À l'occasion de la nouvelle édition (virtuelle) de l'événement annuel ExploreGB, dédié à la promotion du tourisme britannique et nord-irlandais auprès des professionnels du secteur, Sally Balcombe, Directrice générale de VisitBritain, revient pour Tour Hebdo sur la situation sanitaire actuelle et le retour prochain des touristes français outre-Manche.
Tour Hebdo : Avez-vous des objectifs concernant les voyageurs français pour cette année ? Le marché va-t-il être important pour la Grande-Bretagne une fois les frontières entre les deux pays rouvertes ?
Sally Balcombe : Ce que je veux d'abord rappeler, c'est que la France a toujours été un marché important pour nous. Vous êtes le second marché le plus important dans le monde pour nous, avec toujours beaucoup de visiteurs. Pour cette année 2021, nous nous attendons à ce que le marché domestique reprenne en priorité comme, je crois, cela se passe dans la plupart des pays. Mais quand nous allons pouvoir ouvrir sans encombre, nous nous attendons à voir revenir le marché européen. La rapidité à laquelle cela se produira dépendra évidemment de comment la pandémie évolue et comment la vaccination progresse. Mais nous espérons ouvrir aux voyageurs internationaux – selon la feuille de route du gouvernement dévoilée la semaine dernière – le 17 mai prochain. Cela pourrait ne pas se produire si la situation ne le permet pas, mais nous espérons, si tout va bien, pouvoir tout ouvrir d'ici l'été. Le gouvernement parlait de lever toutes les restrictions d'ici la fin du mois de juin. Donc nous espérons que tout va redémarrer cet été et que les Français vont revenir. En grand nombre, s'il vous plaît ! (rires). Tout cela dépendra aussi de la situation sanitaire des différents pays, de comment ils avancent face à la pandémie et en matière de vaccination.
T.H. : En attendant l'amélioration de la situation, est-il prévu d'ouvrir aux seuls voyageurs vaccinés ?
S.B. : Nous n'avons pas encore pris cette décision. C'est l'un des sujets évoqués, comme c'est le cas aussi de la possible mise en place d'un passeport vaccinal, mais rien n'est décidé. Nous voulons essayer de faire simple. Le gouvernement veut veiller à ce que les citoyens britanniques ont tout ce qu'il faut pour voyager à l'étranger. D'autre part, il veut s'assurer de tout ce qui est nécessaire pour les personnes qui arriveront. Donc je pense qu'un dispositif tel que le passeport vaccinal ou le certificat sanitaire pourrait être mis en place. Il est également probable que nous continuions à tester, car cela dépendra d'où les voyageurs proviendront, de ce qu'il se passera dans chaque pays. Il y aura donc, je pense, un dispositif mis en place, mais rien n'a encore été annoncé officiellement.
T.H. : À propos justement de la vaccination, vous avez été montré comme un exemple avec votre campagne vaccinale d'envergure. Est-ce un argument que vous souhaitez mettre en avant pour faire revenir les touristes ?
S.B. : J'espère bien oui ! 38 % des adultes du Royaume-Uni ont déjà été vaccinés. Et l'objectif est que tous les adultes soient pleinement vaccinés d'ici la fin du mois de juillet. Ce qui fait de notre pays le deuxième au monde, après Israël, en termes de pourcentage de vaccination. Nous allons beaucoup plus vite que la plupart des pays. Je pense que c'est important de le mettre en avant, notamment auprès du marché français, et de dire : ”Nous sommes sûrs, vous pouvez venir chez nous. Vous pouvez vous sentir en sécurité grâce au niveau élevé de vaccination dans le pays”. Ce qui se passe, c'est que les infections s'effondrent. Il y quelques semaines, nous parlions de 60 000 contaminations par jour, nous en identifions 5000 actuellement. Tout chute aussi vite - le nombre de contaminations, le nombre d'hospitalisations, le nombre de décès - qu'avance la vaccination. Nous serons donc un pays très sûr où voyager. Mais nous voulons aussi insister sur le fait que ce n'est pas seulement ça qui fera revenir les touristes français. Nous avons aussi fait un gros travail avec toutes les entreprises de l'industrie touristique. Nous avons mis en place le label ”We’re Good To Go”, qui se voit aujourd'hui attribuer une certification internationale par le World Travel & Tourism Council (WTTC). Tout le monde peut ainsi voir, qu'en plus du taux important de vaccination, les entreprises du secteur sont également sûres.
