Le ministère de l’Intérieur réagit à la dégradation du contrôle des passeports depuis un mois.
Après une rencontre à Matignon avec les dirigeants de l'Union des aéroports français et de la Fédération nationale de l'aviation marchande, après de nombreuses lettres des patrons de compagnies aériennes, des protestations d’élus, de nombreux reportages et articles de presse, le ministère de l’Intérieur accepte de renforcer le dispositif de la Police aux frontières à Orly et à Roissy-CDG (seulement).
En 2016, les compagnies aériennes ont enregistré sur le seul terminal Sud une dégradation de 500% des retards consécutifs aux contrôles par rapport à 2015. "Dès le week-end prochain et jusqu’au 31 août, ce sont 100 policiers supplémentaires qui seront présents tous les jours sur ces deux sites pour augmenter le nombre de points de contrôle et, ainsi, réduire les délais d’attente", indique un communiqué de presse de M. Gérard Collomb, ministre d’État, ministre de l’Intérieur. Les effectifs supplémentaires de 100 policiers sont issus des compagnies républicaines de sécurité́ (CRS). Ce qui permettra aux fonctionnaires de la police aux frontières (PAF) de se concentrer spécifiquement sur les missions de contrôle transfrontières. Les CRS connaissent les lieux puisqu’il avait été fait appel à eux au début du mois à Orly pour calmer un début d’émeute des passagers dans les files d’attente...
De nouveaux dispostifs à venir
Cent policiers de plus reste une goutte d’eau sur les 10 000 fonctionnaires de la PAF, dont 500 sont détachés à Orly et 1 700 à Roissy-CDG, selon les chiffres donnés à Matignon. Un ratio qui n’est pas proportionnel au trafic actuel avec 2,7 millions de passagers en juin dernier à Orly contre 6,1 million à Roissy-CDG, même si Orly compte beaucoup de vols domestiques. Le ratio serait respecté si les vols à destination des DOM restaient du ressort de la France et non pas de la règlementation Schengen. A Orly, ce serait immédiatement dix mille passagers de moins à contrôler chaque jour.
A terme, le ministre de l’Intérieur promet la mise en place d’"un nouveau dispositif technique de vérification des passeports et cartes d’identité́ qui permettra de réduire de manière significative le délai d’interrogation des bases de données, dont la disponibilité́ opérationnelle a été́ renforcée". Il s’agit de la reconnaissance faciale par les sas Parafe plus réactive que l’identification des empreintes digitales. Ces retards informatiques et ces disfonctionnements inquiètent aussi les membres du comité en charge de la candidature de Paris aux Jeux olympiques. En pleine négociation des JO de 2024, la France affiche au travers des défaillances des services de contrôle aux aéroports un retard criant d’infrastructures. Beaucoup de progrès restent à accomplir car les sas Parafe ne prennent toujours pas en compte les enfants ou les familles et seulement les passeports biométriques français. Les visiteurs étrangers sont priés de faire la queue. Un handicap pour le tourisme en France.
Thierry Vigoureux