La décision est tombée hier soir. Donald Trump a décidé de suspendre pour 30 jours l’entrée aux États-Unis pour tout étranger ayant séjourné en Europe. Le coup de trop pour les professionnels du tourisme français déjà fragilisés.
Article mis à jour le 12 mars à 16h30
« J’ai décidé de prendre des actions fortes mais nécessaires pour protéger la santé et le bien-être de tous les Américains. » Lors une allocution très solennelle filmée dans le Bureau ovale de la Maison Blanche, Donald Trump a annoncé la suspension de l’entrée de tout étranger ayant séjourné en Europe pour les 30 prochains jours.
« Pour empêcher de nouveaux cas de pénétrer dans notre pays, je vais suspendre tous les voyages en provenance d'Europe vers les États-Unis pour les 30 prochains jours », a-t-il ajouté, déplorant que l'Union européenne n'ait pas pris « les mêmes précautions ». Cette mesure entrera en vigueur vendredi à minuit, heure de Washington (soit 4h samedi matin, heure GMT).
A noter qu’elle concernera toute personne ayant séjourné dans l’espace Schengen au cours des 14 jours précédant leur arrivée prévue aux États-Unis, à l’exception des Américains et des résidents permanents. Le Royaume-Uni n’est donc pas ciblé par la décision du président américain. Joint par la rédaction, Geoffrey Duval, président de l'office du tourisme des États-Unis, précise néanmoins que « tous les Français arrivés sur place avant le 13 mars 23h59 [heure de Washington, NDLR] peuvent rester aux États-Unis et poursuivent leur voyage normalement. Ils pourront également rentrer sans problème, les compagnies aériennes conservant des rotations entre États-Unis et Europe. »
Quelques semaines de trésorerie pour les pros du tourisme les plus fragiles
Cette interdiction est en tout cas « la pire des nouvelles pour les compagnies aériennes, et c’est la pire des dispositions pour nous », pour René-Marc Chikli, président du Seto, interrogé par l’AFP. « C’est la catastrophe, on se demande ce qu’il nous reste à vendre comme destinations. Au total, entre les voyages à forfait (hébergement + vols) et les prestations sèches (vols principalement), on estime qu’il y a 100 000 clients concernés au niveau des tour-opérateurs sur mars et avril », a-t-il détaillé.
De son côté, Jean-Pierre Mas, président des Entreprises du Voyage, a estimé qu’« entre 300 000 et 400 000 Français doivent voyager aux États-Unis dans les trois prochains mois pour les loisirs ou le travail ». Les professionnels du tourisme seront reçus demain matin par le secrétaire d’État au ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, Jean-Baptiste Lemoyne. « Notre seul objectif va être maintenant de maintenir en vie les entreprises : les plus fragiles n’ont que quelques semaines de trésorerie, les plus solides peut-être six mois », a averti René-Marc Chikli.
En déplacement dans les Hauts-de-Seine jeudi, le ministre de l'Économie Bruno Le Maire a dit « regrett[é]» cette décision d'interdire aux Européens l'entrée sur le territoire états-unien, car elle « va avoir un impact très fort sur le tourisme, un impact très fort sur l'ensemble des compagnies ». Il a ajouté avoir échangé par téléphone avec Benjamin Smith, le directeur général d'Air France-KLM. « Je le recevrai dans les prochaines heures pour que nous étudions avec lui de quelles mesures de soutien il a besoin. »