
Mercredi, c’est permis ! Tour Hebdo lance une nouvelle rubrique engagée, signée Thierry Beaurepère, dans laquelle il vous fait part de son humeur, qu’elle soit bonne ou mauvaise …
En 2002, la France remportait 11 médailles aux JO d’hiver de Salt Lake City et avait un ministre du tourisme. Jacques Chirac - ou plus exactement son Premier Ministre de l’époque Jean-Pierre Raffarin - avait alors désigné Léon Bertrand pour s’occuper des congés payés des Français. Depuis, l’ex député de Guyane a mis en application son programme et s’est offert un long séjour… à l’ombre ! En 2017, il était condamné à trois ans de prison ferme pour corruption passive et favoritisme, une peine pour laquelle il a fait appel.
Mais revenons à nos soucis, je veux dire aux vacances… Aux professionnels qui reprochaient alors à Jacques Chirac les trop faibles moyens alloués au tourisme, le Président aurait glissé à l’oreille de l’un d’eux : "En même temps, vous avez un ministre, vous ne pouvez pas tout avoir"!
En 2018, "la France qui gagne" espère battre son record de médailles aux JO de Pyeongchang, jolie bourgade coréenne lovée dans les monts Taebaek, dixit Wikipédia, mais n’a pas de ministre du tourisme. En même temps, elle explose son budget… C’est bien là le principal !
Lors du Conseil interministériel du Tourisme qui s’est déroulé le 19 janvier, Edouard Philippe a en effet annoncé une rallonge budgétaire de 15 millions d’euros en 2018 pour Atout France, l’organisme chargé de la promotion de notre beau pays; soit 21% d’augmentation !
En ces temps de disette, le chiffre fait des envieux dans les ministères moins bien lotis… Dans ses locaux du 9e arrondissement de Paris, le directeur général d’Atout France, Christian Mantei, n’en finit plus de sabler le champagne. D’autant qu’il est prévu que le budget bondisse rapidement à 100 M€ par an, contre 70 en 2017. De quoi s’offrir quelques belles bouteilles de Veuve Clicquot…
"Un euro de promotion pour un touriste étranger" dixit le Conseil, qui vise les 100 millions de visiteurs en 2020, contre 89 millions cette année, nouveau record. Décidément, il a la baraka, ce Macron !
"On traite parfois le secteur par-dessus la jambe", avoue Sarkozy
Rendons toutefois à César ce qui est à… Hollande, même si cela en irrite quelques-uns. Car c’est bel et bien lorsque ce dernier décida de rattacher le tourisme au ministère des affaires étrangères - alors sous la coupe de Laurent Fabius - que le secteur a enfin été pris au sérieux…
Avant lui Sarkozy – en même temps précurseur du "tourisme collaboratif" en s’invitant dans les villas et sur les yachts de quelques-uns de ses riches amis - n’avait eu que peu de considération pour ces pros du tourisme toujours en vacances.
"Il y a un décalage énorme entre le tourisme et sa perception par les élites. On traite parfois le secteur par-dessus la jambe", a-t-il d’ailleurs reconnu lors de son passage à Lyon, au dernier congrès Selectour; un émouvant mea culpa qui a tiré les larmes aux participants !
"Un euro de promotion pour un touriste étranger"… voilà qui sonne comme un joli slogan publicitaire ! En toute logique, la nouvelle Confédération des Acteurs du Tourisme (CAT) en a profité pour – enfin – sortir de l’ombre.
"Les premières mesures vont dans le bon sens", a-t-elle déclaré, dans un communiqué. Quelle clairvoyance ! Mais la CAT apprend vite. Car en même temps, elle s’est étonnée que "l’Assemblée Nationale et le Sénat ne se saisissent pas de la dynamique que le gouvernement et les professionnels s’attachent à définir et mettre en œuvre". En effet, parmi les 115 groupes d’études crées et en cours de constitution à l’Assemblée Nationale aucun n’est dédié spécifiquement au tourisme. Un petit bémol, joli comme un hommage à Emmanuel Macron !