T.H. : Au contraire, le Brexit peut-il être un frein au retour des voyageurs ?
S.B. : Toutes nos recherches disent que ce ne sera pas le cas. Ces recherches que nous avons effectuées depuis 2016, en s'adressant aux ressortissants français et de tous les pays européens, montrent que le Brexit ne changera pas le désir des voyageurs de venir au Royaume-Uni. Si je regarde plus précisément pour la France, l'envie de venir découvrir la destination a parfois pu chuter légèrement lors des deux dernières années, mais il est difficile de savoir s'il s'agit directement du Brexit ou de la crise sanitaire. Ce qui ressort des études montre que le Brexit n'est pas quelque chose qui diminue ce désir de venir au Royaume-Uni. Et je le rappelle, nous n'avons pas quitté l'Europe, le tunnel garde la même distance qu'auparavant (rires), nous sommes toujours connectés par l'Eurostar et nous aimons les Européens ! Donc nous voulons que les Français viennent. L'autre message à passer, c'est que venir chez nous va rester très facile. Même si le passeport sera obligatoire à partir du 1er octobre, il n'y aura pas besoin de visa pour les touristes qui viennent en vacances. Nous ne pensons donc pas que le Brexit sera un problème sur ces questions. Et c'est notre rôle de rappeler que les voyageurs français seront vraiment les bienvenus.
T.H. : Pour parler du futur, avez-vous vous des événements sur lesquels il faudra compter en 2021 ?
S.B. : Cette année va vraiment être orientée sur la réouverture aux voyageurs. Mais nous avons quelques événements à prévoir. D'abord le G7 en juin, avec quelques-uns des leaders mondiaux qui viendront à Cornwall. Et l'un des plus gros moments à prévoir, plus tard dans l'année, est la COP26, la conférence sur le changement climatique des Nations Unies, prévue à Glasgow en novembre. Le pays a à cœur la question de la durabilité et du changement climatique. Ce sera l'un des premiers gros événements après cette crise de la Covid-19. Nous allons également redémarrer avec d'autres événements d'ici la fin de l'été, des festivals de musiques auront aussi lieu. Mais pour nous, le principal objectif est de rouvrir et d'accueillir les visiteurs avec un gros agenda en 2022. Il y aura le Jubilé d'Elizabeth II, les Jeux du Commonwealth et des gros festivals que nous allons organiser et pour lesquels nous sommes très excités. Il y aura donc, cette année, quelques événements importants, et l'année prochaine encore plus de grandes choses à attendre !
T.H. : Que souhaiter d'autre pour les voyages post-Covid ?
S.B. : Ce que nous souhaitons d'abord, c'est voir revenir les touristes français ! Ça serait génial. Blague à part, nous voulons reconstruire le tourisme. Le gouvernement a supporté l'industrie touristique pendant la crise, ce qui est vraiment très important pour nous. Il faut maintenant préparer l'avenir. Et ce qui est intéressant avec les touristes français, c'est qu'il ne viennent pas seulement en été. Ils aiment aussi venir au printemps ou en automne, ce que nous apprécions beaucoup. C'est quelque chose que nous voulons valoriser. Et nous voulons aussi qu'ils voyagent dans l'ensemble du Royaume-Uni. À ce sujet, nous lancerons une nouvelle campagne, actuellement testée dans le pays, baptisée « Escape the Everyday » (« Échappez au quotidien »). Parce que, ce que nous comprenons, c'est que chacun, chaque jour, devient comme un hamster dans sa roue, faisant encore et encore la même chose avec toutes les restrictions mises en place. Nous voulons donc inspirer les voyageurs avec toutes ces choses à faire et voir pour échapper à cela. Cela devrait démarrer à l'automne prochain, après avoir pu certifier aux voyageurs qu'il est sûr de venir au Royaume-Uni et surtout qu'ils sont les bienvenus.