A l'instar de ses voisins tunisien et marocain, l'Algérie rêve de se faire une place sur le marché touristique français. La destination et les opérateurs du tourisme multiplient les initiatives.
Entre la démission du président Abdelaziz Bouteflika en avril, la faillite d'Aigle Azur en septembre et l'élection présidentielle en décembre, l'Algérie a connu une année 2019 mouvementée. L'année 2020 apparaît sous de meilleurs auspices et la relance du tourisme est au cœur de toutes les convoitises.
Air France-KLM est d'ores et déjà passé à l'offensive puisque le groupe a annoncé l'ouverture de 17 routes vers l'Algérie au départ de Paris et de province. La compagnie tricolore opèrera jusqu'à 31 nouveaux vols par semaine tandis que sa low cost Transavia offrira 445 000 sièges entre la France et l'Algérie à l'été prochain. Dès le 4 avril, Air France inaugurera les nouvelles lignes annuelles Orly-Alger (jusqu'à 14 vols par semaine), Marseille-Alger (jusqu'à 7 vols par semaine), Toulouse-Alger (jusqu'à 4 vols par semaine) et Toulouse-Oran (jusqu'à 4 vols par semaine). A cela s'ajoute une ligne saisonnière Nice-Alger, avec jusqu'à 2 vols par semaine du 14 juillet au 27 août.
Transavia se met aussi en ordre de bataille, avec l'ouverture, à compter du 4 avril, de 6 destinations au départ d'Orly : Alger, Bejaïa, Constantine, Oran, Sétif et Tlemcen. Cette dernière liaison débutera le 11 avril. Transavia ouvrira également Bejaïa, Constantine, Oran au départ de Lyon ainsi que Alger, Constantine et Oran au départ de Montpellier. Les fréquences de la ligne Lyon-Alger seront quant à elle triplées, passant à 6 vols par semaine, tandis que les lignes au départ de Nantes vers Alger et Oran seront reconduites.
"L'ouverture de ces lignes est permise par la redistribution des droits de trafic dont Aigle Azur disposait précédemment", commente-t-on chez Air France. "Cela nous permet de compléter notre offre déjà importante vers l'Algérie et d'ajouter des dessertes depuis Nice, Montpellier et Toulouse." Même chose chez Transavia qui attribue les développements à Paris et à Lyon à l'attribution des droits de trafic d'Aigle Azur. Ce déploiement est en tout cas bien accueilli par les opérateurs spécialistes de l'Algérie. "C'est un signal fort et réconfortant", lance Sylvain Philip, directeur de Détours Algérie.
Objectif : 5 millions de touristes en Algérie
Le positionnement d'Air France fait écho à la politique algérienne menée pour favoriser le tourisme dans le pays. Le gouvernement vient d'adopter le "Plan destination Algérie", sa nouvelle orientation pour relancer le tourisme du pays. Une stratégie qui s'organise en trois axes, à commencer par un soutien aux agences de voyages locales. Le gouvernement souhaite ensuite favoriser l'ouverture de vols charters et faciliter les procédures d'obtention de visa pour les touristes étrangers. L'Algérie vise notamment les clientèles chinoise et nord-américaine. Objectif : 5 millions de touristes d'ici 2025, contre environ 2 millions de touristes en 2018.
Dans le même temps, le gouvernement algérien souffle le froid : les autorités ont imposé une augmentation du prix du visa pour les ressortissants européens qui souhaitent rester plus de 30 jours. "C'est justifié car les autorités algériennes appliquent la réciprocité suite à l'augmentation des frais de visa par les consulats français en Algérie", plaide Amine Lagoune, gérant du réceptif Algérie Tours. "Cette augmentation va avoir un impact psychologique et dissuasif sur la reprise du tourisme en Algérie", regrette pour sa part Sylvain Philip.
Pour Kévin Girard, directeur de Point Voyages, ce n'est pas tant le coût du visa qui pose problème mais ses conditions d'obtention : "Il s'agit d'un parcours du combattant et d'un moment très anxiogène pour certains clients qui n'ont obtenu leur visa que la veille du départ alors que les démarches avaient été entamées 2 mois avant." Pourtant, Kévin Girard veut y croire : "L'Algérie a tout pour réussir : des paysages fabuleux, un patrimoine incroyable, un littoral méditerranéen, des montagnes, du soleil et l'accueil chaleureux des Algériens."