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Croisière

Que répondre aux détracteurs qui accusent la croisière d’être l’un des plus gros pollueurs du secteur touristique ?


Publié le : 25.07.2023 I Dernière Mise à jour : 26.07.2023
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Auteur

  • Rémi Bain Thouverez

77% de Français déclarent vouloir voyager de façon plus durable*. Il devient indispensable si les professionnels du tourisme souhaitent garder leur client, d’apporter des réponses précises et crédibles

A l’occasion de la publication du rapport développement durable MSC 2022, nous avons interviewer Patrick Pourbaix directeur France MSC Croisières

 

Tour Hebdo : La croisière semble être le bouc émissaire des accusateurs de tout bord concernant leur impact sur l’environnement. Comment expliquez-vous cela ?

Patrick Pourbaix : D’abord, il ne sert à rien de nier l’évidence : bien sûr que nous polluons. Mais nous polluons tous, de façon individuelle ou collective. À chacun de prendre conscience de cette situation et d’agir. L’important ce n’est donc pas de rester sur le constat de la situation actuelle, mais de savoir endosser les responsabilités qui s’imposent à tous. À notre niveau, nous avons engagé un vaste chantier pour réduire nos émissions carbone de 40% en 2030 et atteindre la neutralité en 2050. Je suggère donc aux accusateurs en tout genre de s’en prendre à ceux qui ne font rien et de reconnaître les efforts engagés de ceux qui prennent le problème à bras le corps.

Tour Hebdo : Mais que répondre aux critiques qui prétendent que les engagements chiffrés annoncés ne seront, de toutes les façons, pas atteints ?

Patrick Pourbaix : Je ne peux pas laisser dire ça. Nous avons une feuille de route et non seulement nous sommes en phase avec nos engagements, mais nous avons même 3 ans d’avance sur les objectifs fixés par l’Organisation Maritime Internationale ! je le répète que les personnes qui s’adonnent à la critique attaquent plutôt ceux qui ne font rien !

 

Tour Hebdo : Que dire aussi du sur tourisme ?

Patrice Pourbaix : Là encore, arrêtons les effets d’annonce. Cessons le bashing systématique qui n’aide en rien à résoudre les problèmes. Depuis que la protection de la planète s’impose à tous comme un sujet de préoccupation majeur, nous devons réfléchir collectivement afin de prendre les bonnes mesures. Pour Marseille, nous avons pris contact avec les acteurs locaux pour réfléchir ensemble comment dynamiser leur territoire. Ainsi, nous orientons les flux davantage vers la Camargue ou la Provence et moins en direction du vieux port. Pour Dubrovnik, nous avons engagé un dialogue avec la mairie. À cette suite, la décision fut prise de ne pas faire débarquer plus de 2 bateaux par jour. Nous nous sommes entendus entre nous pour nous organiser et tout se passe bien. Vous voyez, rien n’est inéluctable. Il s’agit de savoir gérer et de mettre en place des directives adaptées.

 

Tour Hebdo : Et pour Venise ?

Patrick Pourbaix : Venise s’enfonce non pas sous l’action des grands bateaux, mais des Vaporettos. Cela dit, il a été décidé de faire débarquer les passagers à proximité à la satisfaction de tous : des touristes et de la population. Comme à chaque fois, tout se révèle être une question d’adaptation. La fragilité de la planète apparaît au grand jour depuis ces récentes dernières années. A nous d’agir résolument. J’aime à dire que nous sommes des Transationnistes hyperactifs.

 

Tour Hebdo : Mais comment concilier le tourisme de masse avec l’environnement ? Faire débarquer des passagers en grand nombre pose problème !

Patrick Pourbaix : Non, ce n’est qu’une question d’organisation. La répartition des flux se fait au fur et à mesure et les touristes d’éparpillent rapidement. L’unique problème à mes yeux reste bien celui de la réduction des émissions carbone.

 

Tour Hebdo : Vous pouvez développer ?

