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Economie

Tribune - Jean Pierre Nadir : ‘’c’est le rôle du tourisme de sauver la planète’’


Publié le : 29.06.2022 I Dernière Mise à jour : 29.06.2022
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Auteur

  • Rémi Bain Thouverez

Le tourisme durable s’est ‘’naturellement’’ invité lors du dernier congrès des EDV en République Dominicaine, tant le sujet devient sensible. Le moins que l’on puisse dire, c’est Jean Pierre Nadir prend tout le monde à contrepied quand il déclare que : « le tourisme peut sauver l’humanité »

Au moment où le tourisme est montré du doigt comme participant à la dégradation de notre environnement, Jean Pierre Nadir interpelle avec ses prises de position : « si le tourisme est mauvais pour l’humanité, il faut arrêter de voyager tout de suite. Mais si c’est bon pour l’humanité, le tourisme n’est pas le problème, mais la solution. Sachant que 2 milliards d’individus vivent avec 2 dollars par jour et que le tourisme représente pour eux une des seules débouchées porteuses d’avenir quasi immédiate et sources de revenus, posons-nous la seule et vraie question : quelles sont les solutions pour rendre le tourisme compatible avec l’écologie pour sauver l’humanité."

Il répondait en substance à l’agent de voyage qui s’était permis de critiquer la destination prise par les EDV de la destination Punta Cana.

https://www.tourhebdo.com/actualites/congres-des-edv-parier-sur-lunion-pour-preparer-lavenir-696389.php

Le réchauffement climatique oui, mais la non-résolution de la pauvreté devient aussi une de nos grandes causes. Peut-on faire cohabiter les deux enjeux ? jean pierre Nadir le pense et il pense même que le tourisme est la solution pour sauver le monde !

 

Tour Hebdo : Vous affirmez que le tourisme n’est pas le problème, mais la solution pour sauver notre planète. Vous ne poussez pas un peu loin le paradoxe ?

Jean Pierre Nadir : Au contraire, le tourisme devient aujourd’hui la pierre angulaire de la reconstruction de notre monde à condition de l’aborder avec pragmatisme et responsabilité. Autrement dit en associant responsabilité plaisir et sobriété … Rappelons que le tourisme responsable c’est bien la volonté de réconcilier la planète, les populations locales et les visiteurs !

Tour Hebdo : Ambitieux !

Jean Pierre Nadir : Mais regardez ce que vient de révéler la crise sanitaire : l’importance du local dans les grands équilibres. Eh bien, justement, le tourisme responsable réconcilie le local dans un écosystème global vertueux : fixation des populations dans leurs environnements habituels, participation à une économie auto suffisante, préservation de la nature, proximité de la population et des clients, et surtout créateur de nombreux emplois direct, indirect et induis …Vous voyez, il faut considérer le tourisme dans toutes ses dimensions : écologique bien sûr, mais aussi humaine : pour certain c’est la ‘’faim’’ toute la journée alors que pour d’autres c’est la ‘’fin’’ du monde…

Tour Hebdo : Mais vous conviendrez que le tourisme pollue !

Jean Pierre Nadir : Mais si vous ne donnez pas de travail aux habitants des villages du monde, ils vont migrer et seront source de pollution à double titre : d’abord en abandonnant leur activité locale qui participe à la préservation de leur environnement ensuite en grossissant les centres urbains bien plus consommateurs de CO2.

Tour Hebdo : C’est ce que vous expliquiez au congrès des EDV :

Jean Pierre Nadir : Il s’agit de regarder le monde en face. Si vous décidez d’arrêter le tourisme, car trop polluant, il faut s’attendre à une immigration économique immédiate contre migration climatique pressentie. La réalité, c’est que vous avez de plus en plus de monde sur terre et de moins d’emplois. Sachez que le secteur de l’agriculture à perdu 50% d’emplois ces 20 dernières années. Le secteur manufacturier baisse de 2 à 3% par an. Par voie de conséquence, le bon ordonnancement du monde doit se trouver entre la ‘’fin’’ du mois pour les populations fragiles et la ‘’faim’’ dans le monde.

Tour Hebdo : C’est ce qui vous expliquiez au congrès des EDV

Jean Pierre Nadir : Exactement : nous sommes 7,5 milliards d’individus sur terre, dont 2 milliards qui vivent avec 2 dollars par jour et ces derniers, bien souvent, vivent ou pourraient vivre du tourisme. Alors la vraie question est la suivante : le tourisme est-il bon pour l’humanité ? si non, on arrête tout de suite de voyager. Si oui, on étudie comment s’organiser pour donner du travail à ceux qui en ont besoin et prendre les bonnes décisions pour limiter, voir stopper la pollution.

