"Soyez les premiers à vous replonger dans cette histoire millénaire" : le Français Clio est le seul voyagiste européen d'envergure à reproposer des circuits touristiques en Syrie
A partir d'avril, le tour-opérateur propose un itinéraire de dix jours - avec autocar privé et nuits dans des hôtels - pour découvrir les villes de Damas au sud, de Lattaquié sur la côte nord, et dans l'intérieur du pays les sites de Palmyre, le mythique Crac des Chevaliers ou encore le village chrétien de Maaloula.
"Le succès a été immédiat. Le premier groupe d'une vingtaine de personnes est complet et cinq autres départs sont prévus à l'automne" pour un tarif inférieur à 3.000 euros, indique à l'AFP Jean-Pierre Respaut, directeur général adjoint de Clio, voyagiste spécialisé dans les voyages culturels qui revendique quelque 15.000 clients annuels sur toutes ses destinations. Pour lui, "la situation est plus stable aujourd'hui, dorénavant le pays est en grande partie pacifié et le régime a reconquis la majeure partie de son territoire". Il affirme que tout a été fait pour garantir la sécurité du groupe : "partout où nous proposons d'aller, ce sont des zones sûres. Nous n'allons pas dans des zones non encore totalement pacifiées, comme à Alep ou sur l'Euphrate. A certaines étapes, le groupe sera encadré par la police", détaille M. Respaut.
Mais pour le ministère de l'Europe et des Affaires étrangères, la condamnation est sans appel : "l'agence de voyages Clio expose ses clients à un risque dont elle a pleinement connaissance". "Sa responsabilité sera engagée en cas d'incident. Cela lui a été rappelé à plusieurs reprises par le Centre de crise et de soutien du ministère", a indiqué le Quai d'Orsay dans une déclaration à l'AFP. Il tient également à prévenir que "dans le contexte de la lutte contre le terrorisme, les ressortissants ou résidents français entrés sur le territoire syrien sont susceptibles de faire l'objet d'une enquête en France sur le motif de leur séjour". "La Syrie est un pays en guerre", souligne le quai d'Orsay qui "déconseille formellement tout déplacement, quel qu'en soit le motif et quelle qu'en soit la destination. Le risque d'attentat terroriste et d'enlèvement à des fins politiques ou crapuleuses y est majeur".
"pas un acte militant ou religieux"
Pour M. Respaut, les autorités françaises "sont dans leur rôle. Elles sont prudentes mais elles ne prennent pas les mêmes précautions pour d'autres pays. Il n'y a pas plus de problèmes a priori en Syrie que dans d'autres pays comme le Pakistan, où nous allons aussi", estime-t-il. "On n'est pas là pour donner une bonne image au régime" de Bachar al-Assad, affirme également M. Respaut.
Clio - créée en 1976 par Christian Marquant, par ailleurs fondateur du Mouvement de la jeunesse catholique de France et de l'association Paix Liturgique - s'inscrit avec ce voyage "dans une démarche culturelle. Il n'y a pas d'aspect religieux, ce n'est pas non plus un voyage géopolitique ou un acte militant", se défend M. Respaut.
En France, Clio n'est pas membre du Syndicat des tour-opérateurs, qui ne commente pas son initiative.