bien plus lourds et polluent donc davantage.
D’après une étude publiée par Eurocontrol en juin dernier, la surcharge de carburant génère chaque année 286 000 tonnes de kérosène supplémentaires brûlées, soit l’émission de 901 000 tonnes de CO2. L’équivalent de « 2 800 aller-retours entre Paris et New York ou les émissions annuelles d’une ville européenne », affirme l’autorité européenne de contrôle aérien.
Et British Airways serait loin d’être la seule compagnie à avoir adopté cette pratique, à en juger les chiffres publiés par Eurocontrol : rien qu’en Europe, 16,5% des vols pourraient être concernés par une surcharge totale (c’est-à-dire le remplissage des réservoirs jusqu’à la limite) et 4,5% par une surcharge partielle. Soit, respectivement 1,6 million de vols et 450 000 liaisons.
265 millions d'euros économisés chaque année
Mais des simulations et des entretiens réalisés avec des acteurs du transport aérien, dont des pilotes de plusieurs compagnies, montrent qu’en pratique, « la surcharge en carburant totale est réalisée sur 15% des vols et la surcharge partielle sur 15% supplémentaires ». Neuf fois sur dix, cette opération serait d'ailleurs menée pour une question de prix du fuel plus avantageux au départ qu’à l’arrivée. Au total, cette pratique permettrait aux compagnies d’économiser 265 millions d’euros par an.
Si Eurocontrol reconnaît l'importante concurrence qui régit le secteur du transport aérien en Europe (mais aussi dans le monde), l'autorité souligne l'impact très négatif sur l'environnement. Et se prononce donc pour plusieurs solutions afin d'endiguer ce phénomène : fixation d’un prix unique du carburant dans tous les aéroports où les compagnies aériennes opèrent, augmentation du coût des droits à polluer « à un niveau dissuasif ». Un nouvel argument (et un nouvel allié) qui devrait conforter les pays européens qui souhaitent taxer davantage le transport aérien. La France en fait partie.