Tour Hebdo : Alors comment ?

Jean Pierre Nadir : Sur tous les plans. Prenez l’exemple des hôtels, ils peuvent réduire leur consommation jusqu’à même devenir à énergie passive, voire même à énergie positive. Les solutions sont nombreuses : des constructions repensées de façon à favoriser les courants d’air’ -architecture climatologique - pour limiter la climatisation, des lumières qui ne s’allument qu’avec des détecteurs de présence, des lampes à lead, des panneaux solaires ou de la géothermie pour produire de l’électricité propre, le retraitement des eaux, la réutilisation des eaux grises, la limitation des détergents, la récupération des eaux de pluie, une politique rigoureuse dans la gestion des plastiques, l’approvisionnement essentiellement en produits locaux , l’usage du vrac , l’utilisation de véhicule électrique… Vous voyez la liste est longue.

Tour Hebdo : Mais justement, n’est-elle pas trop longue, au point d’apparaître comme repoussoir !

Jean Pierre Nadir : Là-bas, vous ne vous posez pas la question, car c’est de votre job dont il s’agit. Un hôtel, c’est 3 emplois directs et indirects par chambre. Comprenez bien : en aidant les producteurs à cultiver pour le compte de l’hôtel vous inversez la tendance qui faisait la part belle aux importations qui en moyenne parcourent en polluant 3000 kilomètres avant d’arriver à destination. En produisant local vous pouvez proposer ‘’des saveurs d’ailleurs’’ autrement plus appréciées par les visiteurs et vous créez de l’emploi. Dans nos contrées un agriculteur cultive 200 hectares. Dans des pays moins favorisés, il faut compter 6 salariés pour un hectare. Vous voyez la réserve d’emploi que vous pouvez préserver ?

Tour Hebdo : Encore une approche locale…

Jean Pierre Nadir : C’est la clé. En aidant les producteurs, vous allez permettre de réhydrater les sols, arrêter la désertification, développer la diversification biologique et de créer de nombreux emplois : 6 individus pour un hectare en perma agriculture. Ça va relancer des productions locales en diversifiant les productions et en trouvant des débouchés immédiats, etc. Vous sauvez l’humanité et la terre. Le tourisme n’est donc pas le problème, mais la solution. Il offre des débouchés faciles à mettre en œuvre là où les exportations ne sont pas toujours possibles et surtout coûtent énormément en co2 !

Tour Hebdo : Ça paraît simple…

Jean Pierre Nadir : Non, ce n’est pas simple. Cela demande de l’engagement et en particulier de lutter contre le gaspillage. 1/3 des la production alimentaire mondiale part à la poubelle. Il faut agir, limiter les buffets, non par pour tomber dans la frugalité, mais dans la rationalité. Si un pays ne produit pas d’orange, vous proposez du jus de mangue au petit déjeuner. D’ailleurs c’est très bon et les touristes ne vont pas se plaindre. Ne plus jeter, mais donner au personnel, aux écoles et aux paysans pour nourrir leur cheptel : les saveurs de l’ailleurs pour les uns et le bonheur de vivre ici pour les autres.

Tour Hebdo : Et arrêter le tourisme bashing !

Jean Pierre Nadir : Le remettre dans sa dimension. Il est un extraordinaire vecteur de progression social. Devenir ingénieur sans une longue formation relève de l’exploit. Mais partir du bas de l’échelle pour devenir un patron d’hôtel reste à la portée de bien des profils. L’Énergie individuel, c’est le capital de ceux qui sont sans moyen financier ou universitaire, mais qui veulent avancer !

Tour Hebdo : et redonner ses lettres de noblesse au secteur…

Jean Pierre Nadir : Reste que nous devons tous nous remettre en question et agir autrement pour la planète comme pour l’humanité. Parcourir moins d’étapes, mais mieux vivre dans le ressenti. En faire moins pour en vivre plus. Favoriser les excursions pour aller à la rencontre des gens qui produisent. Prendre des repas chez l’habitant, etc. Voilà de la parité écologique pour réinventer le tourisme dans une logique d’apaisement pour in fine se trouver en harmonie avec les lieux que vous visitez.

Tour Hebdo : Vous ne décrivez pas un monde trop idyllique ?

