
Le Snav, le Seto et l'APST ont rencontré hier les conseillers du Premier ministre pour faire part de leur vive inquiétude sur les discussions en cours à Bruxelles.
Le deux syndicats de la profession et l'APST ont été reçus hier par des conseillers du Premier ministre pour évoquer la révision de la directive des voyages à forfait, qui suscite en l'état leur "vive inquiétude", expliquent-ils dans un communiqué commun publié cet après-midi.
"Si cette directive est adoptée en l’état, elle aura pour conséquences des pertes de l’ordre de 150 millions d‘euros par an pour le secteur du tourisme et du voyage et la destruction à court terme de près de 4 000 emplois en France", affirment le Snav, le Seto et l'APST.
"En l’état, ce projet crée une inadmissible distorsion de concurrence en matière de protection des consommateurs", assurent les trois instances professionnelles, qui détaillent : "Le consommateur qui construira son voyage en cliquant, par exemple, sur le site d’un transporteur qui l’oriente vers le site d’un hôtelier, puis celui d’un loueur de voitures ne bénéficiera que d’une protection au rabais".
Un texte qui renforce les obligations des AGV
Les professionnels du voyage réunis dans ces trois instances "alertent les consommateurs et leurs représentants sur cet affaiblissement de leur protection, en fonction du mode de réservation", estimant que "ce texte conduit à un résultat qui est tout le contraire de l’objectif annoncé. Il va précipiter les consommateurs entre les mains d’opérateurs qui ne seront plus contraints de les protéger".
Autre source de mécontentement, le renforcement des contraintes pour les agents de voyages : "Paradoxalement, ce projet de directive renforce les obligations des agences de voyages en matière d’information, et crée de nouvelles et inutiles contraintes pesant sur des professionnels déjà très matures en la matière tout en supprimant ces contraintes pour des opérateurs souvent peu scrupuleux et peu soucieux de la protection des consommateurs", assurent les trois instances.
Aucun engagement d'action concrète
Jean-Pierre Mas, René-Marc Chikli et Raoul Nabet, qui cosignent ce communiqué, assurent que "lors de ce rendez-vous, les conseillers du Premier ministre n’ont pu que reconnaître les incohérences de ce projet mais n’ont pris aucun engagement d’action concrète". En colère, ils estiment que "la distorsion de concurrence orchestrée" va finir par avoir des "conséquences économiques insupportables".
Les trois présidents réclament une prise en charge politique du dossier, "par les ministres eux-mêmes, compte tenu des enjeux". Jean-Pierre Mas rappelle notamment que "le secteur du voyage représente 5 000 entreprises, 45 000 emplois et 7% du PIB français", et qu'il doit être "entendu par les pouvoirs publics à un moment crucial en obtenant que les dispositions dangereuses et litigieuses soient revues et réécrites par l’Union européenne".
C.R.