Le mercredi, c'est permis ! Thierry Beaurepère est de retour pour vous faire part de son humeur du moment. Et cette semaine, il rit jaune face à la tournure que prend le Brexit...
En arrivant à Londres par le train, il suffit de pencher légèrement la tête pour découvrir ce sympathique message de bienvenue : "Bollocks to Brexit" ("Brexit de mes c…" en VF dans le texte) ! Son auteur est le patron d’une entreprise qui dénonce les conséquences de la sortie de la Grande-Bretagne de l’Union européenne. Selon le Centre for European Reform, elle coûterait déjà 500 millions de livres par semaine au pays, une paille...
Verra-t-on bientôt des messages similaires fleurir sur le toit du siège français de Thomas Cook ou les rames de l’Eurostar ? Les équipes de l’office de tourisme d’Irlande à Paris, qui chapeaute aujourd’hui l’Irlande du nord et l’Eire, vont-elles devoir choisir leur camp ? Faudra-t-il ramer pour aller passer un week-end à Brighton ? Au-delà de l’ironie, les questions fusent et les réponses se font attendre ! Au fur et à mesure que se profile un possible Brexit "dur" (sans accord), ses éventuelles conséquences pour le tourisme en général, et le transport en particulier, commencent à alarmer.
Plus d'avions ni d'Eurostar ?
"Il est beaucoup trop risqué de croire que tout ira bien du jour au lendemain. Il ne s’agit pas seulement d’autoriser les vols à décoller et à atterrir. Tout, des licences de pilotes aux dispositions en matière de sécurité, doit faire l’objet d’un accord", déclarait Alexandre de Juniac, le directeur général de l'IATA, en septembre. Pas vraiment rassurant !
Jean-Baptiste Lemoyne enfonçait le clou il y a encore quelques heures. Le secrétaire d’État en charge du tourisme auprès du ministre des Affaires étrangères — qui a réussi à sauver son poste lors du remaniement d’hier — disait qu’il fallait se préparer à toutes les situations. Y compris à ce que les avions soient cloués au sol et les Eurostar bloqués en gare en cas de non accord entre la Grande-Bretagne et l’Union européenne !
La perfide Albion n’a jamais réellement joué le jeu de l'UE
A l’heure où j’écris ses lignes, et en attendant le sommet des chefs d’état spécial "Brexit" qui débute ce soir, Theresa May bataille dur avec ses homologues européens pour éviter que son pays ne vive un nouvel Austerlitz. Les plus anciens se souviendront qu’on nous a déjà fait le coup pour le passage à l’an 2000 et son prétendu bug informatique géant. Au final, il ne s’était rien passé ! Sauf pour Nouvelles Frontières, qui se ruina dans l’installation d’un nouveau système défaillant et finit par se vendre au plus offrant, comprenez TUI. Mais dans le flou, mieux vaut attendre que la tempête passe et éviter de programmer un voyage outre-Manche aux alentours du 29 mars…
En même temps (!), je n’arrive pas à bouder mon plaisir de voir la Grande-Bretagne quitter l’Union européenne. Entendons-nous bien : je n’ai rien contre les Anglais et j’apprécie toujours d’aller à Londres, histoire de constater qu’il n’y a pas qu’à Paris que les trottoirs sont sales ! Mais depuis 45 ans et son intégration à ce qui était alors la CEE, la perfide Albion n’a jamais réellement joué le jeu, obtenant des exceptions et dérogations à tout va, refusant l’euro et l’espace Schengen. Demain, les choses auront le mérite d’être claires. Une fois les secousses apaisées, il faudra toujours montrer son passeport et acheter des pounds pour avoir le plaisir (ou pas) de goûter la jelly anglaise !