Jean Pierre Nadir : Non, car il est en marche. Les bateaux à propulsion photo voltaïque sont opérationnels. Vous irais moins vite et moins loin, mais vous aller voire vivre les dauphins grâce à un fond en verre et parce que vous faites plus de bruits, plutôt que de poursuive l’illusion de nager avec eux. Vous respectez mieux le monde animal et vous gagnez en harmonie avec l’environnement grâce à la quiétude de l’instant ! Le catamaran électrique fonctionne parfaitement comme le démontre Coquille Bonheur, un champion de la sustainability touristique sur l’ile Maurice.

Tour Hebdo : Et l’afrique ?

Jean Pierre Nadir : Idem : en transformant les 4X4 de safaris de véhicules thermiques, en véhicules électriques comme le fait Tanganyika pour les faire rouler sur batterie. Vous polluez moins, vous n’effrayez plus les animaux avec les bruits. C’est plus confortable pour les clients et vous n’avez plus la contrainte de parcourir 300 km pour trouver un post d’essence pour recharge en fioul. Évidemment la transformation coûte au début, mais c’est rentable sur la durée puisque vous économisez les 18 euros de fioul annuel !

Tour Hebdo : Cela implique de modifier nos comportements

Jean Pierre Nadir : oui comme toutes l’humanité doit le faire et le tourisme peut être le creuset des apprentissages nouveaux : mobilités douces, produits locaux et de saison, sobriété énergétique et d’usage des eaux, limitations des déchets ….etc. Le tourisme responsable commence par des touristes responsables et responsabilisés.

Tour Hebdo : Mais le surtourisme !

Jean Pierre Nadir : Justement, il convient surtout de gérer les flux pour contrôler le sur tourisme dans les sites les plus emblématiques comme le Taj Mahal, le Machu Picchu ou Venise. Étendre les visites tout au long de l’année. Tout est à repenser : inverser les horaires, élargir les plages de visite, travailler sur des saisons plus longues…visiter l’Alhambra en octobre, c’est très bien, il y a moins de monde, il fait moins chaud et c’est plus facile à réserver.

Tour Hebdo : Mais pour le transport aérien, comment faire ?

Jean Pierre Nadir : Mais ça commence déjà dans la perspective d’être en phase avec les recommandations du Giec : moins 50% en 2 d’émission en 2030. On n’y sera pas, mais il faut viser 2035 ….

Tour Hebdo : Comment ?

Jean Pierre Nadir : Il faut favoriser les vols directs. Agir sur les routes, pratiquer l’écopilotage, ajuster les puissances, recharger en fioul à l’aller et au retour, idem pour l’eau sachant qu’1 kilo dans un avion c’est 50 tonnes de kérosène par ans, mais aussi limiter le roulage au sol voir pratiquer le green taking … Augmenter la part des biocarburants, même s’ils sont plus chers et pas produits en grande quantité. Mais personnellement je mise sur les Algocarburants biocarburant de niveau 3 qui en est au début de sa production et offre de nombreuses perspectives. À ce sujet, il se présente des solutions intéressantes comme la culture des microalgues. Aussi, des avions neufs, des tracteurs électriques au sol, etc. Mis bout à bout, vous réduisez votre empreinte écologique de 50%. Ensuite en 2050 il faudra compter sur les carburants de synthèse ou sur l’hydrogène. Enfin, ne pas faire l’impasse des puits de captation pour capturer le CO2. Il en existe déjà dans le monde et l’agroforesterie le permet également en plus de ces autres vertus …….

Pour terminer, il faut rappeler les vertus de l’absorption … qui du coup permet de relier transport et évolution locale grâce aux bienfaits sur l’agriculture et limite les méfaits du transport aérien !

Tour Hebdo : Alors, sauver l’humanité ?

Jean Pierre Nadir : Pas le choix. Le coût du transport va se surenchérir de plus en plus. L’alternative, c’est de voyager moins, mais plus longtemps en savourant le local. Il se présente comme générateur d’expérience pour le touriste tout en fournissant du travail à ceux qui en ont besoin sans omettre de respecter la terre en particulier et le monde du vivant au sens large !

 

Jean Pierre Nadir fondateur du site FairMoove

.https://www.fairmoove.fr/?gclid=Cj0KCQjw8O-VBhCpARIsACMvVLOqlRiXKTUlkocd2wZ7v5KUW0ANxDbp6dK-boGbKKzu90rWnWzKVi4aAqCfEALw_wcB

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