Pas d'annulation de séjours, mais l'OT de La Réunion reste silencieux après le drame d'hier : Sarah, 15 ans, tuée par un requin.
Une adolescente de 15 ans a été tuée par un requin lundi à 14h15 heure locale (12h15 à Paris) sur l'île de La Réunion. L’attaque a eu lieu dans la baie de Saint-Paul près du cimetière marin. La jeune Sarah nageait "près du bord, entre trois et cinq mètres" selon Gina Hoarau, responsable de la sécurité publique de la région, jointe par l’AFP.
"On ne pensait pas qu'un requin pouvait venir si près de la côte"
L’adolescente vivait en métropole le reste de l’année et était en vacances à La Réunion chez son père qui dirige un club nautique situé près du lieu du tragique événement.
Ce drame vient s’ajouter à celui du 8 mai qui avait coûté la vie à un Français de 36 ans. Ce dernier, en voyage de noces à Saint-Gilles (sur la même côte Ouest) avait succombé aux morsures du requin. Il avait été attaqué sous les yeux de son épouse alors qu’il faisait du bodyboard à Roches-Noires.
Aujourd’hui, public, médias, autorités et professionnels du tourisme s’interrogent : la mort terrible de cette jeune fille aurait-elle pu être évitée ? C’est la première fois sur l’île qu’un baigneur décède sous les morsures d’un squale. Jusqu’à aujourd’hui, ce n’était l’affaire que des sportifs nautiques et notamment des surfeurs.
Néanmoins, le 5 juillet, dans un communiqué repris par Réunion 1ère, le préfet de l’île, Jean-Luc Marx recommandait "la plus grande vigilance aux usagers de la mer" face à la recrudescence du nombre d’observation de requins. En effet, selon le centre régional opérationnel de surveillance et de sauvetage (CROSS) de La Réunion, depuis l’attaque du 8 mai, huit squales ont été signalés contre trois ou quatre habituellement.
Dans cette zone, la baignade était interdite
Dans ce communiqué, les dispositifs de prévention et de surveillance sur les plages surveillées (signalétique des drapeaux pour la météo ou spécifique au risque de requins) ainsi que des consignes de prudence "avant de se mettre à l’eau" avaient été rappelées. Mais la jeune Sarah (accompagnée d’une autre jeune fille sortie de l’eau juste à temps) se baignait sur une zone non surveillée, assez abrupte. "Un panneau "baignade interdite" est normalement présent sur le site mais il est souvent arraché" a confié Jean-Luc Marx à la presse locale.
"Bien sûr les clients sur place nous ont tous téléphoné pour avoir des informations. Mais jusqu’à présent nous n’avons eu aucune annulation", déclare Pierre Cosentino, directeur de Nautil, un spécialiste de l’océan Indien. Il reproche à la presse de faire du sensationnalisme et de causer du tort à l’image de l’île : "À la Réunion, ce n’est pas les "Dents de la Mer". Oui il y a des requins, ce n’est pas nouveau, mais la zone en question était interdite justement pour cette raison. Les touristes qui viennent pour se détendre vont se baigner dans les lagons surveillés et sûrs".
Les moustiques causent 80 000 fois plus de morts que les requins
En attendant d’éclaircir toutes les zones d’ombres, Jean-Luc Marx autorise les pêcheurs à chasser les requins dans la zone. Une mesure déjà dénoncée par les défenseurs des requins et autres associations qui luttent pour la protection des animaux.
À commencer par Robert Calcagno. Le directeur de l’Institut océanographique Fondation Albert Ier affirme dans son dernier livre Requins, au-delà du malentendu que chaque année, lorsque les attaques de requins causent moins de 10 morts, les moustiques en provoquent 800 000.
Cette deuxième attaque a pourtant de quoi inquiéter l’office de Tourisme de La Réunion qui reste silencieux après cette nouvelle attaque. Si la destination a réalisé une très bonne année touristique en 2011, elle a enregistré des scores de fréquentations en baisse l'an dernier.
Gwénaëlle Fliti