Patrice Pourbaix : Nos derniers navires sont équipés des technologies environnementales les plus récentes comme des systèmes de réduction catalytique sélective sur chacun des moteurs pour réduire jusqu’à 90% les émissions d’oxyde d’azote en les transformant en azote inoffensif et en vapeur d’eau. Les systèmes de nettoyage des gaz d’échappement suppriment jusqu’à 98% des émissions d’oxyde de soufre. À destination avec les bornes électrique, si les ports en sont équipés, plus besoin de faire marcher les moteurs. Mais si nous parvenons à réduire de 25 % nos émissions de gaz à effet de serre avec le GPL qui se présente comme le meilleur carburant marin disponible à grande échelle aujourd’hui, c’est encore une transition avant un GNL bio de synthèse et la montée en puissance de la pile à combustible.

 

Tour Hebdo : Justement, la pile à combustible n’est-elle pas ‘’l’effet d’annonce’’ que vous dénonciez, un peu pour faire passer la pilule, car après tout elle n’apporte que 150 KW !

Patrick Pourbaix : Je vous explique que l’unique vrai problème consiste à lutter contre les émissions de gaz à effet de serre. Dans ce domaine, la pile se montre 30% plus efficace que les combustibles les plus propres. Elle a vocation de monter en puissance, comme c’est le cas sur notre dernier-né l’Explora 1 en couvrant la majeure partie de ses besoins électriques. Enfin, il faut considérer l’ensemble des mesures, qui en s’additionnant, contribuent à réduire sensiblement notre impact environnemental.

 

Tour Hebdo : Comme ?

Patrick Pourbaix : La liste est longue, car il s’agit bien d’une multitude d’actions toutes orientées vers le durable. Je citerais les nouvelles peintures qui parviennent à économiser près de 10% de carburant, les coques et les hélices encore plus hydrodynamiques, les systèmes de traitement des eaux qui nous rendent complètement autonomes, le recyclage des déchets optimisé par le simple fait que nous contrôlons totalement ce qui monte à bord pour ensuite être en capacité de tout retraiter, les éclairages LED partout dans le navire, l’isolation et la récupération de chaleur, les plastiques à usage unique, etc. Cette liste, non exhaustive, vous montre qu’il s’agit bien d’un ensemble d’initiatives qui a vocation de lutter efficacement pour relever le défi écologique avant la totale neutralité en 2050.

 

Tour Hebdo : Avec l’hydrogène ?

Patrick Pourbaix : Avec l’hydrogène ou d’autres innovations. Nous sommes en étroite collaboration avec les ingénieurs des chantiers navals, en particulier ceux des Chantiers de l’Atlantique. Ils nous font des propositions et même si elles sont coûteuses nous les acceptons. Notre groupe reste une entreprise familiale non soumise aux dictats des actionnaires exigeant toujours plus de bénéfice. Nous sommes libres d’investir, si nous estimons que c’est bon pour nos clients et la planète.

 

Tour Hebdo : Comment, selon vous, améliorer l’image de la croisière par rapport à l’ambiance actuelle ?

Patrick Pourbaix : D’abord resituer la croisière dans son contexte. Sur les 60 000 bateaux de la marine marchande, vous avez de par le monde, en tout et pour tout, que 300 navires de croisière. Déjà, vous relativisez. Nous ne nous défaussons pas de nos responsabilités, mais nous ne voulons pas que notre secteur soit un bouc émissaire montré du doigt. Quoi qu’il en soit, nous devons nous adapter, d’où la formule que j’emploie pour nous définir : nous sommes des transitionnistes hyperactif. Le spot télé que nous avons lancé doit pouvoir faire passer les bons messages sur tous ces sujets.

 

Tour Hebdo : Optimiste ?

Patrick Pourbaix : Oui, mais il faut lutter en permanence contre l’ignorance. Je vous donne l’exemple d’un de vos confrères de la presse généraliste que je ne citerais pas, dénonçant le détournement de ressource d’eau potable par nos navires pour en priver les villages de bord de mer. Quelle bêtise ! Nous sommes 100% autonomes par recyclage et désaliénation de l’eau de mer. Ce ne sont pas les prêcheurs écologiques qui font avancer la cause, mais bien les entreprises responsables. Pour ce qui nous concerne, nous sommes dans l’action et nous affichons déjà des résultats significatifs dans la lutte contre le réchauffement climatique. Pour conclure, loin d’être le plus mauvais élève de la classe, je dirais au contraire que la croisière est sans doute le secteur le plus actif pour réduire notre impact environnemental. Voilà le vrai message.

 

*étude Booking juin 2023

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