
L'OMT a fermement condamné le décret signé par Donald Trump et les réactions se multiplient.
Quelques jours après la signature par Donald Trump d'un décret interdisant pour 90 jours l'entrée aux Etats-Unis des ressortissants d'Iran, d'Irak, du Soudan, de Somalie, du Yémen, de Libye et jusqu'à nouvel ordre pour les ressortissants syriens, la désapprobation monte dans le monde du tourisme.
Au premier rang de la contestation, la très officielle Organisation mondiale du tourisme (OMT) : dans un communiqué, l'agence des Nations Unies exprime "ses profondes préoccupations et sa condamnation forte de l'interdiction de voyage mise en place par les Etats-Unis à l'entrée des ressortissants de 7 pays".
"L'interdiction de voyage basée sur la nationalité est contraire aux principes de la liberté de voyager et des initiatives pour faciliter le voyage promus par la communauté du tourisme", juge l'OMT, "cela freinera les immenses bienfaits du tourisme en terme de croissance économique et de création d'emplois pour de nombreux pays, y compris les États-Unis". L'organisation des Nations Unies prédit d'ailleurs une chute du tourisme international aux Etats-Unis.
Pour Taleb Rifai, secrétaire général de l'OMT, "les questions de sécurité que nous affrontons aujourd'hui ne doivent pas nous conduire à ériger de nouveaux murs, au contraire, l'isolationnisme et les actions discriminantes aveugles ne permettront pas d'améliorer la sécurité mais ne feront qu'augmenter les tensions et les menaces".
IATA demande une clarification
Autre organisation internationale sur le pont : IATA. L'association des transporteurs aériens réaffirme qu'elle "travaille pour la liberté de mouvement du commerce et des personnes à travers les frontières". "Le décret est entré en application sans aucune coordination ni mise en garde préalable, provoquant la confusion parmi les compagnies aériennes et les voyageurs", fustige l'association dans un communiqué. Et IATA d'interpeller Washington : "Nous demandons une clarification rapide à l'administration américaine".
Aux Etats-Unis, l'agence en ligne Expedia s'est associée à Amazon pour lancer une action en justice contre le nouveau décret qui, selon les deux firmes, menace leurs employés et leurs activités. Expedia rappelle qu'elle emploie 1 000 employés titulaires d'un passeport de l'un des 7 pays visés. Dans une lettre aux employés, le PDG d'American Airlines, Doug Parker, affirme quant à lui que "le désordre dans les aéroports montre combien ce décret divise".
L'OT se veut rassurant
En France, le ministre des Affaires étrangères Jean-Marc Ayrault a rétorqué dans un tweet que "le terrorisme n'a pas de nationalité" et que "la discrimination n'est pas une réponse".
Le Visit USA Committee en France insiste de son côté sur le fait qu'il est "apolitique" et n'a pas "d'opinion ni de réaction officielle à partager sur le décret". Concernant d'éventuelles répercussions sur l'image et le tourisme aux Etats-Unis, l'OT américain en France révèle avoir contacté en début de semaine plusieurs TO et agences de voyages. "Les professionnels du tourisme confirment tous n'avoir eu à ce jour aucune baisse ni annulation, au contraire, la saison a l'air plutôt positive", souligne l'OT.
Enfin, Murielle Nouchy, directrice de Visit California en France, confie que le siège de Visit California a demandé à tous ses bureaux européens une analyse de la situation afin d'évaluer l'impact du décret. Mais Murielle Nouchy se veut optimiste : "Personne ne peut changer notre Dream Big", lance-t-elle.
Didier Forray