Après l'octroi mercredi du label French Tech à neuf métropoles, le président de Matooma, société spécialisée dans les objets connectés, fait le point sur les enjeux du label.
Tour Hebdo : Montpellier vient de recevoir le label French Tech. Qu'attendez-vous de ce label pour votre start-up ?
Frédéric Salles : D'abord, le travail sur la labellisation a permis la création d'un écosystème d'entreprises numériques à Montpellier, avec notamment une soixantaine de start-up et des grands groupes comme EDF. Tous ces acteurs ne se connaissaient pas et cela a donné l'opportunité de tisser du lien et même de travailler ensemble. Maintenant que ce label est créé, nous en attendons une meilleure visibilité et une reconnaissance de la valeur des entreprises du numérique de Montpellier. Le label va aussi permettre d'élargir notre réseau au niveau national, via des rencontres avec d'autres start-up françaises.
Ce label compte aider les entreprises à se développer à l'international. Pensez-vous que cela sera efficace ?
Pour nous qui souhaitons nous ouvrir au marché américain à l'horizon 2015-2016, je pense que ce label va nous aider. Aux Etats-Unis, personne ne connaît Matooma. Alors que le label French Tech aura une résonance. Mais tout dépendra de la façon dont les pouvoirs publics vont développer le label.
Le label, c'est bien mais ce n'est pas suffisant ?
Non, il faut désormais que les pouvoirs publics communiquent. C'est comme le Label Rouge sur les poulets : tant qu'il n'y a pas eu de publicités à la télévision, les consommateurs ne savaient pas ce que représentait ce label. Même chose avec le label French Tech ! A notre niveau, nous allons nous aussi porter le label en l'affichant sur notre site Internet.
Grâce au label French Tech, les start-up auront un accès facilité au financement de BPIFrance. Cela vous semble intéressant ?
Attention, le prêt à taux zéro accordé par BPIFrance se limite au niveau des fonds propres de la start-up. Dès lors, lorsqu'une start-up débute, cela ne sert à rien. C'est au moment où la start-up dispose déjà de financements qu'elle peut se tourner vers BPIFrance… Heureusement, avant d'aller chercher des fonds auprès de BPIFrance, il y a beaucoup d'autres possibilités. En ce qui nous concerne, nous avons obtenu des prêts à taux zéro auprès du Réseau Entreprendre, de la région Languedoc-Roussillon et de l'association montpelliéraine Créalia, pour un total de 135 000 euros. Ceci dit, le label peut être intéressant par rapport à ce volet financement : désormais, les investisseurs seront plus enclins à s'intéresser aux start-up des territoires labellisés. Le label apporte de la confiance car il atteste que le territoire propose un environnement favorable aux start-up.
Le label devrait s'étendre à d'autres villes. Est-ce une bonne chose ?
Le label a été attribué à neuf villes et je trouve que cela est suffisant. Le label n'a de valeur dès lors qu'il est limité ; c'est la rareté qui crée la valeur. Si demain vingt villes affichent le label, cela ne veut plus rien dire du tout.
Comment jugez-vous l'environnement des start-up du tourisme en France ?
Dans le tourisme, on voit peu de poids lourds, hormis BlaBlaCar, qui a récemment levé 100 millions d'euros. Pour le reste, les start-up du tourisme sont peu visibles. Il est notamment étonnant de voir le peu de start-up du tourisme à Montpellier alors que la région est très touristique.
Propos recueillis par Didier Forray