
L'agence européenne de la sécurité aérienne a annoncé ne pas vouloir suivre l'éventuel feu vert des autorités américaines à la reprise des vols du B737 MAX.
Le chaud et le froid continue de souffler sur l'avenir du B737 MAX. Mercredi dernier, Boeing a voulu une nouvelle fois rassurer ses compagnies aériennes clientes en assurant que l'interdiction de vol qui frappe l'appareil depuis mars devrait être levée en octobre, avec l'adoption et le déploiement d'un correctif au système MCAS défaillant.
L'agence fédérale américaine de l'aviation (FAA) semblait tout aussi optimiste, estimant fin août qu'une poignée de semaines était nécessaire à ses experts pour boucler le rapport sur la certification de l'appareil.
Mais voilà que l'horizon se bouche de nouveau pour les compagnies européennes. L'agence européenne de la sécurité aérienne (EASA) a affirmé jeudi qu'elle ne suivra pas automatiquement l'avis de la FAA, comme cela était l'usage dans l'industrie aéronautique jusqu'à présent.
"Aucun délégation n'a été donnée à la FAA", a affirmé Patrick Ky, président de l'EASA, lors d'une interview accordée à la BBC. Le patron de l'agence européenne pose même ses conditions pour une reprise des vols du B737 MAX en Europe.
L'EASA entend d'abord pouvoir procéder à "une étude supplémentaire plus large sur la conception de l'appareil". Un travail qui devrait nécessiter du temps… L'agence ajoute qu'elle souhaite également mieux comprendre les circonstances du crash du B737 MAX de Lion Air en octobre 2018 et de celui d'Ethiopian Airlines en mars dernier.
De la formation sur des simulateurs
Encore du temps précieux qui s'envole pour les compagnies aériennes européennes. Et ce n'est pas tout : l'EASA veut s'assurer que les équipages auront été suffisamment bien formés aux évolutions de l'appareil. L'agence européenne ne compte pas se satisfaire de formations sur tablettes ou de simples consignes de sécurité mais plaide pour de la formation sur des simulateurs.
La position européenne ne fait en tout cas pas les affaires des 7 compagnies européennes qui disposent aujourd'hui de B737 MAX dans leur flotte : Norwegian, Air Italy, Icelandair, TuiFly, la tchèque Smartwings et les compagnies polonaises Enter Air et LOT.
Pour Norwegian, qui compte 18 appareils et s'impose comme la compagnie européenne qui aligne le plus de B737 MAX, la décision est lourde de conséquence : la low cost norvégienne vient effectivement de demander un délai à ses créanciers, écrasée par une dette estimée à 3 milliards d'euros, et elle a cruellement besoin de ses appareils pour assurer ses vols et générer des revenus.